Chapitre 6

120 53 1
                                    

Sortant d'un violent cauchemar, Elhéa se réveilla complètement essoufflée comme si elle venait de faire la plus longue course de sa vie. Elle avait pris sommeil vers treize heures après avoir reçu la visite d'un médecin et des infirmières qui semblaient sortir tout droit du ciel. Ils étaient si bienveillants avec elle qu'elle trouva cela bizarre, elle n'était point habituée à recevoir tant d'attentions.

Elle sonda la chambre dans laquelle elle était attentivement pour finir par se rendre compte qu'elle était à nouveau dans une chambre d'hôpital. Elle laissa couler de chaudes larmes , tant qu'elle se sentait impuissante et honteuse.

Elle eut la sensation d'un grand vide en elle, comme si on lui avait arraché quelque chose de son être. Elle ferma les yeux pour essayer d'effacer ce cauchemar de ses pensées,car ce dernier paraissait vouloir les posséder. Elle était en réalité pétrifiée de peur, une peur qu'elle ne saurait expliquer.

Si cela n'était qu'un rêve ? Ne serait-il pas possible que ses pensées divaguent au point où elle pourrait croire qu'elle avait pu fuir des griffes d'Aser? Un roi, même dans ses rêves les plus fous, elle n'aurait pu espérer rencontrer un.

Tandis qu'elle y songeait toujours, le concerné fit son apparition dans sa chambre, provoquant son étonnement.

— Bonjour Elhéa, dit-il d'une voix profonde.

— Bonjour , répondit-elle aussi tôt.

— Comment vous sentez-vous ? Lui demande-t-il en prenant place sur un siège près de son lit.

— J'ignore ce que je dois répondre à cette question. Je crois qu'il n'y a que du vide en moi .

— Cela vous mettra-t-il mal à l'aise si je vous demande de me faire savoir ce qu'il s'est produit hier ?

— Je crains de ne pas avoir assez confiance en vous pour oser me livrer à vous. Qui sait si vous ne vous retournerez point contre moi ?

— Pensez-vous réellement que j'ai un quelconque désire de vous faire du mal ? Si c'était mon intention, je vous aurais laissé périr dans cette salle de bain dans laquelle vous étiez sur le point de respirer votre dernière bouffée d'air. Je ne vous aurais pas conduite à l'hôpital royal, mademoiselle.

 — Vous êtes véritablement un souverain ?

— Je vous ai pourtant laissé voir une petite partie de ma demeure avec les tableaux de familles qui attestent de ma royauté. Mais, de quoi avez-vous si peur ?

— De tout le monde, de ce monde, s'empressa-t-elle de répondre alors que des larmes voilaient déjà sa vue encore.

— Je ne peux vous aider si vous ne me parlez guère, Elhéa. Je ne vous demande point de me raconter l'histoire de votre vie du début jusqu'à nos jours, mais de me dire simplement ce qu'il s'est passé cette nuit où vous avez agrippé mes vêtements en me suppliant de vous protéger, puis ce qu'il s'est produit dans cette salle de bain. Simplement, cela.

— Ce n'est néanmoins pas simple, dit-elle en ravalant ses larmes. Ce n'est absolument pas facile de vous raconter ce que vous souhaitez connaître. Par ailleurs, je reconnais que vous m'avez sauvé déjà à plusieurs reprises sans même me connaître, je ne puis donc continuer à me taire.

— Je ne veux point que vous ayez l'impression que j'exerce une pression sur vous. Je veux simplement des réponses aux questions qui me submergent.

— Je comprends. C'est pourquoi je vais répondre à ces dernières autant que je le pourrai.

 — Vous avez toute mon attention, mademoiselle.

— Ce soir-là, je me suis échappé d'une clinique dans laquelle on a effectué un avortement sur moi, sans mon consentement, expliqua-t-il rapidement avant de ne pas pouvoir parler convenablement à cause de ses larmes qui menaçaient de voiler sa voix.

— C'est totalement inhumain et illégal ! S'offusqua-t-il, alors que son regard exprimait une vive colère.

— J'ai été, jusqu'à cette nuit-là, la proie d'un psychopathe qui fit de ma vie un épouvantable cauchemar. C'est lui qui a demandé à ce que cela se fasse.

— C'est votre époux ?

— Non, nous n'avons jamais été unis par les liens du mariage. C'est tout simplement la pire erreur de toute ma vie.

— Est-ce lui qui vous a blessé à la tête ?

— Je me suis évanouie sous ses yeux, il n'a pas pris la peine de me rattraper selon les dires de son très cher ami, le médecin qui a endommagé mon utérus, c'est pourquoi j'ai perdu tant de sang.

— Que voulez-vous dire lorsque vous dites qu'il a détruit votre utérus ?

— Je ne pourrai plus jamais avoir d'enfants, selon le médecin de ce service. En effet, il a vraisemblablement effectué un curetage pour enlever des restes du bébé dans les parois de mon utérus afin d'éliminer tout tissu embryonnaire qui pourrait être resté . Mais, il l'a effectué en faisant preuve d'une grande violence.

— Je suis terriblement navré que vous ayez à vivre de telles horreurs Elhéa. J'ose seulement croire que vous retrouverez le moyen d'avancer malgré les atrocités qui vous sont arrivées. Vous ne méritez pas cela, nul n'avait le droit de vous retirer cet enfant sans votre consentement.

— Pour être honnête, je pense que je préfère que cet enfant ne soit pas là. Parce que j'ignore avec quel courage j'allais pouvoir lui dire que son géniteur est le pire homme que j'aie rencontré de toute ma vie et qu'il n'était en vérité pas désiré.

— Vous ne devriez pas penser ainsi. Maintenant, les conséquences sont irrémédiables sur vous.

— Je ne pense pas que je mérite d'être une mère de toute façon. Je n'ai jamais mené une vie digne d'acclamations.

— Je suis certain que vos choix auraient pou être autre si vous aviez eu la possibilité d'en faire d'autres. Ne soyez pas si dure avec vous-même.

— Je ne suis plus rien, je regrette de ne pas avoir trépassée dans cette salle de bain , dit-elle alors que ses pleurs résonnèrent dans la pièce. Vous auriez peut-être dû me laisser respirer ma dernière bouffée d'air.

— Vos mots relèvent d'un terrible désespoir. Je sais que les miens ne sauraient effacer votre sombre passé. En revanche, je tiens à ce que vous sachiez que désormais, vous avez quelqu'un sur qui vous pouvez compter, déclare-t-il en posant précautionneusement une main sur sa tête.

Elle se retourna pour faire face à son regard empreint d'une promesse solennelle.

— Prenez un nouveau départ dans mon pays, Elhéa. Vous n'avez plus à retourner sur les lieux qui regorgent vos pires souvenirs. Je refuse que vous soyez à nouveau la proie de cet homme !

— Il n'y a pas d'espoir pour une personne aussi vile que moi, déclare-t-elle alors que ses larmes coulaient à flots.

— Je vais être un fardeau pour vous, cela ne sert à rien que je reste ici.

— Vous ne l'êtes pas, je vous protège comme vous me l'avez demandé. Si je vous laisse retourner chez vous et que vous redevenez la proie de cet homme, je ne pourrai jamais me le pardonner.

— Ce ne sera pas votre faute, c'est moi qui partirai de mon plein gré.

— Je refuse Elhéa, réplique-t-il catégoriquement en sortant de la pièce.

𝗠𝗜𝗘𝗟 & 𝗙𝗜𝗘𝗟Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz