Chapitre 7

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Le fiacre s'arrêta. Je jetai un coup d'œil par la vitre en étirant le rideau. Nous étions arrivés dans la ville. Les volets des maisons étaient fermés et plus personne ne circulait dans les rues. Aucun garde n'avait intercepté la voiture. Ulysse n'était pas seulement audacieux mais également chanceux.

Je m'éclipsai dans une ruelle pour rejoindre ma maison. L'air était frais et le ciel dégagé. La lune guidait mon chemin en répandant sa lumière bleutée. Je passai le portail et entrai dans ma demeure. Je me hâtai de rejoindre mes appartements sur la pointe des pieds. Il ne fallait pas que ma mère me voie avec cette robe. Je descendis les escaliers et retrouvai Frida occupé à coudre comme à son habitude.

— Tu n'es pas couchée ?

— Votre mère n'a pas arrêté de vous appeler.

Je restai interdite.

— Elle s'inquiète pour moi à présent ?

A l'instant où elle releva la tête, je remarquai une balafre sur le coté gauche de son visage.

— Elle est dans ses mauvais jours.

Mon cœur loupa un battement. Je portai ma main à ma bouche et me précipitai vers elle.

— Oh seigneur, Frida ! pardonne-moi !

— Je vais bien, ne vous en faites pas, dit-elle en interceptant ma main avant qu'elle ne touche sa peau noire. Vous connaissez, madame votre mère, elle n'aime pas quand quelque chose lui résiste.

Je déglutis. La veille, je lui avais raconté ma mission, mon infiltration à la cour le temps d'une soirée et lui avais fait promettre de ne rien dire à ma mère. Mais j'ignorais que cette dernière irait aussi loin.

— Dis-lui que je suis en compagnie de Pierre-Jean la fois prochaine. Je m'en excuse, Frida.

Je posai ma main sur la sienne et tentai de capter son regard en baissant la tête. Elle sourit.

— Alors, comment était votre soirée, mademoiselle ?

Je lâchai un soupire en dégrafant mon juste au corps.

— Plus compliquée que ce que je pensais. Je n'ai pas fait ce que je m'étais fixé. Je dois rendre cette toilette à ma cousine et lui dire que cette mission était un peu trop ambitieuse.

Elle posa son travail et vint m'aider à retirer les épingles de mon corsage et dénouer mon corset.

— Que deviez-vous faire exactement ?

— Me mêler à la cour, créer des alliances, des commérages dans le but de salir le vicomte. Ma cousine voulait que je me comporte comme eux, que je parle la même langue mais je ne sais pas mentir, articulai-je, maussade.

Elle défie les derniers lacets et ma poitrine se libera, m'offrant l'air à mes poumons.

— Elle vous a conseillé de demander la charité ?

Je haussai les épaules.

La robe retomba sur le sol, laissant mon corps vêtu de ma chemise longue légère. J'enjambai mon jupon, enfin libéré de tous ces artifices. Elle enserra mon bras et ancra ses prunelles noiraudes aux miennes. Sa ride du lion se creusa et sa poitrine se mouva à un rythme plus rapide.

— Nous n'avons besoin de personne, mademoiselle Athénaïs. Je vous en prie, ne suivez pas les idées de votre mère ou de votre cousine qui elle-même ne sait pas ce que nous vivons. Que connaissent-ils ces gens-là de nos souffrances et de nos valeurs ? ici, nous sommes bien plus riches qu'eux, fit-elle en tapotant sur son cœur.

Le secret du lysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant