𝟷𝟿 - 𝚄𝚗𝚎 𝚙𝚊𝚛𝚝 𝚍𝚎 𝚟𝚎́𝚛𝚒𝚝𝚎́.

916 137 13
                                    


𝐓𝐢𝐭𝐚̀𝐧.

Ses mains ont commencé à s'agiter comme si elles cherchaient à illustrer son discours assuré auquel elle croit dur comme fer.

— Soi-disant, relevé-je, dubitatif. C'est-à-dire ?

— Voilà où je voulais en venir. Titàn, je ne voulais pas te mentir...je...

— Mais tu l'as fait, n'est-ce pas ? levé-je la voix malgré moi. Tu m'as menti Rose, et pas qu'à moi. À tout le monde !

Face à mon ton sec qui la réprimande, Rose se relève en emportant le drap avec elle.

— Oui, j'ai menti. Mais avant de me jeter la pierre, laisse-moi terminer, Titàn.

— Je t'écoute.

Ouais, je suis tout ouïe mais la confirmation du mensonge passe mal.

— Je ne pouvais pas rester à Paris. Je savais que j'allais devenir dingue... et la Police me soutenait que c'était un cambriolage raté. La disparition d'Ashton ne les intéressait pas tant que ça, tu penses bien ! Ils l'avaient déjà interrogé et puisqu'il y avait eu une grosse vague d'effractions dans le quartier, on a tous été rayés de la liste des suspects potentiels. Ils ne voyaient en lui qu'un junkie qui sombrait un peu plus jour après jour, un boulot à ignorer. Je ne savais pas s'il était vivant ou mort quelque part, sous un pont, dans un squat, ou pire encore, se frotte-t-elle les bras. Alors j'ai décidé d'enquêter par moi-même, en parallèle des flics, en suivant mon intuition.

Elle a... quoi ?

Je ne vois toujours pas le rapport avec nous, mais je sens bien qu'elle sait où elle va et je ferme ma bouche pour ne pas la décontenancer et obtenir la suite au plus vite.

Elle passe une main fébrile dans ses cheveux et prend une profonde inspiration avant de poursuivre :

— Ashton a lâché ses études pour s'engager dans des missions humanitaires il y a quelques années. Il partait plusieurs semaines, mois, puis il revenait, et ainsi de suite. Parfois on discutait tous les jours au téléphone, d'autres c'était silence radio jusqu'à ce qu'il ait de nouveau le temps pour m'appeler. J'ai fait une liste des endroits dont il nous avait parlé, j'ai fait ma valise, demandé un congé sabbatique à mon boulot et pris un avion.

— Toute seule, Rose ? demandé-je estomaqué mais finalement presque pas étonné qu'elle se la soit joué Lara Croft.

— Oui, opine-t-elle doucement sa lèvre prise entre ses dents. Sur le coup, je n'ai pas prévenu Roméo. Je lui avais fait part de mes soupçons mais il m'a traité de folle. Plus les jours passaient, plus je me disais qu'Ashton était mort, lui aussi.

Je me lève pour aller la cloîtrer dans mes bras, ne supportant plus son regard de détresse alors qu'elle se replonge dans ses souvenirs. Ce même regard torturé que j'avais perçu trop tard ce soir-là au BDB, quand je lui ai hurlé dessus imaginant à tort qu'elle avait blessé mon chien avec sa trottinette électrique.

Ouais, j'ai une belle liste de merdes dans notre histoire.

— Tu l'as retrouvé, ton copain ?

Rose comprend le sous-entendu dans l'intonation de mes mots. Ma rebelle pleine d'aplomb vient planter ses yeux éberlués dans les miens, les sourcils si froncés qu'ils créent des rides entre ses orbites.

— Ashton n'a jamais été mon petit-ami, Titàn. Jamais. Ni lui ni Roméo, je te l'ai dit. Tu sortirais avec Naya, toi ?

— Sûrement pas ! m'exclamé-je surpris même qu'elle le demande. Cette emmerdeuse est comme ma sœur, bordel ! Je ne veux pas de ce genre d'images d'elle et moi dans ma tête ! Ça ne va pas ?

SAUVAGES | En pause jusqu'au 6 octobre 2024Where stories live. Discover now