Chapitre 9

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Il n'y a pas à dire, les quartiers du Roi sont des plus luxurieux. Seul interdiction : accéder à ses chambres. Mère et Elysia m'accompagne à travers les pièces. Un salon de la taille d'une habitation d'une personne des bas quartiers, survolé par un gigantesque lustre au plafond. Curieuses, nous allons jeter un coup d'œil aux cuisines. Des dizaines de bonnes sont à la tâche : le buffet ne doit jamais être vide. Elles s'activent et cours aussi vite qu'elles le peuvent. L'une d'entre elles se brule le visage à cause d'éclaboussures, elle touche la zone de son visage qui vire au rouge. Au moment de son geste, elle relève les cheveux qui cachent son oreille : les trois quart ont disparus. Il ne lui reste qu'une partie de son oreille. Elle a probablement dû être retrouvée errante ou venir des quartiers pauvres du royaume. On ne s'attarde pas plus pour ne pas les déranger, et les stresser davantage. Les couloirs sont étonnamment longs, plus longs que je ne l'imaginais. Il peut être facile de s'y perdre. Des personnes sont hypnotisés par les tableaux qui ornent les couloirs, et les salles. Les bouquets de fleurs sont disposés un peu partout. Tout à été minutieusement préparé en l'espace d'une demi-journée. Je reste un moment observer un tableau. Des arbres qui brûlent, des chevaux effrayés chevaucher des hommes en armures. Il semblerait que des ombres soient en train d'être carbonisés par les vives flammes. Sans me rendre compte, quelqu'un est à côté de moi, et observe lui aussi cette œuvre.

− Je l'aime bien cette œuvre, annonce Al.

Peu étonnant. Il n'aime que les conflits et la mort.

− Pas moi, elle est bien trop vulgaire et sanglante.

Il ne dégaine même pas à me regarder lorsque je parle. Ses yeux sont rivés sur les flammes du tableau.

− Tu n'as simplement aucun goût, tu n'y connaît rien. Continue-t-il calmement.

Et c'est reparti.

− Et toi, tu.., je me stoppe net dans ma lancée.

Lorsque nos regards se croisent, je me rends compte qu'il n'est pas du tout énervé, son visage est détendu. Comme si nous avions une conversation des plus banale entre des personnes civilisées. Ma colère disparait dans l'air en me rendant compte que ça aurait été moi la méchante de l'histoire si je lui avais dit ce que je pensais.

− Tu, tente ai-je de me rattraper, tu penses réellement que cette œuvre est admirable ?

− Si tu observes bien, elle nous offre des contrastes de couleurs très rare à obtenir. Les flammes sont si vives et réelles.

− Mais elle ne représente que la guerre.

Il replace ses cheveux lui permettant de gagner quelques secondes pour réfléchir à sa réponse.

− C'est pourtant ce qu'est notre monde, tu ne crois pas ? C'est dans notre nature de détruire tout ce qu'on touche.

Je n'ai pas le sentiment qu'il parlait réellement du monde. C'est bien la première fois que je converse avec lui aussi calmement, sans risquer de me faire incendier au moindre mot qui sort de ma bouche. Pourtant ce tableau ne me plaît toujours pas, mais je ne veux pas lui gâcher ce plaisir.

− Dis-mois, pourquoi tu as frappé Kassian hier soir ?

Il n'y a pas que moi qui veut le savoir, ça a été l'un des évènements choquant de la soirée. Tout le monde en parle. Et ma curiosité a également été piquée. Il me broie du regard, ses yeux bleus me glace le sang.

− Tu veux vraiment le savoir ? me répond-t-il calmement sans me quitter du regard.

− Tu as failli tout gâcher, donc oui je veux en connaître la raison.

Il attrape une mèche noir qui lui tombait sur le visage et la remet en place.

− C'est un con, et les cons méritent d'être claqués. Ça leur permet d'avoir des idées de nouveau en place, c'était pour son bien.

Screaming HeartWhere stories live. Discover now