𝟸𝟿 - 𝚀𝚞𝚎𝚜𝚝𝚒𝚘𝚗𝚜, 𝚙𝚒𝚜𝚝𝚎𝚜 𝚎𝚝 𝚙𝚊𝚜𝚜𝚎́. 𝙿𝚊𝚛𝚝𝚒𝚎 𝙸𝙸

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𝐑𝐨𝐬𝐞.


Je me retourne, me trouve nez à nez avec ma première rencontre en cette terre inconnue. Le Grand-père qui tient la petite station-service désuète.

— Emmett ! Je suis contente de te voir ! lui saute dans les bras la brunette aux jambes de déesse. Qui surveille la boutique ?

— Titàn m'a envoyé les prospects. Deux bons gars ces deux-là ! Et ils ont du boulot.

Il la serre dans ses bras avec affection quand elle lui dépose un baiser sonore sur la joue.

— Ah bon ? m'étonné-je.

— Cinquante mètres carrés de remise à briquer du sol au plafond, ça va les occuper jusqu'à ce soir ! Je ne suis plus de première jeunesse ma petite...Rose, dit-il après une légère hésitation en m'inspectant tout comme il l'avait fait la première fois. J'ai parfois besoin d'un peu d'aide. Comment allez-vous ? On m'a rapporté que vous avez fait un malaise à la clinique, vous ne devriez pas être au repos, jeune fille ?

— Je vais mieux, merci.

— Je suis ravi de l'entendre. Vous serez des nôtres ce soir, bien entendu.

Je ne perçois pas de question dans son intonation, et sa perquisition visuelle ne semble pas terminée. Pour couper court et reprendre où j'en étais, je lui envoie un clin d'œil joyeux et confirme en désignant ce qui nous entoure :

— Avec tout ce qu'il y a de nourriture, vous me verrez forcément venir picorer !

— Vous êtes jeunes et belles, profitez, rien ne dure dans la vie, croyez-en le vieux faucon que je suis ! Un jour vous avez vingt ans et la semaine suivante, vous réservez un emplacement au cimetière !

— Ne dis pas une horreur pareille Emmett ! le gronde Winny. Tu verras mourir le soleil !

— Si je vois Táá' Ti'éhonaa'éí Klekai avant que mon esprit ne s'envole, je serai content ! Et puis ce ne sont pas les beaux garçons qui manquent ici, n'est-ce pas ? Vous trouverez sans doute une bonne raison de prolonger votre séjour ici, et Winny chaussure à son pied.

Lançant sa remarque à but matrimonial pour ma copine, et telle une prémonition, il découvre qu'elle est pied-nus. Un sourire jusqu'à ses oreilles vient recouvrir son visage d'homme sage. Je la vois rougir.

Je ne sais pas pourquoi, mais son célibat en intéresse plus d'un ici. Entre son frère qui la piste comme si elle avait douze ans et ses premiers émois et aimerait probablement qu'elle soit encore vierge, Bella qui voudrait la pousser dans les bras de tous les bikers qui n'ont pas de régulière ici, ses parents qui s'inquiètent de sa « solitude affective » et Emmett qui semble prêt à dresser une liste de prétendants potentiels, cette pauvre fille n'est jamais tranquille.

C'est bien normal qu'elle veuille de l'intimité, moi, j'aurais déjà craqué.

Quand mon cerveau capte finalement qu'il a aussi parlé de moi, l'absurdité de l'idée me fait éclater de rire. Je ris, à en avoir les larmes aux yeux, dans une hilarité que je ne contiens pas. Mon Dieu ! J'en ai mal aux côtes. Je sais que la fatigue a également tout à voir avec mon état, mais je ne contrôle plus rien. La nervosité des derniers jours s'ajoute, je perds complétement les pédales. Tout se mélange. Oui, je me sens curieusement bien ici, dans ce monde à part, mais non, je ne vais pas me glisser sous les draps de n'importe qui, et rester ici juste pour profiter de cinq à sept érotiques.

Le seul avec qui je me serais plus que volontiers adonnée à cette activité physique est plus occupé que les Présidents du G7 pendant un sommet.

SAUVAGESWhere stories live. Discover now