Chapitre 14 - Lune de sang

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Sois proche de tes amis, et encore plus de tes ennemis, lui souffla sa Mère. Sur l'Astral, il n'y a pas d'ennemis, se rappela Moody. Elle déchira le mot d'Ashkore par frustration. Pourquoi n'y a-t-il pas d'ennemis là-bas ? questionna-t-elle. Parce que vous êtes mes enfants, répondit Lune d'un ton évasif. Un soupir échappa à la lunienne qui se laissa tomber lourdement sur son matelas. Tout n'était qu'un jeu malsain imposé par son ennemi. Ame-sœur. Son regard se posa à nouveau sur le coffin que lui avait remis Shiro. Elle se pencha pour attraper la bague et l'observer sous toutes ses coutures. Qu'avait-il pu y glisser dedans ? Le liquide semblait tout aussi rouge que la pierre. A ce moment-ci, elle s'en voulait de ne pas être plus curieuse concernant les sciences de l'Absynthe. Moody remit la bague en place puis referma la petite boîte qu'elle posa sur son ventre en s'allongeant sur ses draps frais, fixant le plafond d'un air absent. Demain, peut-être, demandera-t-elle à Ezarel de vérifier ce qui composait son rubis. Ce soir elle n'avait envie de voir personne, encore oppressée par les précédents événements. Par la surprotection de Nevra. Par les excès de colère de Lance. Par l'incompréhension de l'attitude d'Ashkore. Elle ferma les paupières. Il fallait qu'elle prenne sur elle pour ne pas faillir à sa mission. Se reposer, prendre du recul et ne pas se laisser affecter par les émotions d'autrui.

L'odeur fraîche de Lance embauma sa chambre, elle soupira en rouvrant les paupières. L'agacement s'empara tout de suite de son humeur. Pourquoi ne pouvait-on pas la laisser en paix rien qu'une soirée ? Pourquoi fallait-il absolument que tout soit réglé maintenant et tout de suite ? Elle n'était pas ouverte à la discussion et encore moins à l'interrogatoire que lui imposerait l'Étincelant. Ce n'était pas le moment. Moody cacha le coffin sous son oreiller avant de se rasseoir au bord de son lit. Son regard se baissa vers l'ombre sous la porte, il attendait. Elle n'avait pas à entendre sa voix pour imaginer l'ordre qu'il lui imposait. Mais elle avait un avantage considérable : faire ce qu'elle voulait. S'il pénétrait dans la pièce sans son autorisation, il s'attirerait les foudres d'Oth et mettrait en péril leur mission. Un sourire mauvais ourla ses lèvres, croisant les bras sous sa poitrine. Elle profiterait de cet avantage comme bon lui semblait, c'était à elle de choisir et de définir sa disponibilité. Et puis quoi de plus divertissant que de mettre à rude épreuve la patience de l'homme qui l'agace le plus ? La demoiselle se mit sur pied et leva son majeur vers la porte avant de tirer la langue avec insolence. Elle fit claquer bruyamment ses talons en direction de son bain chaud. N'avait-elle pas le droit à la détente ?

Moody prit un temps considérable pour sa toilette. Elle lava soigneusement chaque mèche de cheveux avant de les rincer, gomma chaque partie de son corps pour enlever les peaux mortes. Elle enveloppa son corps voluptueux dans une serviette, se sécha et s'installa nue sur le rebord de son bain pour étaler de la crème sur l'entièreté de son corps. Depuis combien de temps n'avait-elle pas pensé à son bien-être ? La lunienne cacha ses formes dans un peignoir et se dirigea vers sa coiffeuse pour peigner sa longue chevelure, le regard fixé sur l'ombre sous la porte. Il avait serré les poings, signe de son impatience. Elle ricana intérieurement. Lorsqu'elle eut fini son petit jeu sournois, elle daigna enfin lui accorder l'attention qu'il souhaitait. Moody se dirigea vers sa commode près de la porte, en tira un tiroir pour prendre une gorgée de l'élixir concocté par Ezarel avant de s'exclamer :

« Oh ! Vous êtes là ! Par la Lune, je ne vous avais pas entendu. » ironisa la lunienne.

Un sourire malicieux étira ses lèvres quand elle entendit un faible grognement derrière la porte. La lunienne retira le loquet et fit coulisser le panneau en bois pour découvrir l'Étincelant au regard assassin. Le sourire de la jeune femme s'effaça aussitôt quand il se pencha vers elle. Il était bien trop proche, rompant toute distance sociale raisonnable Elle sursauta et eut un mouvement de recul lorsque son nez heurta le sien. Il souffla d'une voix menaçante :

𝕷𝖆 𝕱𝖆𝖈𝖊 𝕮𝖆𝖈𝖍𝖊́𝖊 𝖉𝖊 𝖑𝖆 𝕷𝖚𝖓𝖊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant