Au-revoir

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Je la regarde. Ses yeux clos sont cernés de grosses poches. Elle paraît bien maigre. Puis je détourne les yeux et aperçois le bouquet de fleurs fraiches posé sur la table de chevet. Je me demande qui a bien pu les déposer.

Je n'ai jamais été proche de ma famille, mon père est parti à la naissance de ma sœur, ma mère a bien une sœur mais elle ne sont pas très proches. Disons plutôt qu'elles se détestent.

Je n'ai jamais connu mes grands-parents et je n'ai pas de cousins ni de cousines. Il n'y avait que ma sœur, ma mère et moi. Et ça me plaisait bien.

Mais la vie, évidemment, en a décidé autrement et maintenant elle est...
Je ne veux plus y repenser.

Je ferais mieux de m'inquiéter pour maman. Elle était déjà comme ça, un peu hystérique. Mais c'est ma mère, alors pour moi, c'était normal.

Et maintenant, elle est là, dans un hôpital. Vu que maman ne peut plus s'occuper se moi, les infirmiers m'ont dit que j'allais vivre chez ma tante.

Mais je l'a connais pas moi ma tante. Je n'ai pas envie d'y aller. Si seulement mon père pouvait revenir, comme si de rien était et nous aider, moi et maman. Mais il est parti, pour de bon.

Soudain, quelqu'un toque à la porte, je ne réponds pas, pas besoin. La porte finit par s'ouvrir sur un jeune infirmier peu confiant qui me sourit, pour me dire que tout va bien sûrement, que tout va s'arranger pour moi, que je ne dois pas avoir peur.
Mais je n'ai pas peur.

Il me parle, je n'entends pas la moitié de ce qu'il me dit mais je comprends néanmoins que c'est l'heure pour moi de partir. De faire mes valises pour me perdre au fin fond de la France chez quelqu'un que je ne connais pas dans un endroit qui m'est inconnu.

Je regarde une dernière fois ma mère, l'embrasse sur son front gelé et remonte sa couverture. Ils devraient monter le chauffage ici. Je me tourne enfin vers le pauvre infirmier embarrassé et lui fait signe que je suis prête.

On m'escorte jusqu'à un taxi qui me ramène chez moi. Je ne m'attarde pas trop et rassemble toutes mes affaires personnelles puis fait un dernier tour de la maison. Ma maison. Mes souvenirs affluent toujours plus nombreux et je prie pour pouvoir revenir un jour ici avec maman en pensé.
Puis je m'en vais, aussi simplement que ça.

La Froideur de la Mort a brûléWhere stories live. Discover now