Au rythme de tes poings.

2.

Jody

      Dans le taxi je sens mes joues chauffer. Je suis morte de honte, qu'est-ce qui m'a pris de réagir comme ça devant tout le monde ? Ah je me déteste, j'espère que personne ne me reconnaîtra. Puis demander de l'argent à un inconnu comme ça ? Ah j'étais vraiment trop désespérée j'ai réagis sans réfléchir je voulais juste partir loin de cet endroit et rentrer chez moi. Je n'arrive pas à y croire. Comment cinq ans de relation ont biens pu partir en éclats ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi n'a t-il pas attendu que noël passe pour rompre avec moi ? J'ai le cœur qui me fait mal, j'en ai la nausée. Il a vraiment agis comme un enfoiré de première.

- Monsieur, est-ce que vous pouvez vous arrêter devant ce supermarché s'il vous plaît ? Je n'en aurai que pour quelques minutes.

L'homme aux cheveux grisonnants et à la barbe rasée de près acquiesce de la tête avant de s'arrêter. Je sors du taxi à vive allure, les larmes aux yeux j'entre dans le supermarché et me dirige dans le rayon où se trouvent les œufs. Je devrai me dépêcher, cet inconnu m'a filer un billet de vingt dollars je n'ai rien d'autre je ne pourrai pas dépasser ce tarif et je n'ai pas envie d'avoir des histoires avec le chauffeur de taxi si je ne peux pas payer la totalité de la somme.

En arrivant à la caisse je suis accueillie par un jeune homme, sans aucun doute un étudiant. Devoir travailler le soir de noël pour payer ses études, la vie est bien triste. Le sourire forcé le garçon aux cheveux bruns me salue par politesse même si le cœur n'y est pas.

- Les yeux rougis et des œufs le soir de Noël ? Me demande t-il en esquissant un sourire de compassion.

Hein ? Quoi ? Ça se voit tant que ça ? Est-ce qu'il a compris ma situation ? Ne me dites pas qu'il a compris ce que je comptais faire avec ces œufs ? Oh non trop la honte. Dans ma poche il me restait une pièce, assez pour payer la boîte d'œufs, j'ai eu de la chance.

Gênée je le salue rapidement avant de m'enfuir pour retourner dans le taxi. Celui ci me regarde à travers le rétroviseur intérieur et dépose son regard sur mes œufs avant de reprendre la route. Je sers la boîte à œufs contre moi toute gênée. Tout le monde se doute de ce que je vais faire ou quoi ?

        En arrivant devant mon logement étudiant je vois sur la place de parking la voiture de Donovan. Ce connard aurait quand même pu me ramener en voiture. Le taxi parti je regarde autour de moi avant d'ouvrir la boîte d'œufs et de les jeter un par un sur sa voiture. Le sourire commence à me monter aux lèvres, mon cœur commence à s'apaiser, ma nausée disparaît tout comme mon mal de ventre, en cet instant j'oublie tout ce que je peux ressentir, je me sens bien. Je me mets à rire tout en continuant de jeter les derniers œufs sur sa voiture. La boîte maintenant vide je reste plantée là à regarder sa voiture remplie d'œufs. Le sentiment de légèreté commence à s'estomper et le chagrin reprend place. Je soupire avant de décider de rentrer dans l'immeuble. 

Après avoir monter deux étages d'escaliers, j'arrive sur le palier et j'avance jusqu'à ma porte. Je dépose mon regard sur la porte voisine, celle de Donovan. Oui nous sommes voisins, quand on est devenus étudiants à l'université de médecine nous avons décidé d'habiter le même immeuble et d'être voisins pour qu'on puisse être ensembles le plus possible. C'est peut-être ça qui a gâché notre relation ? Trop se voir serait donc mauvais pour l'évolution d'un couple ? J'aimerai toquer à sa porte et lui demander si ce qui c'est passé est réellement arrivé. Mais je me résigne, j'ai bien trop souffert pour aujourd'hui. Le regard attristé j'entre dans mon appartement , j'enlève mes baskets, dépose mon manteau sur le porte manteau qui se trouve à l'entrée puis enlève mon pantalon, mes chaussettes, mon polaire pour ne finir qu'en tee-shirt et en culotte. J'avance jusque dans ma chambre pour me laisser tomber dans mon lit.

Cerise sur le gâteau je dois retrouver un nouveau job étudiant pour continuer de payer mon loyer, j'ai été viré de mon ancien job de vendeuse en magasin de cosmétiques. Une nouvelle employée a pris ma place et je me suis faite virée sans raison. Il me faudrait un travail où je gagne assez pour vivre correctement, pour que je puisse me préparer de bon petits plats, vraiment j'en ai marre de manger des boites de conserves et des pâtes la plupart du temps. Mes parents n'ont pas les moyens de m'aider financièrement, et je ne veux pas déprendre d'eux, je ne veux pas qu'ils se sacrifient pour moi.

Je suis seule maintenant, avant j'avais Donovan, il m'aidait à me sentir bien ici loin de mes parents et de mes amis du lycée. Je suis effrayé, comment sera la vie sans lui ?

J'entends la sonnette retentir ce qui me réveille péniblement de mon sommeil. En me réveillant je remarque que je suis allongée sur mon lit sans être sous la couette. Après quelques secondes à émerger, toute la soirée d'hier me revient. Ce n'était donc pas un rêve.

Je me lève tout en entendant la sonnette continuer de me casser les oreilles. Je pousse un râle en me levant de mon lit. Qui ça peut bien être ? En ouvrant la porte d'entrée, les yeux plissés et gonflé de la veille je vois Donovan. Surprise je referme aussitôt la porte tout en restant muette. Peut-être qu'il ne m'a pas vu, j'ai peut-être été assez rapide.

- Jody, dit-il.

Raté il m'a vu. Qu'est-ce qu'il me veut ? Il veut être certain que j'ai compris le message hier ? Oui je l'ai compris pas la peine de me replanter un couteau dans le cœur. Je n'ai pas envie de parler avec lui ni de le voir. Dos contre ma porte je reste muette, il finira bien par comprendre et partir. Après quelques secondes je vois une enveloppe passer en dessous de ma porte. Je m'abaisse pour la prendre et l'ouvrir. A l'intérieur il y a des billets.

- C'est pour le restaurant d'hier. Je préfère te rembourser, dit-il. Par contre j'ai gardé un billet pour pouvoir nettoyer ma voiture que t'as sali.

Fait chier j'ai été grillée. L'oreille contre la porte j'entends ses pas s'éloigner et sa porte s'ouvrir puis se fermer. Franchement tu aurais quand même pu t'excuser une nouvelle fois.

La fatigue me gagne, je décide alors d'aller me retourner me coucher pour terminer ma nuit même si il est déjà passé onze heures du matin.