𝟺𝟿 - 𝙲𝚘𝚗𝚏𝚒𝚍𝚎𝚗𝚌𝚎𝚜 𝚎𝚝 𝚊𝚋𝚜𝚎𝚗𝚌𝚎.

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𝐑𝐨𝐬𝐞.

— Tu dors Rose ?

— Non. Tu fais trop de bruit en léchant ta glace.

— C'est trop bon ce truc. C'est quoi déjà ?

— Calisson. À la base, ce sont des petites douceurs à base de pâte d'amande, spécialités du sud de la France. Mais c'est vrai qu'en glace, ça doit être bon. Ça sent bon, en tout cas.

Pas autant que lui, mais c'est agréable.

— Tu n'as pas voulu goûter, me fait-il remarquer. Ni en commander une.

— J'ai mangé pour plusieurs jours.

— Tu as déjeuné ce matin et pris des moules à midi avec une eau gazeuse et un soda. J'ai mangé tes frites.

— Je n'avais pas besoin de plus. Tu crois qu'ils vont revenir ? changé-je de sujet pour laisser sortir ce qui me trotte dans la tête depuis un moment.

— Les Red.

Assis et en appui sur l'un de ses bras, le titan se redresse, recale correctement ma tête sur sa cuisse alors que je suis allongée dans l'herbe, au soleil, avec une vue magnifique sur la tour Eiffel et le ciel bleu dégagé de tout nuage.

Un doigt nappé de crème glacée requiert l'accès à ma bouche. Je renverse un peu plus le visage en arrière pour happer son regard en même temps que son index. J'enroule ma langue autour, lentement, et admire ses pupilles se dilater de nouveau, à l'instar de tout à l'heure dans cette petite cabine de WC publics dans laquelle nous nous sommes furtivement enfermés pour laisser parler nos corps. Ce n'est pas encore le quatorze juillet pourtant, c'est bel et bien un feu d'artifices haut en couleur, que j'ai vu exploser dans ses iris sombres quand il s'est laissé submergé par son orgasme.

S'il a visité mes catacombes, comme dirait ma folle copine, il a mis du cœur à l'ouvrage pour finir dans les temps. Moi, j'ai vécu une détonation nucléaire, et j'en tremble encore.

— Alors ? réitère-je en lui rendant son doigt.

Ses lèvres fraîches viennent picorer les miennes me laissant hors d'haleine avant qu'il ne décide à me répondre. J'ai encore le goût du sucre sur ma langue. Ma tête n'est plus en phase avec le reste, mais je m'accroche.

— Je ne sais pas Rose. Qui t'en a parlé ?

— J'ai mes sources.

Ma réponse n'est pas celle qu'il attendait. Il fourrage ses cheveux de sa main libre, puis vient recaler quelques mèches rebelles des miens derrière mon oreille. Geste qui réveille toujours les mêmes vagues de picotements en moi. Des ondes de choc auxquelles je pourrais devenir accroc, si j'avais à disposition des mains aussi habiles que les siennes, capables de douceur, alors que ce n'est pas le premier sentiment que le demi-dieu inspire de prime abord.

Normalement, je fuirais encore toute tendresse qui n'a pas sa place dans notre parenthèse, mais l'endroit est rempli de souvenirs pour moi, de câlins, de rires. Alors j'accepte de me replonger dans le passé et que grâce à lui, la nostalgie soit plus forte que la colère, aujourd'hui.

— Ils ont libéré mes sergents quelques heures avant qu'on donne un assaut au QG d'un autre MC.

— Je ne comprends pas. Il y a deux MC impliqués ?

— C'est compliqué, Rose.

— Explique-moi.

— Parle-moi de toi, plutôt.

Voulant éviter la discussion, il s'allonge en croisant ses bras derrière sa tête. Je n'aime pas évoquer ma vie, mais s'il peut satisfaire ma curiosité, je suis disposée à faire un effort.

SAUVAGESWhere stories live. Discover now