68 • EST-CE DE MA FAUTE ? •

Depuis le début
                                    

Jungkook triturait le bout de la sangle de son sac à dos. Qu'allait-il faire s'il ne pouvait pas savoir ce qu'allait faire Hoseok. Puis, il venait de réfléchir à cette idée qu'il trouvait de plus en plus dérisoire et pourtant si effrayante. Le noiraud tournait la tête dans tous les sens, scrutant autour de lui entre l'espace que lui laissait ses quelque mèches plaquées devant ses yeux par sa casquette. Il frottait encore ses ongles sur le tissu rugueux de la sangle, laissant s'en produire un son désagréable de grattements. Le feu passa au vert et presque immédiatement, le noiraud se mit à courir, le regard au-dessus des quelque passants qui déambulaient dans la rue. Puis, il tourna dans cette petite rue. Elle était vide, ou quasiment. De nombreux prospectus recouvraient de sol, des déchets en tous genres. Le soleil ne passait que très peu entre ces deux bâtiments, alors que néanmoins la rue semblait large. Elle regroupait des vieux magasins qui avait fait faillite ou qui avait encore du mal à mettre un pied devant l'autre.

Le noiraud s'avança dans la rue en essayant d'être discret. Au loin, une porte venait de se refermer. Elle attira son regard. Il changea de côté de trottoir et remonta jusqu'au magasin. Ses yeux furent premièrement attirés par la veille enseigne défraîchi qui annonçait que le magasin était une pizzeria. Puis, il perdit l'appétit en scrutant l'intérieur. Ensuite, son regard se posa sur les deux jeunes hommes qui parlaient à l'intérieur. Il ne prit pas même le temps de regarder le vendeur, que ses yeux avaient dérivés sur le châtain. Même de dos, il l'aurait reconnus, c'était lui. Un sourire naquit sur le visage de Jungkook, faible, mais sincère. Tout est ta faute, une fois de plus, Kook... Son visage se ternit, il perdit son sourire. Hoseok embarqua une grosse boite en carton et sortit de la boutique. Paniqué Jungkook s'agenouilla derrière l'un de ces pots de fleurs que la mairie avait mis là pour embellir la ville, même si ici, ils ressemblaient davantage à des joyaux au beau milieu d'une couronne de paille.

Hoseok s'assit sur la marche qui menait au magasin qu'il venait de quitter, il retira ses chaussures et son manteau puis enfila un gros costume d'ourse en peluche d'une étrange couleur, Jungkook avait du mal à savoir si c'était de l'orange ou du vert. Mais plus il le regardait enfiler cet horrible costume, plus son cœur se serrait. Il ferma les yeux, la culpabilité était trop forte, elle lui remonta le long du dos, lui laissant de désagréables frissons. Il avait encore voulu lui remettre la faute sur les épaules et, il s'en était rendu compte.

Les épaules tombantes, Hoseok se releva mollement et traina le carton sur une sorte de chariot roulant, les prospectus de la pizzeria remplissaient encore une bonne moitié de son contenant. Sans ambition, il attrapa la poignée de son chariot et quitta la rue terne et grise. Jungkook se releva et le regarda s'éloigner. Il souffla. Il ne savait plus quoi penser. En vouloir a Hoseok était puéril. Pourtant, il ne savait pas d'où lui venait cette colère. Meme si, en réalité, elle vivait davantage peur que rage. Jungkook voyait rouge, il ne sentait pas cette boule d'angoisse qui lui prenait l'estomac, il la traduisait mal du moins. Il shoota violemment dans une canette qui était à ses pieds et un bruit métallique suivit alors la carcasse de la boisson sur de bons mètres, se répétant de moins en moins fort entre ces deux bâtiments qui privaient la rue d'un grand soleil.

Son regard se tourna sur cette pizzeria. Il restait ce vendeur attablé à son comptoir d'une étrange manière. Une étrange sensation de déjà vu le prit à la gorge. Puis son cœur se mit à battre encore plus fort alors que l'homme au bob lui fit un signe de la main. Jungkook resta de marbre devant cette réaction, les yeux grand ouvert et une mine décontenancée. Tel un grand tournesol au beau milieu d'un champ de blé fraîchement planté, il avait cette désagréable impression qu'un énorme projecteur allait débouler dans la seconde pour l'inonder de lumière et qu'un énorme dictaphone allait crier qu'il était là, en train de suivre comme un stalker un homme qu'il connaissait, mais qui n'avait jamais été plus qu'une connaissance, un collègue, un ami. Le rouge lui monta aux joues et les larmes menaçaient aussi de s'échapper de ses yeux. Il fit un pas de côté avant de quitter la rue en courant.

๑ Sunflower ~ Hopekook ๑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant