Une autre vie

7 0 0
                                    

Ça fait déjà 5 minutes que je suis devant cette porte et je n'arrive pas à me décider à toquer.

Je regarde autour de moi, la maison est plutôt grande et comporte un étage. Elle est plutôt simple.

Le quartier est calme et tranquille, on entend juste le vent fort siffler à travers les feuilles des chênes qui bordent la route. J'entends au loin le bruit de l'eau, il doit y avoir un fleuve ou une rivière pas loin.

Puis je reviens subitement à la raison de ma venue ici. Je souffle un bon coup puis finit par toquer à cette foutue porte.
Pourvue qu'elle soit sympa, par pitié.

J'entends des bruits de pas derrière la porte se rapprocher puis la porte s'entrouvre pour laisser passer la tête d'une femme ayant la quarantaine, les cheveux emprisonnés dans un chignon fait à la va-vite. Elle porte un tablier et me sert un grand sourire chaleureux :

" - Bonjour jeune fille, que puis-je pour toi ?

  - Bonjour...en fait, je crois que vous vous trompez sur mon compte. Vous êtes bien Amélia ? Ma tante ?

  - Oh mon dieu, c'est toi ?! Kahera, ma chérie, je ne t'ai même pas reconnu ! Faut dire que la dernière fois que je t'ai vu t'étais aussi haute que trois clémentines empilées ! Viens ! Entre, ne reste pas dans le froid, tu vas attraper quelque chose."

Elle me fait signe d'entrer et je la suis pour arriver dans un petit vestibule qui débouche sur une grande cuisine propre où tout un tas de choses reposent on ne sait comment un peu partout. Je sens une odeur appétissante me chatouiller les narines.

Je regarde encore une fois cette drôle de femme devant moi qui s'affaire à ne pas faire tout cramer je suppose.

Je m'attendais à tout sauf à ça. Elle à l'air plutôt sympa, je n'arrive pas à comprendre comment maman et elle ont réussi à être autant en désaccord.

" Je n'arrive pas à croire que ta mère puisse te laisser seule comme ça. Mon dieu, je ne veux pas imaginer ce qui aurait pu t'arriver si je n'avais pas été là ! Kutsu a toujours été du genre irresponsable..."

Ah, je pense que j'ai ma réponse. Ma tante n'a pas l'air d'apprécier maman beaucoup... Je rétorque :

" Ce n'est pas la faute de ma mère si je me retrouve ici. Elle n'allait déjà pas bien quand mon père est parti... On ne peut pas la blâmer, ce serait plutôt à mon père d'être blâmer pour nous avoir abandonné.

-... Je comprends ce que tu ressens. Mais il faut que tu comprennes que la vie n'est pas toujours aussi rose que l'on voudrait. Tu as dû traverser des choses toi aussi. Déjà à un si jeune âge..."

Elle me regarde, les yeux remplis de pitié. Je tourne la tête, je n'aime pas qu'on pense que je suis frêle et fragile. La preuve, je suis encore là et j'ai toute ma tête.

" Bon. Parlons de choses plus gaies. Veux-tu un chocolat chaud ? Ou un jus de fruits ? J'ai tout ce que tu veux !

- Je veux bien un chocolat chaud, merci.

- Il arrive tout de suite !

Ma tante repart de plus belle dans sa danse folle, en évitant de tout faire renverser, cherchant parmi les nombreux placards ce dont elle a besoin pour mon fameux chocolat.

Elle sourit comme si notre discussion ne l'avait que traverser et qu'elle ne s'en souvenait déjà plus. Comme si le fait que je sois là était tout à fait normal. Comme si j'avais toujours été là.

J'ai trouvé ça gentil de sa part. Mais j'ai surtout compris pourquoi elle et maman s'entendaient si mal.

La Froideur de la Mort a brûléWhere stories live. Discover now