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— L'eau chaude, ça se paie ! Ça va faire une heure que tu es là-dessous ! Et le repas est prêt !

La voix d'Emmet lui parvint étouffée à travers la paroi. Un frisson glacé la parcourut, suivi d'un agacement sauvage. Elle coupa le robinet avec rage en soufflant des injures, puis sortit pour attraper une serviette dans le seul meuble qu'elle trouva et se frictionna énergiquement en faisant fit de ses douleurs.

Elle devait partir d'ici au plus vite et faire en sorte de ne plus jamais le croiser de sa vie. Elle s'habilla en vitesse, l'heure était d'affronter l'ours grognon qui lui avait sauvé la vie et qui la détestait pour une raison qui lui échappait.

Elle respira à fond plusieurs fois, la main sur la poignée pour s'armer de courage. Et elle ouvrit la porte. Une délicieuse odeur de pain grillé lui chatouilla les narines et son estomac se tordit de faim. Elle s'avança à pied léger dans le couloir, donnant dans le salon qu'elle connaissait déjà.

Le canapé lui faisait face, une télé éteinte dans le coin opposé. Le coin cuisine était ouvert sur le salon. Un petit plan de travail, une table pour deux, joint de deux chaises en bois pas confortable. Le parfait appart pour un célibataire endurci.

La pièce n'avait aucune personnalité, pas d'objets-souvenirs ni de bibelots quelconques, pas de fantaisie propre à chacun, comme si son propriétaire n'était que de passage. Lorey fronça les sourcils. Ah si, quelque chose évident, il n'y avait aucune trace de salissure. Pas un brin de poussière, nulle part.

Emmet lui tournait le dos, affairé à elle ne savait quoi. Elle n'osa pas faire un pas de plus, mais l'odeur de nourriture lui vrillait l'estomac, la laissant figée sur place. Lorsqu'Emmet se tourna, il portait un plateau rempli de victuailles. La bouche de Lorey se mit à saliver et elle déglutit difficilement. Leurs regards se croisèrent et Emmet lui désigna la chaise en face de lui.

— Assieds-toi.

Malgré son ton autoritaire qui lui fit froncer les sourcils, Lorey s'exécuta sans mot dire. Elle se sentait tellement mal à l'aise. Emmet avait déposé du pain grillé, du beurre, du miel et de la confiture, mais aussi, des saucisses, une moitié de quiche lorraine entamée, du jambon avec des cookies et quelques yaourts. Elle fut abasourdie.

Il n'y avait presque plus de place sur la table. Il déposa une assiette devant elle, ainsi qu'un verre rempli d'eau avec un cachet effervescent qui nageait dedans.

— Pour ton mal de tête. Mange maintenant.

Elle ne sut quoi dire avant qu'il s'assoie en face d'elle.

— Merci, réussit-elle à articuler alors en évitant soigneusement de le regarder en face.

Il s'arrêta de bouger quelques secondes, comme s'il l'évaluait. Leur regard se croisèrent, son expression sévère et peu amène commençait à sérieusement l'intimider. Elle sentit ses mains devenir moites et ses joues s'enflammer.

Puis, il se remplit l'assiette d'un peu de tout en l'ignorant. Il était trop proche d'elle et elle eut envie que de fuir malgré sa faim. Elle essaya de chasser cette impression en attrapant une tranche de pain grillé d'un geste timide et mordit dedans en observant Emmet d'un œil discret. Il mangeait d'un appétit d'ogre. Elle n'avait pas fini sa tartine alors qu'il se resservait.

— Où est-ce que tu mets tout ça ?

Lorsque son regard se posa sur elle, elle eut la sensation d'une douche glaciale et eut envie de se cacher dans un trou de souris. Pour faire passer inaperçu cette sensation, elle attrapa son verre et le but cul sec.

Pour toute réponse, Emmet haussa les épaules en mordant dans une part de quiche. Elle resta interdite un instant. Ce mec n'avait aucun sens de la discussion et pourtant, il l'avait sauvé d'une agression et avait pris soin d'elle toute la nuit. Et maintenant, il lui offrait un petit déjeuner de roi. C'était quoi son problème ?

Tatouage de Sang - Malédiction. Tome 1Where stories live. Discover now