𝟸𝟼 - 𝙲𝚑𝚊𝚌𝚞𝚗 𝚜𝚘𝚗 𝚜𝚎𝚌𝚛𝚎𝚝

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Rose.

Voilà pour toi, dis-je en retirant mes gants en latex après avoir posé le dernier bout de sparadrap sur son flanc. C'était peu profond tu as eu de la chance, mais ne néglige pas le nettoyage des plaies pour autant, deux fois par jour.

— Merci miss.

J'ai l'impression que la dernière heure, le temps est passé au compte-gouttes, mais en plus, des gouttes au ralentis. Je me saisis des trois radiographies que m'a rapportées une femme durant ma suture et que j'avais consultées rapidement avant de refermer, les dépose sur l'écran lumineux et prends le temps de scruter encore chaque centimètre carré, pour ne pas me tromper dans le diagnostic car sinon, il faudrait rouvrir.

— Les radios ne montrent pas d'abrasion osseuse pour moi, redis-je à l'homme torse-nu qui vient observer lui aussi les images sombres de ses côtes. Mais il te faudra quand même l'avis final du Dr. Stone.

— Sois plus sûre de toi, Calamity.

— Comment ça ?

Je retourne vivement, piquée au vif pensant qu'il veut une info ferme et définitive qu'il n'obtiendra pas de moi, plus que pour le Calamity que j'ai déjà entendu trois fois au moins cette nuit de la part de ses comparses blessés.

Je. Ne. Suis. Pas. Médecin !

— Toux doux Doc ! Je voulais juste dire que ce que t'as fait ce soir, c'était très bien, et appréciable. T'aurais pu dire non à toute cette merde qui ne te concerne pas, mais t'es là. Tu doutes de tes propres capacités et tu ne devrais pas.

— Se croire tout puissant est dangereux pour les patients. C'est en se prenant pour un surhomme qu'on commet des erreurs qui peuvent avoir de lourdes conséquences, que ce soit sur des animaux ou des hommes de Cro-Magnon comme vous tous.

— Y'a pire que moi comme homme des cavernes, crois-moi ! ricane -t-il de sa voix rocailleuse.

— Certainement Dwight, mais vous n'en êtes pas moins des mortels, même sur vos engins de l'enfer, dans vos cuirs épais et armés jusqu'aux gencives. Fais-moi confiance, la mort est partout, et parfois là où on ne l'attend pas.

Mon cœur se serre des pensées qui resurgissent sans avertissement. Je retire et jette mes gans dans la poubelle blanche, mon masque, puis d'un geste rapide le double drap en papier qui recouvrait le lit. Compulsivement, je commence à vaporiser du spray désinfectant sur plusieurs surfaces de la petite pièce de douze mètres carrés pas plus dans laquelle je nous avais isolés lui et moi, ne supportant plus les discussions qui m'oppressaient et faisaient gonfler une pression en moi que je ne supportais plus. Les pleurs et conversations de familles anxieuses que l'attente tuait à petit feu faisaient trembler des parcelles exténuées de maux de mon corps surmené par cette journée, qui ne s'est pas achevée quand je suis allée me coucher.

Il faut que je m'occupe, juste une minute, après ça ira, je tente de me convaincre.

— Rose ? Tu as fini avec ce grand dadet ?

— Oui, Lily-Sue, si vous voulez vérifier...

— Oh non ! Je t'ai vu faire tout à l'heure, ta technique est bonne, je ne m'en fais pas pour mon petit-fils, il est solide mon bichon !

— Mais Granny, s'interloque renfrogné le bichon que je ne verrai plus jamais du même œil, celui-là même qui m'avait traitée de pucelle après l'accident avec un Hercule ténébreux qui est aux abonnés absents.

J'espère que c'est bon signe.

— Votre petit-fils ?

— Eh bien oui, j'ai changé les couches sales de ce jeune homme avant qu'il ne devienne un Dark Evils grand et fort !

SAUVAGESWhere stories live. Discover now