˗ˏˋ Chapitre 3 ˎˊ˗

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Son histoire se terminait ainsi. Mais à chaque fois qu'il me la racontait, un seul questionnement m'abritait : pourquoi n'avait-il pas essayé de se battre contre les bandits ? Son voyage aurait été tellement plus facile s'il avait fait cela. S'il s'était un peu plus imposé. Si les gens de Liyue n'avaient pas été aussi généreux, mon père ne serait plus de notre monde depuis bien longtemps... Devoir s'en remettre complètement aux gens est synonyme de faiblesse, selon moi... 

J'ai arrêté de lui poser cette question, car toutes ses réponses étaient constituées de : «Ces gens n'ont aucune autre manière de vivre. », de : «Nous avons le luxe de partir à l'aventure, mais, eux, doivent se battre pour leur survie. » ou encore : «Il faut les comprendre, Ajax.». De plus, je ne saisis pas pourquoi il n'a pas plus insisté, à la Banque du Nord... Les Fatuis sont de notre nation, ils auraient pu l'aider, ne serait-ce qu'un peu ! Au lieu de cela, il passait pour un pauvre Snezhnayain égaré, et cela devait accroitre leur sentiment de supériorité sur le reste de la nation. Ils se croient toujours plus forts, plus riches que tous les autres habitants de Snezhnaya. Des pierres parmi les minables grains de sables. Néanmoins, leurs sentiments ne sont pas injustifiés...

J'ai abandonné ma façon de voir les choses. Au lieu de cela, je me projettes dans son aventure. Je me mets à sa place et j'inventes ma propre histoire. Je me bats contre ces bandits. Je les fais payer. Mais les rêves ne sont jamais éternels. Ou ne définissent pas toujours la réalité.

- Alors, mon histoire te plait-elle encore autant ?

- Je la trouve bien dynamique ! Mais tu sais bien que je changerais quelques petites choses...

- Ajax, je t'ai déjà dit mon avis maintes fois sur le sujet...

- Je sais, je sais, et j'ai bien compris la morale... Mais...

Il me prit une étrange envie de lui demander ce que j'avais sur le cœur depuis longtemps... trop longtemps...

- Je ne peux pas m'empêcher de vouloir, moi aussi, éc...

- GRAND FRÈÈÈÈÈRE !!

Cette voix. Je la connais plus que bien. Je me retourne et vois mon plus jeune frère, Teucer. Il s'approche de moi en courant, un sourire sur le visage. Au loin, je vois la porte de la maison s'ouvrir à la volée et ma mère apparaitre sur le pas de la porte.

- Teucer !! Reviens ici ! Mets ton manteau, tu vas attraper froid !

Mon petit frère ne l'écoute pas. Il est inutile de le raisonner, il a un but bien précis en tête. Il arrive enfin près de moi, essoufflé par une si grande course.

- Tout va bien, Teucer ?

- Tu es parti sans me prévenir !

- Oh... désolé, je ne voulais pas te réveiller ! Je suis parti tôt aujourd'hui !

- Mais... mais je me suis inquiété ! Quand j'ai ouvert la porte de ta chambre, je ne t'ai pas vu dans ton lit... Je, je pensais que tu étais parti pour toujours !!

Son commentaire me fait un drôle d'effet, comme un éclair dans ma tête. J'ai soif d'aventure. Je veux voyager. Un jour, je partirais, comme mes frères et ma sœur avant moi. Mais partir veut aussi dire laisser des choses derrière soi. Quitter Teucer sera très difficile. Je n'ose pas imaginer sa réaction lorsqu'il saura que je vais me séparer du noyau familial. Ce sera aussi dur pour lui comme pour moi. Je me penche pour être à sa hauteur et lui dit :

- Ne t'inquiète pas, je ne partirais pas. Pas sans te l'avoir dit.

- Je ne veux pas que tu partes, point !

- Ce ne sera pas avant un bout de temps, crois-moi !

Mon père a toujours la dérangeante manie de s'immiscer dans mes conversations. Dès qu'il est question de partir, il devient totalement insensible. Je tourne la tête vers lui. Son visage est froid. J'ai compris, à contrecœur. En cachant ma tristesse, je réponds à Teucer :

- Papa dit vrai ! Je ne partirais pas avant un moment... D'ici-là, tu devrais peut-être songer à aller mettre ton manteau ! Sinon, maman te fera manger tous les piments du monde !

- NOON ! JE DÉTESTE LES PIMENTS !

Il retourne vers la maison aussi vite qu'il était venu. Dans le chambranle de la porte, je peux apercevoir ma sœur Tonia et mon second petit frère Anthon, tous deux plus âgés que lui, aux côtés de ma mère. Je ne peux m'empêcher de ressentir une profonde gaieté, un bien-être sans pareil. Je reste figé longtemps, le sourire aux lèvres, mes cheveux roux soufflés par le vent. J'entends ma mère sermonner affectueusement Teucer, celui-ci prier pour ne pas avoir à manger quoi que ce soit d'épicé et mes jeunes frères rire gentiment du dernier-né. Je ferme les yeux et apprécie le moment présent, oubliant toutes mes blessures cachées...

- Alors, Ajax, on continue de pêcher ?

Je me retourne vers mon père, souriant, et lui répond :

- Oh oui, bien sûr ! On peut inviter les plus jeunes à se joindre à nous ? On serait enchantés d'entendre tes histoires ! réplique-je en lui faisant un clin d'œil amical.

Je lui ai, malgré moi, pardonné son intervention sévère d'il y a quelques minutes. C'est fou comment une situation, banale soit-elle, peut si rapidement nous faire changer d'avis...

⌠Le 11e Exécuteur⌡ - Childe Fanfiction (FR)Where stories live. Discover now