Femme à la licorne { recueil de nouvelles }

Le fond

Je sais que si je vous dit qu'un jour, j'ai réussi à toucher le fond de l'océan Atlantique, vous ne me croirez pas. Je ne fais ni apnée, ni cours de piscine, et je ne retiens pas très longtemps ma respiration. Alors, comment serait-ce possible que je puisse atteindre le fond de l'océan, sachant que je venais d'avoir 7 ans ? Moi non plus, je ne me pensais pas capable. Enfin, jusqu'à ce qu'on partes en bateau. Pour la fête d'anniversaire de mes 7 ans, mes parents m'avaient offert un séjour sur une magnifique île. Là-bas, pleins d'activités étaient proposées, tel que des visites -de l'île, de musée...-, ou des balades. Mais il y avait également une activité qui consistait à faire le tour de l'île en bateau.  Quand mes parents ont vus cette activité, ils ont toute de suite su que ça me plairait. Et ils ont vu juste ; j'ai toujours rêvé de faire un tour de bateau, chevauchant les vagues, me laissant bercée par l'écume et le cri des mouettes... C'est donc là que l'histoire commence. J'embarquai avec mes parents et quelques autres passagers à bord du bateau "Le Lion Loyal" (vous n'êtes pas les seuls à trouver se nom légèrement ridicule pour un bateau). Au début, tout allait pour le mieux. L'écho de la mer me faisait rêver paisiblement. Mais ma rêverie ne dura pas très longtemps. Le ciel commença à s'assombrir et le vent souffla. Le Lion Loyal tanguait, balloté par les remous de l'océan. Il ne pleuvait presque pas. Nous n'affrontions même pas une tempête ! Mais seulement quelques gouttes et une petite brise légère. Rien de plus. Mais cela suffit à déstabiliser Le Lion Loyal. Le capitaine du bateau perdit les commandes et Le Lion Loyal heurta un rocher. La coque du bateau se brisa et nous coulâmes. Tout d'un coup, le vent souffla fort et un éclair déchira le ciel, comme pour accompagner notre naufrage. Là, il pleuvait beaucoup, énormément. Je fus emportée par le courant. Bientôt, je perdis de vue le bateau ( enfin, ce qu'il en restait ) et les autres passagers. J'avais du mal à nager car l'eau était gelée ; j'étais devenue un frigo sur pattes. Des vagues commencèrent à se former et à prendre de l'importance. J'étais terrifiée. Quand soudain, une énorme vague fonça en ma direction. J'essayai de l'éviter mais je n'y arrivais pas ; la vague s'écrasa sur moi. La puissance de la vague était si énergique que je fus emportée au fond de l'océan. Mes efforts furent en vain ; je n'arrivais pas à remonter à la surface. Le courant m'emportait vers les profondeurs. Je n'avait plus d'air. J'entrepris une dernière fois une remontée, mais sans résultat. Les abysses de l'océan m'avaient vaincue. Mon corps inanimé sombra lentement. Il coula jusqu'à se déposer sur le sable des fins-fonds de l'océan. J'avais touché le fond de l'océan. Mais j'étais également morte.