𝟷𝟹 - 𝙻𝚎 𝚜𝚎𝚌𝚛𝚎𝚝 𝚍𝚞 𝙿𝚛𝚎́𝚜𝚒𝚍𝚎𝚗𝚝.

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𝐑𝐨𝐬𝐞.


Une demi-heure plus tard, j'en sais un peu plus sur le fiancé de Naya, par des anecdotes du trio. Je suspecte que Bax et Diego aient reçu des ordres, ou se méfient encore un peu de l'étrangère que je suis pour leur Clan qui pose de plus en plus de zones d'ombres pour mon cerveau avide de réponses. Mes deux boissons ont délicieusement réchauffé mes joues et ma tête s'est déjà légèrement alourdie. La musique me semble tout à coup plus forte, mais je sais qu'il n'en est rien. On discute de tout et de rien, de Paris et de la France, beaucoup.

Quand vient le moment d'aller vidanger tout ce liquide, c'est sans autorisation que mes yeux décident qu'il est temps pour eux de s'occuper du cas de Tarzan. Très mauvaise idée. Mon sang ne fait qu'un tour et un froid glacial s'abat soudain sur moi. Il ne dure qu'une ou deux secondes, suffisantes. La bile me monte à la gorge, la colère aussi. La déception est la pire des émotions qui m'habitent, celle qui me brûle du sceau de la désillusion. La blonde qui était déjà pendue au cou de Titàn à Spring City le soir de mon retour est là, en parfait collier. Ses mains se baladent sans entraves sur l'arrière de sa nuque. Assise à côté de lui, elle le dévore des yeux. C'est tout juste si elle ne le suce pas par télépathie.

Jaloux ? Mon cul, oui ! Il ne veut juste que personne d'autre ne s'amuse avec moi !

Je me lève trop vite, renverse la fin de ma troisième coupe, un brin chancelante. L'alcool vogue dans mon sang mais j'ai les idées claires, peut-être plus que jamais. Mes jambes sont molles, je les oblige à me porter jusqu'aux toilettes en me frayant un chemin à travers des Lakiens pas forcément en meilleure forme que moi.

Je m'enferme dans une cabine, frappe contre la faïence du mur. Je me sens sortir de moi-même, rageuse. Voilà pourquoi il n'est jamais venu me poser de questions sur ma présence pour la deuxième fois. Pourquoi il fait comme si je n'étais pas là mais toujours à Paris, moi l'imprudente qui ai sauvé son chien. Pourquoi notre dispute et notre attirance se sont consumées chez Ed où leurs cendres doivent encore reposer : il a trouvé une autre greluche pour satisfaire ses besoins et sans avoir à se payer un billet d'avion. Une avec qui il s'affiche.

Les raisons pour lesquelles il a donc frappé Diesel m'apparaissent encore plus dégueulasses, et c'est belliqueuse que je me rue sur le lavabo pour me passer de l'eau fraîche sur le visage, le buste. Mes colliers semblent briller plus que d'ordinaire dans le reflet du miroir sous les néons jaune vif. Le souvenir de ma mère m'offrant l'un d'eux termine de m'achever ou plutôt, d'alimenter tout ce qui gronde trop fort en moi. Tout se mélange pour former un amas bouillonnant qui va bientôt jaillir.

Je me trouve alors conne d'avoir monté ce petit stratagème vestimentaire, et l'insulte est faible. Bien occupé à se faire câliner par sa pouffiasse blonde, Titàn n'a même pas dû remarquer ma présence. Le seul truc qui me console un tant soit peu est qu'au moins, ce n'est pas avec Kourtney qu'il est allé éponger sa solitude dans les draps.

Lorsque je sors des WC, je ne fais que quelques pas avant d'être violemment percutée par quelqu'un. Mon épaule me lance de la brutalité du choc. Je relève la tête pour tomber sur les yeux marrons furibonds de la salope en chef ici, encore plus noirs que d'habitude. Kourtney. Elle ne tarde pas à ouvrir les hostilités alors que je frotte l'impact :

— Oups Duchesse, dit-elle faussement désolée, tu devrais faire attention où tu mets les pieds, y'a pas de prince charmant ici pour te porter secours.

— Tu entends ? demandé-je en tendant l'oreille.

— Quoi ?

— Tes copines les brebis qui bêlent pour te prévenir de dégager de mon chemin.

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