CHAPITRE II

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Taxi ! »

     D'un temps record il vira près de ma semelle. Je reculai de deux pas pour plus de précautions.—Qu'est-ce que vous croyez, je n'avais point envie d'avoir les pieds en charpie moi !

     « Air France 1, formulai au chauffeur tandis qu'il descendit de son véhicule. »

     « Mille cinq cent franc, avec la valise. »Articula-t-il.

    Je regardai autour de moi pour être sûr qu'il s'adressait vraiment à moi.

    « Quelle valise ? »

    Il indexa mon sac à dos qui pesait des tonnes. Sur le coup, un sentiment de colère me parcourut.

    « Vous faites exprès, c'est ça ? ( je fronçai les sourcils) Mon vieux, grommelai-je, je suis  pas un gaou Je vous file trois cent franc si vous êtes d'accord. »

     Il me fixa de ses yeux rougeâtres, les lèvres d'un noir carbonate. Il jeta son mégot sous sa semelle. Je me posai la question à savoir comment pouvait-il supporter cette chaleur en fumant. Il étancha son front d'une petite serviette qu'il sortit de sa poche. Sur son chapeau, on pouvait percevoir un crâne qui donnait un effet pirate.

     « Fils t'es choco pour ça hein ! »

     A ses propos il vit que je n'étais d'humeur taquin.

     « D'accord, monte. »

     Il me proposa de mettre mon sac de voyages qu'il n'arrêta de traiter de valise dans le coffre mais je me contentai d'un simple "non", et alors que je me saisissait du poignet de la portière, une inconnue hurla : « Mon fils, ton téléphone ! »

     Merde !

     Je fis volte-face et j'avais le téléphone presque dans ma bouge ; elle me le tendit gracieusement. C'était une vendeuse d'orange ambulante, un peu courte, quadragénaire, gréseuse tout le long de sa face, Sûrement l'effet de ce temps qui n'était ami de personne.

     Le téléphone n'était pas ma propriété. Jusque là, j'avais le mien dans ma main. Et celui qu'on me tenait semblait souffrir d'effet de temps et de chute.

     « Merci Madame, mais...! »

     « C'est le mien !  M'interrompit le chauffeur accompagné de trois dame ou peut-être des demoiselles, avec des valises qu'il rangea dans le coffre. À quel moment avait-il déniché ces dernières ?  Quelle sotte réflexion tu dis là, me gronda moi-même, on est à la sortir de la gare routière ! Le chauffeur prit son smarphone dans la main de la vendeuse, l'empocha, et se rendit bien compte que cette vielle mamie n'allait se contenter d'œuvre de charité et passer son chemin. Cette dernière d'une main tremblante exposa un sachet transparent contenant des tranchées de deux oranges.

    « Tu m'en achète M. le taximètre, t'en fais pas, elle sont bien sucrées mes oranges. »

    Le chauffeur hésita, mais il ne put s'empêcher de remettre entre les mains de cette bonne dame une pièce de deux cent franc en prenant la marchandise.

« Garde la monnaie, la vielle. Dit-il en ouvrant la portière.

    «Merci mon fils ! »

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