— Plus tu t'agites, plus le poison va se répandre, déclare-t-il posément, le regard focalisé sur ce qu'il fait.
Ces mots ont l'effet d'une claque, grelottant de la tête aux pieds, j'ignorais que j'avais été empoisonnée. Je ne connais pas les drogues qui s'échangent dans les tavernes. C'est Alzim le spécialiste. En réalité, il sait tellement de choses. Il m'en aurait appris bien plus si j'étais resté. Il me manque, dans cet endroit, il saurait être la source de gaieté.
J'inspire plus fort, mes poumons me brûlent et ma gorge s'est nouée. J'accepte de ne pas me débattre bien que la sale bête grimpe sans relâche sur mes jambes et prend un malin plaisir à enfoncer ses petites griffes dans mes cuisses.
Il se passe un certain temps où je n'entends plus que nos respirations. Est-ce qu'il veut se battre d'égal à égal ? Je suis trop faible pour combattre. Mes pensées se perdent à mesure que j'observe le tapis de racines séchées quand un morceau de verre éclaire ma lanterne.
— Je l'ai cassé !
Le souvenir de l'Orbe se brisant dans la main du Voleur me revient, j'écarquille les yeux et je commence à avoir le vertige.
— Oh non ! Je l'ai cassé ! hurlé-je en m'étouffant de surprise.
L'échec me frappe de plein fouet, je n'avais qu'une mission, qui paraissait simple d'apparence. Sinon on ne me l'aurait jamais confiée et j'ai brisé l'objet d'une grande valeur. Est-ce qu'Alzim m'en voudra pour cette erreur ? Pourrais-je encore faire partie du Consul ? Où irais-je si je n'ai plus personne ?
Je m'agite, les larmes aux yeux. Je refuse de retourner dans le domaine familial au nord de Thanoc.
Je me redresse en position assise, serre les dents quand mon corps se contracte. Le Voleur ne me maintient plus au sol, il m'observe les sourcils en l'air. Il ne panique donc jamais ce bougre ? Ce dernier extirpe de sa poche les deux morceaux de l'Orbe.
Je l'ai fendu en deux. Juste en deux. Peut-être est-il réparable.
Je pince mes lèvres entre elles. Alzim va être tellement déçu, est-ce qu'il pourra le revendre au moins la moitié de son prix ? Et vais-je vraiment avoir le courage d'apporter un objet de grande valeur dans cet état ? Il va tellement m'en vouloir, il ne me fera plus jamais confiance.
— Très perspicace, déclare l'Écureuil Noir
Mes sourcils se froncent lorsque je scrute mon interlocuteur, ma mission n'est pas terminée. Je peux toujours l'apporter au Consul. Le Voleur me détaille à son tour, il inspecte mon visage comme si de la mousse y avait poussé, ou qu'il se transformerait en or. En tous cas, il ne me quitte plus du regard, observant chaque nuance de couleurs dans mes iris. C'est gênant et encore plus lorsqu'il s'approche.
Je bats des cils et sa bouche s'ouvre légèrement, un rictus se forme au coin. À quoi est-ce qu'il joue ?
— Quoi ? balancé-je.
— Tes yeux.
J'explose de rire, c'est un criminel de renom, mais un très mauvais parti. Est-ce qu'il tente de me courtiser ? Parce qu'il s'y prend très mal.
— Tu es vraiment bizarre et puis qu'est-ce qu'ils ont mes yeux, tu n'as jamais vu des pupilles vertes ? clamé-je en retirant ma main désormais recouverte d'une crème épaisse.
— Ca ressemblait à ceux d'une biche.
Je rigole à nouveau, décidément il n'a pas le sens du compliment.
— Tu es nul en approche, tu sais ?
— Je te retourne le compliment, la Chasseuse, me charrie-t-il.
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L'Orbe du Cerf
FantasyDes rumeurs courent par delà les terres d'Amanil, racontant que l'Écureuil Noir, l'un des plus célèbres voleurs du pays, est parti à la recherche de l'Orbe du Cerf. Un objet mystique qui alimente les légendes de la sombre forêt de Doemort. Laérra es...
Chapitre 7 • Cad, simplement Cad
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