Chapitre 14

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Je suis saucissonnée au dos d'Arion. Après la disparition soudaine d'Atla dans la nature, Al n'a pas eu d'autres choix que de m'attacher pour ne pas que je fuis. Je le hais. Je le hais d'abandonner un enfant, comme un simple animal au danger de ce monde, sans aide. Peut importe qu'il soit un elf ou non, personne ne mérite d'être abandonné aussi lâchement pour ses gènes. Al dispose lui aussi d'un cheval que je ne connais pas, il ne vient pas de notre élevage. Tant mieux, je n'accepterai jamais de le voir à dos de l'un des notre, il mériterait même de marcher tout le long du trajet.

  − Tu as faim ? Demande-t-il par respect après m'avoir attaché.

  − Je ne parle pas avec les lâches.

  Il lève les yeux au dos de son cheval, tout en tenant les rênes d'Arion.

  − Très bien.

  Je me doute que si je lui demande quoi que ce soit après, il ne me répondra rien. Je ne veux pas revenir à Sedith, pas tout de suite. Je dois trouver un moyen de lui échapper, ça ne devrait pas être si compliqué. Il me manque du temps et un plan. Mais la nuit va bientôt tomber, et nous sommes loin de Sedith, on sera obligé de passer la nuit quelque part entre les deux royaumes. Je trouverai une opportunité entre ce laps de temps. Mon bras continue de saigner, mais beaucoup moins qu'au début, c'est un bon point. Si je n'avais pas mit mon avant-bras devant ma gorge à ce moment, je serai probablement déjà morte vidée de mon sang avec ces soldats d'Harenae. J'ai faim, j'ai terriblement faim, mais je ne veux pas lui donner la satisfaction d'être sa prisonnière à sa merci. Je remarque que la sacoche accroché à la selle d'Arion est toujours ouverte, et que je pourrais trouver quelque chose pour me défaire de mes cordes. Je fais mine de me pencher pour dormir contre la crinière de mon cheval, et de mes mains liées je fouille dans la sacoche.

− J'ai déjà ta dague, dit-il en brandissant l'arme en l'air.

  J'avais espérée qu'il l'aurai pas gardé sur lui. Il est un peu plus intelligent que je ne le pensais.

− Je l'a cherchais pas, mente ai-je, je voulais vérifier que je n'avais pas perdu mon livre.

  Je sais que l'ouvrage sur les elfs d'Elysia est toujours dans la sacoche. Il est bien trop précieux à mes yeux pour que je le laisse à Sedith. Si j'avais su, j'aurais passé bien plus de temps avec Elysia à lire cet ouvrage, et peut-être aurait-elle rencontré elle aussi un elf. L'idée qu'Atla est tout seul, quelque part m'effraye. Je me suis tout de même prise d'affection pour lui, malgré sa nature.

− Pourquoi tu détestes les elfes ?

Si je suis bloqué avec lui pendant les prochains jours, autant que ça me soit utile.

− Tout le monde déteste les elfes.

− Pas moi, répond ai-je sèchement pour lui rappeler qu'il a abandonné un enfant.

Il se retourne agacé par mes dires.

− C'est parce que tu n'y connais rien à ce monde, tu n'as vécu que parmi la la nourriture abondante, les douces mélodies inventées, les ouvrages sélectionnées un à un pour ne pas que certaines informations sème le doute.

  Je sais qu'il a raison, mais lui aussi vit dans cet univers. Si je vais acheter des livres ou des ouvrages en ville, c'est bien parce que ceux qu'on nous propose dans la haute société, ce sont les mêmes ouvrages, qui ne raconte seulement ce qui fait l'éloge du roi, rien d'autre.

− Alors dis-moi, dis moi ce qu'ils ont pu faire de si grave pour que tu ne veuille même pas aider un simple enfant qui porte leur gène ?

Je commence à en avoir marre d'être attachée depuis des heures sans pouvoir rien faire d'autre qu'admirer le soleil qui se couche devant nous.

Screaming HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant