𝟸𝟿 - 𝙻𝚎𝚜 𝚟𝚛𝚊𝚒𝚜 𝚑𝚘𝚖𝚖𝚎𝚜 (𝟸)

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𝐓𝐢𝐭𝐚̀𝐧.

Plusieurs secondes filent durant lesquelles l'un des hommes que je respecte le plus me dévisage sans piper mot. J'ai soudain peur de ce à quoi il pense. Une angoisse presque insoutenable m'écrase le thorax jusqu'à m'empêcher d'inspirer. Pourtant, même en apnée, je respire ses doutes, son hésitation à, peut-être, me filer un conseil qui me sortirait du marécage dans lequel je suis embourbé. Si Big G n'est pas n'importe qui pour moi, je n'oublie pas qu'il est surtout le grand-père de Rose. Mon emmerdeuse est son sang, sa relève, ses espoirs.

Une Dark qui a pris toute la place en plus de sa place.

Depuis son retour à Canyon Lake, il observait de loin ce qu'il se passait entre elle et moi. Quand Winny a eu la bonne idée de cafter à Rose le SMS que j'avais envoyé à Jude à propos de l'abolition de la Triade, Gary était là. La déception peinte entre ses rides lorsque je suis allé lui parler, malgré l'avertissement de Sawyer, me hantera encore longtemps. Elle est nichée dans ma poitrine avec toutes ses copines qui vivent en moi leur meilleure vie : Maladresses, Erreurs, Douleurs et Bavures.

— Parle-lui avec ton cœur, formule-t-il finalement en rompant le silence. Tu as le droit de mettre de côté ton cuir pendant quelques minutes, personne ne t'en tiendra rigueur.

Un rire nasal amer me prend.

— C'est pas comme ça que vous m'avez éduqué, Big G. « Le clan avant tout ». « Ne pas se laisser détourner de nos obligations ». « Une tête réfléchie vaut mieux qu'un cœur impulsif ». Ça te dit quelque chose ?

— Je connais nos mots et la dernière doctrine est celle de ton père, rétorque-t-il toujours avec le même calme qui m'ébranle, mais je ne comprends pas pourquoi tu les associes à Rose.

Sérieusement ?

Je tourne sur moi-même puis me fige quand son regard harponne le mien. Il est sérieux. Aucune envie d'ouvrir cette discussion maintenant.

— On a déjà parlé Gary, tu sais tout ce qui s'est dit à la chapelle. Et je crois que Canyon Lake Valley n'a jamais eu autant d'yeux et d'oreilles que depuis que Rose est dans l'équation, ironisé-je.

— Vous vous parlez sans vous comprendre.

— Avant, ouais, confessé-je dans ma paume, mais plus maintenant. On s'est compris.

Je ne suis pas sûr que ce soit mieux qu'avant.

« Tu es libre et je le suis tout autant ».

Connerie ! Rien n'a jamais été aussi faux. Je suis enchaîné à elle.

— Tout va bien ici ?

La voix grave de mon père me crispe. À son bras, sur le seuil de la porte, ma mère s'en rend compte. Elle m'adresse le sourire le plus doux qu'elle a en stock puis déclare :

— Tu es ici depuis plus de vingt minutes.

— J'ai passé l'âge d'être surveillé, maman. Je croyais que les choses étaient claires à ce sujet.

— Tu veux en parler ? m'interroge-t-elle en ignorant ma remarque.

Je recule d'un pas, fourrage mes cheveux et me retiens de leur crier que putain ! il faut vraiment qu'ils envisagent de respecter mon intimité. Ils l'ont déjà souillée pour le restant de mes jours en espionnant Rose et donc, en étant au fait de notre connivence, nos parenthèses, ma venue à Paris. Je me réconforte un peu en me disant qu'ils ont bien dû baliser... Leur SMS en se faisant passer pour Ashton avait fonctionné pour l'éloigner après notre premier corps à corps, et voilà que je me pointe sur son palier.

SAUVAGES | En pause jusqu'au 6 octobre 2024Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz