- Mademoiselle Blanchard, vous voilà réveillée ! Comment vous sentez-vous ?

- Fatiguée. Engourdie. J'ai mal partout, indiqua-t-elle difficilement.

- C'est normal avec le choc et l'opération. Je vais faire quelques vérifications, vous laisser vous reposer et je reviendrais en fin de journée pour procéder aux examens complémentaires. »

L'adolescente acquiesça et laissa l'homme en blouse blanche s'approcher d'elle. Il vérifia sa tension ainsi que la réaction de ses pupilles. Il nota des informations sur sa tablette puis prit congés.

« Tu as besoin de quelque chose ? Demanda finalement Pierre.

- J'ai juste envie de dormir, souffla-t-elle avant de clore ses paupières.

- Je t'offre un chocolat chaud ? Proposa la voix lointaine du pilote à l'attention de sa sœur. »

Nina entendit la porte de la chambre se refermer et elle se laissa emporter par son subconscient. C'était tellement agréable. Son corps se détendait et elle ne sentait plus aucune douleur. Elle avait envie de rester dans cette bulle de chaleur et de bien-être. C'était douillet. C'était agréable.

Et puis, des sanglots vinrent troubler ce moment paisible. L'angoisse s'emparait d'elle, un frison se frayait un chemin le long de son échine.

« Hey, ça va aller, je te l'avais dit. Elle s'est réveillée. Tout va bien.

- Je sais, c'est juste la pression qui retombe. Je suis désolée, murmura une douce voix.

- Tu n'as pas à t'excuser d'être toi. Je sais comment tu fonctionnes, lui répondit-on. Viens par là ! »

La blonde finit par rouvrir les yeux. Elle se sentait déjà mieux. Les maux de tête s'étaient apaisés, comme si elle avait pu transposer un peu du bien-être de ses songes dans le présent. Elle s'habitua doucement à la lumière qui éclairait la pièce. Devant elle, au bout du lit, Pierre et Aria se tenaient enlacés, l'un dans les bras de l'autre. Le châtain frottait tendrement son dos pour la réconforter.

Nina sourit face à cette image qui la renvoyait des années en arrière, à une époque où tout se passait bien pour eux. A l'époque où ils étaient une famille. Son regard croisa les iris azur du jeune homme et il mit maladroitement fin à leur étreinte, sans doute gêné d'avoir été surpris ainsi. Et désirant surtout ne pas lui procurer de faux espoirs. Sa sœur se tourna alors vers elle, heureuse de voir qu'elle était de nouveau réveillée.

« Tu te sens comment Ninouche ?

- Toujours engourdie... soupira-t-elle. »

Elle prit le temps d'observer avec un peu plus d'attention l'environnement dans lequel elle se trouvait. Le décor était plutôt simple. Les murs neutres. Deux fauteuils. Une table de chevet sur laquelle se trouvait une lampe. Et à côté, son téléphone. Elle tendit la main pour l'attraper mais Aria l'aida pour qu'elle n'ait pas à bouger. Il ne semblait avoir subi aucun dommage. Paradoxal quand on connaissait la violence du choc. Elle alluma l'écran et vit la date. Mardi soir. Elle leva instantanément la tête vers Pierre. Mais son geste était brusque et bien trop rapide et son corps la rappela tout de suite à l'ordre quand elle sentit une vive douleur.

« Ça va ? Demanda-t-il, paniqué face à sa grimace.

- Oui... Mais qu'est-ce tu fais là ? Il l'a regarda, interloqué. Je veux dire... Pourquoi t'es pas en Grèce ?

- Je voulais être sûr que tu ailles bien, répondit-il comme si c'était une évidence.

- Je vais bien tu vois, tu devrais aller profiter de ta famille, affirma l'adolescente. Tu ne les vois pas souvent.

- Vous êtes aussi ma famille ! »

Nina sourit. Puis elle blêmit. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là. Il incluait aussi Aria dans les comptes. Est-ce...

« Vous vous êtes... Elle n'osa pas finir sa phrase. S'il suffisait qu'elle se fasse renverser pour qu'ils prennent conscience de l'amour qu'ils se portaient encore, elle aurait été capable de le faire bien plus tôt.

- Non, coupa sa sœur. Mais c'est juste que... tenta-t-elle d'expliquer.

- On veut faire les choses bien pour toi, compléta le châtain. Et quoiqu'il arrive, on pourra toujours compter les uns sur les autres. D'accord ?

- D'accord, répondit-elle.

- Ça te va comme ça ? S'assura la brune.

- Bien sûr, si ma famille est enfin réunie.

- Ne te réjouis pas trop vite... prévint Pierre. Dès qu'ils ont su que tu étais à l'hôpital, ils ont annulé les vacances. Les monstres vont débarquer. »

Nina fut incapable d'objecter quoique ce soit. Elle ne trouva pas non plus une réplique drôle à sortir. Elle était touchée. Ils avaient tout abandonné pour elle. Mais c'était évident. C'est ce qu'on fait, quand on est de la famille.

...

LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLYDonde viven las historias. Descúbrelo ahora