𝟹𝟼 - 𝙴𝚗 𝚚𝚞𝚎𝚕𝚚𝚞𝚎𝚜 𝚖𝚘𝚝𝚜.

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𝐑𝐨𝐬𝐞.

J'ouvre péniblement les paupières, violemment tirée de mon sommeil par des vibrations incessantes. C'est si percutant que mon estomac lui-même les ressent et sursaute autant que mon cœur, au bord de la crise cardiaque. J'en ai même la nausée, une mauvaise appréhension me saisit.

Autre chose me secoue : les souvenirs de la nuit dernière qui, bien que je n'aie pas encore inspecté ma peau, m'ont laissé les traces de leur passage ; j'ai la sensation qu'un train m'est passé dessus. Plusieurs fois.

C'est le cas. Le Titàn (pas-express).

Je regarde autour de moi, tâte le drap crème en même temps. Il n'est plus là.

Je me redresse, m'étire. Pas de doute : je n'ai pas rêvé. Il était là, oui, et je l'ai bien entendu partir après que son téléphone ait sonné, peu après notre dernier round. Je me masse mes tempes, frotte mes paupières, fourrage ma tignasse emmêlée qui ne doit plus ressembler à rien. Je vois d'ici les cernes qui ont dû planter les tentes sous mes yeux. Les Queshua 5secondes, celles qui nécessitent un rien de temps pour les monter mais huit plombes et sept doctorats en ingénierie et physique appliquée pour les remballer. Il me faudra deux tubes d'anticerne vert et beige pour masquer ma nuit de débauche érotique ; et acrobatique.

C'est qu'il est inventif, le Popeye ténébreux. Bien membré, musclé...

reprends-toi Rose !

Un marteau piqueur que je connais bien est en plein travaux sous mon crâne.

Ah non Rose, ça, c'est ton téléphone, me dis-je en soupirant mentalement, lassée de moi-même. J' entrevoie déjà la très longue journée que je vais passer à compter les heures qui me rapprocheront de ce lit. Je me sens vaseuse, comme si j'avais pris une cuite monumentale, sauf que la seule ivresse dont on peut m'accuser est un débordement et abus d'orgasmes tonitruants.

J'ai pris mon pied jusqu'à Noël.

On peut dire ce qu'on veut, si Tarzan est le roi des cons, en plus du dieu de la savane et de sa jungle à roulettes et tout et tout, il est indéniablement le génie de la jouissance. Entre ses doigts experts et son sexe vigoureux, il ne manque pas d'outils pour satisfaire les femmes. C'est que ça doit se bousculer au portillon pour se faire ramoner sec, ici, et sans attendre l'automne...

De quoi avoir envie d'un feu de cheminée en plein mois d'août et par canicule, pourvu que Titàn soit l'ouvrier...

Je mets de côté mes considérations lubriques et rejoins l'entrée, où mon sac à main gît toujours au sol. Je fouille et en sors mon portable. « 11 appels manqués ».

Putain.

Mon cœur déraille. Je déverrouille à la hâte l'écran de veille qui vient de me griller une rétine, tant la luminosité est forte. Je grogne, m'y reprends à deux fois pour composer mon code confidentiel. J'espère qu'il n'est rien arrivé à personne pendant que je dormais parce que bon sang ! je n'ai même pas eu quatre heures de sommeil !

« 11 appels manqués de Roméo ».

« 4 sms non lus ».

J'expire mon soulagement. Ce n'est que Roméo, Duc Archi-Brise-Burnes.

Il me fait encore une de ses crises de parano et a dû prévoir de me refaire la morale avec tout un arsenal argumentaire, répété, écrit, corrigé, relu etc... Je suis même persuadée qu'il a trouvé d'autres pathologies à ajouter à ma liste de troubles mentaux. Sérieusement, sa copine est un ange. Il a un grain gros comme la lune ! Ce type est aussi chiant qu'il est intelligent, c'est dire à quel point il frôle le prix Nobel dans l'emmerdement. Je l'aime autant que j'ai envie de l'étriper, lentement. Sans anesthésie. Je visualise parfaitement.

J'ouvre l'application sms envisageant déjà ses réprimandes mais surtout, ma rébellion. Mais quand mes yeux se posent sur la liste de conversations des derniers textos reçus et non lus, un me saute aux yeux, arrivé après un de Winny mais avant les deux de Roméo qui datent d'il y a une minute.

« Source Inconnue » s'affiche en gras en expéditeur. Mais ce n'est pas ce qui fait s'interrompre totalement les battements de mon cœur, ni qui assèche ma bouche comme jamais encore. Ce n'est pas ça qui me fait trembler des ongles des pieds à la racine des cheveux, ni que me rend plus livide qu'un cadavre albinos. Mes jambes me lâchent. Je m'écroule douloureusement sur mes genoux, le choc de mes rotules sur le sol produisant un son sourd. Avant même d'avoir ouvert le texto, j'ai pu voir les premiers mots. Je sais.

Mes yeux s'embrument, mes muscles sont traversés de spasmes, je ne sais plus comment respirer. Je sais.

Je lis, relis. Mais je savais, j'avais compris au troisième mot visible en aperçu. C'est lui. Je lis une troisième fois pour être certaine, me pince aussi. Les appels incessants de Roméo, c'est pour ça, il sait lui aussi.

Est-ce que je respire encore ?

Source Inconnue_ Salut mon coquelicot. Je suis désolé. Pardonne-moi. Je rentre.

Ashton.

Ash est vivant. Il rentre. Moi aussi.

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SAUVAGES | En pause jusqu'au 6 octobre 2024Where stories live. Discover now