Chapitre 9

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— Alors racontez-moi ! Je veux tout savoir, questionna ma cousine en s'asseyant sur son fauteuil.

Elle m'indiqua de prendre place en face d'elle puis s'empara de la tasse de thé que sa domestique lui avait déposé. Un feu crépitait dans une cheminée aux moulures grecques. Je rabattis mon châle sur mes épaules, puis frottai mes mains engourdies par le froid matinal afin de les réchauffer.

J'étais venue lui rapporter sa robe et la remercier chaleureusement de m'avoir aidée. Je ne lui avais encore rien dit sur Ulysse ni même avoué que je n'avais rien accompli durant cette soirée.

— Je regrette, ma cousine, je crains de n'avoir rien fait de ce que vous espériez de moi. Je n'ai pas osé me mêler aux gens.

Elle but une gorgée puis après un rapide coup d'œil dans ma direction sans même bouger la tête, elle replaça sa tasse sur la table en marbre.

— Au moins vous avez eu l'audace de vous y rendre et de vous faire remarquer, dit-elle en haussant les épaules. Vous ferez mieux la fois prochaine.

Sa réaction me surprit. Moi qui pensais qu'elle allait me disputer, finalement, elle me connaissait bien mieux que je ne l'aurais cru.

— J'ai rencontré quelqu'un cela dit, intervins-je.

Elle fit la moue.

— Vraiment ? Qui donc ?

— Un valet. Il s'est infiltré au bal pour jouir des avantages réservés aux membres.

Un sourire se forgea sur mon visage sans que je ne m'en rende compte. Elle ouvrit la bouche puis plaça une main sur sa poitrine qui tressauta d'amusement.

— Diantre ! Voilà une situation des plus cocasses ! Comment s'appelle-t-il ? C'est un valet d'écurie ? de chambre ? de pied ? Comme c'est drôle ! Jamais je n'aurais imaginé pareille chose, s'esclaffa-t-elle.

Mince. Je ne me souvins pas de le lui avoir demandé.

— Ulysse Chevrier. Il s'agit du valet du premier valet de chambre de sa majesté, monsieur Bontemps.

Elle haussa un sourcil.

— Oh, le garçon de chambre alors. C'est étrange, je ne le connais pas. Cela dit, Monsieur Bontemps a tant de serviteurs qu'il est impossible de tous les énumérer. Que vous a-t-il dit ?

J'aspirai en portant mon regard sur les flammes qui dansaient sur la buche. Les battements de mon cœur enlisèrent mon corps. Devais-je lui raconter que nous avions dansé ? de quelle manière il avait pris ma main ? sa prestance, son élégance et son esprit plus qu'affuté ?

— Nous avons fait connaissance et... il m'a donné rendez-vous demain soir au château de Versailles, avouai-je dans un souffle.

Parler de ce détail à ma cousine, était peut-être une bonne idée. Elle me préviendrait si je faisais erreur. Elle connaissait les mœurs et l'étiquette royale, elle me mettrait en garde si cette aventure s'avérait risquée.

— Sous quelle invitation ?

— Aucune. Il m'a proposé de donner son nom à un garde pour qu'il me laisse entrer.

Ses yeux restèrent figés sur moi et son corps resta stoïque. Puis elle prit une grande inspiration et rabattis une mèche de ses cheveux, d'un air embarrassé.

— Faites attention, Athénaïs, les murs de Versailles possèdent des yeux et des oreilles. Vous n'êtes plus une enfant qui vagabondait dans les manoirs de bourgeois et de nobliaux. Il s'agit de Versailles.

— J'ai usurpé votre identité pour m'introduire dans le château. Pourquoi serait-ce différent, ici ?

— Vous étiez masquée si je ne m'abuse, et puis, vous avez seulement pénétrer la salle du grand couvert. Ce valet, vous inspire-t-il confiance ?

Le secret du lysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant