24H (Réécriture)

Chapitre 8

"Je m'y suis pris de la mauvaise manière avec toi, excuse moi." dit Harry après nous avoir assis à une petite table au soleil, glace à la main.

Je fronce un peu les sourcils et léchant ma glace à la framboise. "Manière ? Comment ça ?"

Il expire un souffle un peu gêné. Tiens, Harry géné ? "Je pensais que ce serait une bonne idée de te proposer de jouer à ce jeu. Tu as toujours l'air de t'ennuyer, comme si tu attendais que quelque chose te pousse à vivre."

Sa réponse me prend au dépourvu, c'est de ça que j'ai l'air ? Le pire c'est que je ne suis même pas capable d'affirmer que c'est faux, il a peut-être raison.

"Je me suis dis, je vais la faire rigoler une journée, l'emmener dans des supers endroits comme je le ferai pour ma copine et lui montrer ce que c'est de vivre." continue Harry.

"J'ai vraiment l'air si morose ?" je demande, un peu dépitée de l'image que je renvoie.

Il me sourit. "Non, tu as l'air de t'ennuyer constamment, comme si rien autour de toi ne faisait battre ton coeur." il pointe son index vers ma poitrine.

Je rigole amèrement devant ses explications plus que déroutantes. C'est très honorable de sa part de se soucier de moi, mais je me sens plutôt mal à l'aise de savoir qu'il prend mon train de vie en pitié.

Je ne me suis jamais demandé si j'étais heureuse. Mais je n'ai pas l'impression d'être particulièrement malheureuse non plus. Je ne me suis jamais vraiment posé de question sur moi-même. De toute façon, ce n'est pas au glacier de la ville qu'il est temps de commencer une introspection.

"Et c'est toi et ton petit jeu qui m'aurait sauvé ?" je demande ironiquement.

"Peut-être pas, mais ça pourrai t'amuser et je donnerai cher pour voir un sourire sincère sur tes lèvres."

Sa phrase est un peu triste quand on y réfléchit bien, mais je passe au dessus.

C'est vrai que ça pourrait bien m'amuser il a raison. Mais faire semblant d'être en couple juste pour rigoler c'est un peu bizarre, non ? Il pourrait simplement se comporter comme un ami, le but serait atteint.

"J'ai un peu l'impression que tu me prends en pitié et que tu fais de la charité. Ce n'est pas très agréable comme sensation." dis-je et il semble un peu gêné de ma phrase, peut-être ne l'a-t-il jamais vu comme ça. "Mais merci, c'est gentil."

Il ne répond rien et je mange ma glace dans un silence un peu tendu, j'évite de le fixer, préférant poser mon regard vers la table d'à côté. Elle est vide, seules quelques pigeons au sol mangent les restes de miettes au sol.

"Si tu changes d'avis, ma proposition tiendra toujours." mes yeux pleins de surprise se jettent à nouveau sur son visage.

Je m'apprête à répondre mais mon téléphone sonne de la sonnerie particulière que j'ai attribuée aux membres de ma famille. C'est louise qui m'envoie un message et c'est extrêmement rare de sa part. Mes petites sœurs n'ont pas de téléphone moderne, juste quelque chose qui leur permet d'envoyer un message ou d'appeler si elles ont un problème. Alors je suis immédiatement alertée. Mon attention envers Harry s'évapore et je fixe mon écran.

-Maman et papa se disputent encore,

ils sont en train de casser des trucs.

On va dormir chez des copines avec Alice,

essaye de faire pareil.-

Je soupire en imaginant très bien la situation. Ce n'est pas la première fois que ce genre de scène arrive chez moi, quand une dispute explose entre nos deux parents c'est le chaos absolu et nous -leurs enfants- n'existons plus. Il vaut mieux ne pas rester dans les parages quand ça arrive, au risque de se prendre un éclat de verre ou des insultes à la volée, parce que l'un a décidé de se défouler sur nous.

Cette situation me pèse de plus en plus, j'ai l'impression d'être une étrangère à la maison, de constamment marcher sur des œufs. Je ne sais pas pourquoi ils ne divorcent pas, ils refusent de me parler de leurs affaires, comme si j'avais douze ans comme mes sœurs.

Harry remarque ma soudaine absence et surtout mon air inconfortable face au message.

"Tout va bien ?"

Je relève les yeux vers lui sortant enfin de ma bulle de désespoir familial. Quel merdier, il ne faut pas que j'y pense trop sinon je deviens complètement folle.

J'acquiesce n'aimant pas étaler mes problèmes familiaux. "Oui oui. Je ne peux juste pas dormir chez moi ce soir. Tu pourrais me déposer chez Maho ce soir ?" Je sais que Maho me sauvera de cette situation un peu délicate pour ce soir. Même si je ne lui raconte jamais vraiment ce qu'il se passe chez moi, elle est toujours prête à m'aider.

Harry et Maho vivent un peu écartés du centre de la ville, là où les grandes maisons, aux jardins immenses, se succèdent. Les genre de rue recouvert d'arbres et de portails impressionnant, renfermant derrière eux presque des manoirs. Leur rue est très ancienne et les maisons en briques cachées derrière les énormes haies ont beaucoup de charme. Je rêve d'y vivre.

"Bien sûr, tu veux passer récupérer des affaires chez toi d'abord ?"

J'apprécie le fait qu'il ne me pose pas de questions intrusives. Et je suis également reconnaissante de son aide. Je commence à me dire qu'Harry est une meilleure personne que ce que je m'étais toujours imaginé, j'espère ne pas me tromper.