say my name

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Seonghwa observe la fête s'en s'y mêler, la nostalgie lui colle à la peau, l'empêche de profiter. Bientôt un an et bien qu'il ne s'en tire pas affreusement mal, il n'a pas l'âme comme lui la possédait, n'ayant nul besoin de trône ou de couronne pour prouver qu'il était né pour magner le gouvernail et diriger.

Ses cheveux sont un peu longs dorénavant, ils ondulent et encadrent son visage, ses traits sont plus froid qu'à l'accoutumé, bien que son regard doux emporte sur ses lèvres pincées. Penché sur le bureau de son amant, du bout des doigts, il parcourt la carte sous verre, et les objets poussiéreux éparpillés là. Ses phalanges courent sur le globe terrestre, réinventent la terre et ses continents. Un soupir crève sa lippe gercée par la misère. Il ne peut continuer à fixer sa silhouette sur le bois brun, éclairée par la flamme des bougies, tant elle lui rappelle les heures contre lui, à ne penser qu'à eux, au beau milieu de l'océan. Complices face aux eaux rages implorant les dieux, aux orages débordant des cieux.

Il entend les tambours au loin, écoute la sérénité des flots et le couinements des rats, cherchant de quoi vivre encore un peu pour faire honneur à son homme disparu. Défaisant, les mains tremblantes, son chemisier, il laisse tomber le chapeau appartenant à son capitaine sur le matelas. S'évertuant d'un désespoir sans pareil à capturer le moindre souvenir de ses mimiques et paroles, dans l'étau de son compas au manche de sa longue vu alors qu'il les caresse, ces éclats d'histoires devenus épaves. Enfin, c'est sans compter le grincement du plancher qui le prévient de l'arrivée indésirable de quelqu'un, mettant fin à son entrevue entre lui-même et son amour défunt.

Une lame vient se glisser contre sa gorge, il déglutit alors qu'un homme se presse contre lui, appuyant l'épée jusqu'à érafler sa peau. Ses mains, sans détour, attrapent les poignets de l'agresseur, prêt à lui faire mordre la poussière sans une once d'hésitation. C'est une voix qui l'arrête, chuchotée à son oreille, contre vent et marée, une intonation pleine de malice qui ne l'a jamais vraiment quitté.

𝐇𝐎𝐍𝐆𝐉𝐎𝐎𝐍𝐆
Legends never die.

Un frisson l'ébranle alors qu'il se retourne, sans y croire un instant. Pipe au bec, une longue cape tombant de ses épaules, on peut discerner malgré la pénombre, le balancement de sa boucle d'oreille, gêné par quelques bouclettes blanches et noires. Sa chemise ouverte sur son torse, et son habituel chapeau troqué par un bandana nouant sa chevelure, il n'y a aucun doute quant à l'identité de celui qui s'impose malgré sa petite taille, face à lui. 

D'un geste brutal, il retire le sabre des mains de son adversaire pour atteindre son visage de ses paumes abimées. Un cri lui échappe, suppliant, hanté par un tumulte de fureur et de joie emmêlés.

𝐒𝐄𝐎𝐍𝐆𝐇𝐖𝐀
Hongjoong ?!

Prit d'assaut par une impardonnable tendresse, un sourire pend à ses lèvres comme seule réponse à ses questions. Il n'avait jamais été bien bavard lorsqu'il s'agissait de Seonghwa. Car nul ne savait à quel point ces deux là, s'aimaient au delà des mots.

Un seul regard lui suffit pour comprendre qu'il lui expliquerai en temps voulu et sans qu'il ne s'attarde plus longtemps, il désigne du menton les vitraux de la cambuse, d'où les contours de ses équipiers se déchirent, buvant le rhum au goulot.

𝐇𝐎𝐍𝐆𝐉𝐎𝐎𝐍𝐆
Tell them, i'm home.

N'en faisant qu'à sa tête, il ne fait que raffermir sa prise sur ses hanches et le fait se heurter au meuble en bois où il était concentré auparavant. Ignorant les protestations que souffle son capitaine, il murmure en tombant dans ses yeux si profonds :

𝐒𝐄𝐎𝐍𝐆𝐇𝐖𝐀
Later.

Un rire tonne, qu'il était prévisible. Surtout pour lui qui le connaissait mieux que les abimes de l'océan, il savait pertinemment qu'il ne ferait part de la nouvelle qu'après avoir apprécier les retrouvailles en seul à seul avec son amant.


𝓞𝐕𝐄𝐑 𝐓𝐇𝐄 𝐇𝐎𝐑𝐈𝐙𝐎𝐍Where stories live. Discover now