58. Famille.

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« Et si c'était ça le bonheur, pas même un rêve, pas une promesse, juste l'instant. »

-Delphine de Vigan, No et moi

···

Aria. Paris.

L'avion venait de se poser sur le tarmac. Pierre qui, malgré sa centaine de vols annuelle détestait toujours autant ce moment, desserrait son emprise sur la main de la jeune femme à ses côtés. Pourtant, cette sensation était loin d'être désagréable. Elle lui procurait chaleur et amour. Et surtout, elle sentait qu'à cet instant précis, il avait besoin d'elle, un tout petit peu. Ils prirent le temps de récupérer leurs bagages avant de s'engouffrer dans un taxi qui les ramenait au centre de la capitale.

Aria laissa sa tête reposer sur l'épaule du pilote. Elle inspirait l'odeur de son parfum musqué. Ce week-end ne s'était pas passé comme il l'espérait pour sa dernière course avec l'écurie italienne. Mais elle avait été présente pour lui, l'écoutant lorsqu'il exprimait sa déception et sa frustration. Et puis elle avait été vite rassurée quand il avait parlé de ses sensations avec la voiture qu'il piloterait l'année prochaine. Elle avait eu les larmes aux yeux en le voyant s'élancer dans le bolide français qu'elle avait hâte de suivre dans quelques mois. Tous les feux semblaient être au vert pour leur garantir un hiver serein et agréable.

La jeune femme était prête à faire des efforts et bien que très peu à l'aise dans ce monde, elle avait été rassurée par la présence de Pierre. La soirée de fin de saison partagée avec tous les pilotes l'angoissait mais il avait pris le temps de la présenter à chacun. Et puis, Charlotte ne l'avait également jamais laissée seule afin qu'elle puisse prendre ses repères et s'habituer à ce nouveau mode de vie. Bien sûr, l'univers du français l'impressionnait. Mais elle était aussi curieuse de découvrir tout ce que sa passion impliquait. C'était son quotidien. Et elle devait composer avec.

Arrivés à destination, ils s'empressèrent de déposer leurs bagages dans l'appartement de la franco-italienne et de repartir pour honorer le programme qu'ils avaient élaborés. Ils patientèrent un peu en retrait devant l'école de Nina qui ignorait qu'ils venaient la récupérer à la sortie de l'école. Aria bouda alors que sa soeur se jeta dans les bras de son compagnon dès qu'elle l'aperçut.

« Et moi alors, je ne t'ai pas manqué petit monstre ? demanda-t-elle en se baissant à la hauteur de la fillette.

- Je ne suis pas un petit monstre, râla-t-elle pour toute réponse.

- Tu as raison, s'accroupit Pierre à son tour. Tu es un grand monstre, se moqua-t-il en prenant sa main.

- On va où ?

- Prendre un goûter digne de ce nom, précisa sa soeur. »

Ils s'installèrent au fond d'un petit café, à l'abris des regards, et commandèrent des chocolats chauds et des gaufres.

« C'est ce que je préfère ! Assura Nina.

- Je sais, répondit l'aînée.

- Alors... Commença la petite, vous êtes réconciliés ? Pour de vrai ?

- Oui, ne t'inquiète pas pour ça, acquiesça Pierre.

- Dis Pierre, je sais que je suis ton équipière mais faut peut être je laisse ma place à Aria maintenant, non ?

- Tu n'as pas besoin de laisser ta place. On peut être une équipe, tous les trois. Qu'est-ce que tu en dis ? »

Pour toute réponse, le sourire de Nina s'étira et son regard pétilla sous l'œil bienveillant de sa sœur. Cette dernière était reconnaissante que le pilote ne soit pas gêné par la présence de sa cadette et qu'il s'implique autant dans la relation qu'il entretenait avec cette dernière. Après tout, la fillette avait besoin d'affection. Et elle le méritait.

LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLYWhere stories live. Discover now