Prologue

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Devant son armoire, Camille finissait de choisir les derniers vêtements pour boucler sa valise. De sa chambre, elle pouvait entendre son fils s'exclamer de joie en détruisant les tours de bois qu'il venait de construire. En l'écoutant s'amuser de la sorte, un sourire se dessina sur ses lèvres. Jamais elle n'avait été aussi épanouie. Face à ce trop-plein d'émotion, des larmes se formèrent au creux de ses beaux yeux bleus. Dans l'embrasure de la porte, son mari l'observait avec amour. Dès leur première rencontre, il avait su qu'elle était la femme de sa vie. Il s'approcha d'elle pour l'enlacer tendrement. Il savait qu'il était inutile de lui demander pourquoi elle pleurait, il en connaissait la raison. Blottie contre lui, Camille leva la tête et l'embrassa fiévreusement. Leur étreinte était passionnée. Soudain, la jeune femme sentit son fils se lover contre ses jambes, mettant fin à cette intimité érotique. Elle le prit dans ses bras et lui ébouriffa les cheveux. Le bambin éclata de rire. Charles caressa la joue de l'enfant avant de s'éclipser. Leur complicité mère-fils était si belle qu'il préféra les laisser profiter pleinement de ce moment privilégié. Il s'empara des affaires puis descendit dans le hall d'entrée.

Dans le couloir, tout était prêt. Leur voyage pour l'Égypte allait enfin se concrétiser. Charles avait tout mis en œuvre pour réaliser le rêve de son épouse. Depuis le temps que la jeune femme lui vantait la beauté des pyramides, ainsi que la richesse architecturale de ce pays, elle allait enfin pouvoir les approcher pour de vrai.

— Chérie, tu peux prendre les passeports et les billets, ils sont sur la commode.

— OK !

De la cuisine, Charles les entendait rire aux éclats et cela lui mit du baume au cœur. Il consulta sa montre et prit conscience qu'il était temps de préparer le déjeuner, car leur amie n'allait pas tarder à arriver. Il se posta devant le plan de travail et commença à éplucher les légumes. Le temps s'écoulait doucement, trop lentement pour Charles qui n'avait qu'une hâte, partir loin de tout. Il alluma la radio et écouta les nouvelles de la matinée qui étaient peu réjouissantes. Camille descendit avec son fils dans les bras. Ce dernier serrait son doudou fermement contre son torse, hors de question de partir sans lui.

— Hum, je vois que Pompon profitera également du soleil, le taquina Charles.

Le bout'chou se contenta de se blottir dans le cou de sa mère et ferma les yeux. Aujourd'hui, plus que d'habitude, il redoublait de câlins.

— Dis-moi, chéri, as-tu pris les cachets pour le mal des transports ?

— Oui, rassure-toi, je les ai mis dans le bagage de cabine.

Cinq heures plus tard, ils étaient enfin prêts à embarquer pour Le Caire. Dans le regard de Camille, Charles y décela de la tristesse. Il se contenta de la serrer contre lui avec tendresse. Il savait qu'il était inutile de vouloir la consoler et trouva plus judicieux de la laisser face à sa peine. Tous les mots de la terre n'auraient pas pu changer son état d'esprit.

L'avion quitta le tarmac, puis s'engagea sur la piste. Le pilote poussa les moteurs à fond pour atteindre une vitesse suffisante pour le décollage.

Assise sur les réacteurs, les vibrations accentuèrent la peur de Camille. En voyant le sol se dérober doucement, une boule d'angoisse se forma au creux de son estomac. Le front collé au hublot, elle regardait Paris se transformer en un plateau de lumière. Doucement, la France fut avalée par la noirceur de la nuit.

Pourquoi n'arrivait-elle pas à lâcher prise ?

Pourquoi sentait-elle que son bonheur pouvait disparaître en un claquement de doigts ?

Pourquoi avait-elle l'intuition que rien ne se déroulerait comme prévu durant ce voyage ?

Malgré toutes ses tentatives pour balayer cette peur irrationnelle, ce pressentiment ne la quitta plus...


Arrête, ne me touche pas !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant