Chapitre 1

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Comme chaque matin, et contrairement à ses camarades du Collège Kadic, Aelita fut heureuse d'être tirée d'un profond sommeil par la sonnerie de son horloge digitale. Elle bailla d'une bouche encore pâteuse, éteignit l'alarme, puis se leva et ouvrit les rideaux de sa fenêtre afin de laisser la chaleur des premières lumières de juillet chasser les tourments de la nuit.
Si les journées d'Aelita étaient remplies de (re)découvertes du monde matériel, de moments de joie avec ses amis et de tranquillité (surtout depuis l'ultime défaite de X.A.N.A.), le crépuscule était toujours annonciateur de cauchemars.
D'ordinaire, ses rêves étaient hantés par des bêtes féroces, des loups au pelage sombre qui emportaient sa mère dans un lointain abysse et forçaient Aelita à fuir, laissant derrière elle son père à la merci de la meute enragée. Parfois, la situation se faisait plus explicite, substituant aux loups les spectres sans visages des mystérieux hommes en noir qui avaient réellement pourchassé sa famille après leur défection au Projet Carthage.
Ces derniers temps, cependant, ses cauchemars l'avaient ramenée sur Lyoko. À nouveau enfermée dans le monde virtuel, elle errait en vain à la recherche de ses amis. Elle trouvait enfin une présence réconfortante, celle de son père, mais ses songes finissaient inévitablement par lui faire revivre le sacrifice final de Franz Hopper, la laissant seule jusqu'au matin.

Redoublant d'efforts pour se changer les idées, Aelita décida d'allumer son ordinateur pour travailler sur ses mix. L'agent des Subdigitals lui avait proposé d'assurer la première partie d'un de leurs concerts prévus en août, et elle tenait à avoir du son neuf à faire entendre à cette occasion.
Deux heures plus tard, en descendant au réfectoire, elle repensa à la disparition de son père. Elle n'avait presque aucun souvenir de sa vie avant son exil sur Lyoko. À peine avait-elle appris que Franz Hopper avait survécu, celui-ci avait disparu définitivement, victime du combat à mort qui les opposait à X.A.N.A. Même si elle n'avait pas de souvenirs précis des moments passés avec son père, sa mémoire suscitait en elle un sentiment de réconfort, fantôme d'une vie volée.

- Eh dis donc princesse, puisque t'es dans les nuages, je peux manger ton pain au chocolat ? demanda Odd goulûment, l'arrachant à ses pensées.
- Du calme, Odd, dit Yumi en tirant une chaise pour s'asseoir. Mais c'est vrai que t'as pas l'air d'être dans ton assiette Aelita.
À sa droite, Aelita aperçut Jérémie lever un sourcil d'un air inquiet.
- Ce n'est rien, je repensais juste à mon père... C'est injuste que je n'aie pas pu mieux le connaître. Si seulement X.A.N.A. n'avait pas...
Aelita s'interrompit en voyant arriver Sissi. Depuis qu'ils avaient débranché le supercalculateur, les lyoko guerriers s'étaient rapprochés de la fille du proviseur, qui désormais se joignait à leurs repas.
- Alors les amis, excités pour les vacances ? demanda la nouvelle venue. Tu vas faire quoi Ulrich ?
- Je sais pas... j'ai rien de prévu, je crois que je vais devoir me coltiner mes parents.
- On devrait faire un truc ensemble, suggéra Yumi.
- Bonne idée, opina Odd
Alors qu'ils évoquaient quelques idées de vacances, Aelita replongea dans ses pensées, jusqu'à ce que retentisse la sonnerie annonçant le début des cours. En fin de journée, chacun d'entre eux épuisé par une longue journée rentra dans son dortoir.

Jérémie Belpois, de retour dans sa chambre, ne pensait pas qu'il se replongerait dans le journal de Franz Hopper de sitôt. C'est pourtant dans les enregistrements du brillant scientifique qu'il espérait trouver de quoi apaiser les inquiétudes qui semblaient affecter Aelita. Ces temps-ci, elle restait souvent pour discuter jusqu'à l'heure du couvre-feu, et avait l'air de redouter la solitude.
Jusqu'ici Jérémie n'avait pas osé la presser sur ce qui la tourmentait, mais elle leur avait révélé ce matin une cause possible. Si c'était l'absence de son père qui pesait sur Aelita, il trouverait sans doute des informations sur la vie du scientifique qui pourraient l'aider à renouer avec son passé.
Quand Aelita ouvrit la porte de la chambre, Jérémie avait un sourire satisfait.
- Dis Aelita, est-ce que tu connais Pierre Germain ?
- Non, pourquoi ? Je devrais ?
- Je me suis replongé dans le journal de ton père pour essayer de voir si on pouvait en savoir plus sur sa vie avant Lyoko. Et il mentionne ce nom à plusieurs reprises. De ce que j'ai pu comprendre, il a collaboré avec ton père sur le projet Carthage. Peut-être qu'il pourra nous en apprendre plus. Enfin, seulement si tu le sens.
- Je ... hésita Aelita.
Son regard se raffermit.
- Oui, j'aimerais essayer. Est-ce que tu sais ce qu'il est devenu ?
- J'ai un début de piste mais pas d'adresse pour le moment. Son nom apparaît dans des documents administratifs de Sancerre, un petit village de campagne. Je pense qu'on pourrait commencer par là.
- Et comment tu comptes y aller ?
- En train pardi ! J'ai regardé les billets, je suis sûr que nous pourrons convaincre nos parents de financer le voyage si on prépare suffisamment en amont. Je paierai ton billet. Les autres n'auront qu'à convaincre leurs parents de leur donner de l'argent de poche. J'ai mis suffisamment d'argent de côté pour tout le monde, ils n'auront qu'à me rembourser plus tard.
- Es-tu sûr de ton idée ?
- On verra les détails avec les autres mais je suis assez confiant. Concernant Sissi par contre... ça dépend uniquement de toi.
- Elle fait partie du groupe, maintenant, répondit-elle avec assurance, je pense qu'elle devrait venir.
Aelita se décida à retourner dans sa chambre juste avant le couvre-feu. Jim, le prof de sport qui effectuait les rondes le soir, serait sans doute moins strict en cette fin d'année mais elle préférait éviter les ennuis.

Le lendemain, à la première heure, tous deux étaient prêts à annoncer la nouvelle à leurs acolytes. Jérémie se lança :
- Les amis, j'ai une annonce importante à vous faire : nous partons à l'aventure cet été !
- Hein ? Tu t'es cogné la tête ce matin Einstein ? répondit Odd
- Non, écoute : en parcourant le journal de Franz Hopper j'ai trouvé des pistes pouvant nous en apprendre plus sur son passé et celui d'Aelita. Plus particulièrement, j'ai retrouvé un de ses anciens collègues et nous avons conclu que ça serait une bonne idée d'essayer de le retrouver afin de voir ce qu'il peut nous apprendre à propos de son père.
- Brillante idée, mais nos parents ne nous laisseront jamais partir à l'aventure pour retrouver quelqu'un dont ils n'ont jamais entendu parler nous raconter l'histoire du père d'Aelita, rétorqua Yumi.
- Justement, j'avais pensé qu'on pourrait dire qu'on passe les vacances chez les parents d'Aelita : nos parents ne savent pas qu'elle est orpheline. Il faut juste qu'on trouve quelqu'un qui peut nous couvrir à l'ermitage si jamais nos parents appellent. Ulrich, tu te charges de prévenir Sissy ?
Tandis qu'Ulrich hochait la tête, Yumi prit la parole :
- Je peux essayer de convaincre mon frère de s'en occuper, si Jérémie installe un modificateur de voix sur le téléphone de l'ermitage.
- Alors c'est décidé. Dans quelques jours, on se lance ! approuva Ulrich



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