La cavale des sentiments (TOME 2) [TERMINE - A CORRIGER]

CALLIE - LISA - JANSSEN - CLARA

Clara avait ses mains sur le volant, s'approchant de l'endroit où elle avait vu cette jeune femme. Elle jeta un coup d'oeil dans le rétroviseur et le pick-up orange était toujours là. Ils étaient du mauvais côté de la route vu qu'elle était dans l'autre sens lorsqu'elle avait vu cette femme. Ils étaient sur la Veteran Memorial Highway et il n'y avait aucune barrière de sécurité. Seulement de l'herbe sèche pour diviser l'autoroute en deux. Elle donna un gros coup de volant, sortant donc de la route, priant pour que ce pick-up fasse la même chose qu'elle. Elle klaxonna comme jamais auparavant, les véhicules arrivant ralentissant, le bruit des pneus hurlant. Le pick-up suivit le mouvement et Clara eut un sourire.

-Clara ! T'es complètement malade !
-C'est là que je l'ai vue. On a pas le temps.
-Mais... T'es folle ma parole, souffla Henri, se tenant la poitrine, remarquant encore un de ces camions avec ce slogan.
-Allez... Suis-nous Callie, dit-elle en fixant le pick-up dans son rétroviseur.
-Hein ? fit-il avant de se retourner, voyant la Ford orange. Tu savais ?
-Je m'en suis doutée. Elle nous colle au cul depuis qu'on a quitté Mesquite.
-C'est pour ça que t'as pas voulu t'arrêter...
-Désolée Henri. Si on les arrête... Autant leur donner l'occasion de se voir.
-Tout au nom de l'amour ?
-Qu'est-ce que ça change, mh ? Tu les auras toutes les deux quand même...
-Mhmh... 

Henri observait Clara et elle souriait. Elle n'avait plus cet air triste. Il se demandait ce qu'elle avait en tête mais ce qui comptait c'était qu'ils avaient au moins Callie. Même si cette femme qu'elle avait vu n'était pas Lisa... Elle reviendrait probablement pour elle. C'était un coup à tenter. Janssen ne put s'empêcher de sourire en regardant toujours Clara. Elle arrivait encore à le surprendre après toutes ces années ensemble. 

-Epouse-moi...
-Quoi ? fit Clara en tournant la tête vers Henri.
-Epouse-moi. Je... Je t'aime. T'es complètement barrée mais... Bordel, je t'aime.
-T'es complètement fou !
-Fou de toi, dit-il en souriant. Je veux passer ma vie avec toi. Personne d'autre. Tu es la seule femme qui en vaille la peine à mes yeux. Je crois que je commence à comprendre la psy. Je te suivrais n'importe où, même si tu coupes la route à des camions sur l'autoroute. Tu es incroyable Clara... Tu cherches toujours à faire le bien et tu le vois même quand personne n'arrive à ouvrir les yeux assez grand pour l'apercevoir. C'est ce que j'aime le plus chez toi. Ton optimisme. 
-Mais...
-J'ai vu ton sourire quand tu as eu confirmation que c'était elle derrière nous. Quitte à ne pas pouvoir m'empêcher de les arrêter, tu veux au moins leur laisser une chance de se dire au revoir... Et ça... Ca me fait juste tomber amoureux de toi encore plus que je ne l'étais déjà. 
-Henri, souffla Clara, les larmes aux yeux.
-Je t'aime alors... Epouse-moi. Quand tout ça sera fini... Deviens ma femme.
-Je t'aime aussi, souffla-t-elle doucement, regardant la route alors qu'elle mourrait d'envie de s'arrêter pour l'embrasser.
-C'est un "oui" ? demanda-t-il en riant légèrement.
-Oui... Je... Oui ! souffla-t-elle, pleurant de joie.

Henri eut un large sourire, ne la quittant pas des yeux alors qu'elle pleurait toujours.

-Pleure pas... Ca sera pas si terrible, dit-il amusé.
-Tais-toi, idiot, souffla-t-elle en lui tapant doucement l'épaule.

Janssen eut un rire, attrapant sa main pour déposer un baiser plein de tendresse sur ses doigts. 

-Concentre-toi sur la route maintenant. Lisa... On arrive, dit-il, presque euphorique, regardant dans le rétro pour voir la Ford qui les suivait.

Callie était toujours derrière eux, les collant bien qu'en gardant une distance raisonnable au cas où un coup de frein serait fait. Elle savait qu'ils savaient. Si ils étaient bien à la recherche de Lisa, si c'était eux, alors ils savaient qu'elle était dans cette voiture, ou que c'était Lisa. Dans tous les cas, ils savaient que c'était l'une d'elles mais elle s'en fichait. Elle voulait la retrouver. C'était tout ce qui comptait. Elle voulait la voir, voir qu'elle allait bien, voir qu'elle finirait en prison mais à la morgue en tentant de fuir... Elle voulait lui dire à quel point elle était désolée. Désolée que ça se soit passé comme ça, désolée de lui avoir laissé croire qu'elle la laissait tombée, désolée de ne pas avoir pu faire plus mais surtout, elle voulait lui dire à quel point elle l'aimait et à quel point elle aurait toujours sa place dans sa vie. Jamais rien ne pourrait effacer l'amour qu'elle portait à cette femme. Dès la première fois, elle avait su qu'elle était spéciale même si elle ne s'était pas encore rendue compte à quel point jusque là. Elle serait prête à percuter leur voiture pour les envoyer au fond d'un canyon si ça la sauvait... Elle était prête à tout pour elle, vraiment tout. Cependant, il fallait la retrouver pour lui dire tout ça mais la voiture en face de la sienne ralentis légèrement. Elle ne comprenait pas pourquoi, ne voyant pas ce qu'il se passait devant. Elle décala sa voiture pour voir et elle la vit.

Lisa marchait dans le désert, sans savoir où elle allait. Elle n'avait aucune idée d'où elle se rendait mais elle continuait. Elle devait avancer pour pouvoir leur échapper. Les larmes roulaient sur ses joues alors qu'elle espérait que Callie allait la retrouver. Elle regrettait s'être enfuie de la sorte. Elle ne lui avait pas laissé le temps de s'expliquer et peut-être qu'elle n'en aurait jamais l'occasion, tout ça parce qu'elle s'était braquée. Elle s'en voulait d'avoir agit si bêtement. En marchant pendant des heures, elle avait eu le temps de réfléchir et elle connaissait Callie... Jamais elle ne l'aurait laissée tomber. Elle devait avoir une idée derrière la tête mais il était trop tard pour faire marche arrière. Ces flics étaient sûrement déjà à Mesquite depuis un bail, ils avaient peut-être même réussi à mettre la main sur elle... Cette idée lui donnait envie d'abandonner, juste dans l'espoir de pouvoir la voir au poste de police. Elle voulait lui dire qu'elle était désolée d'avoir fui si bêtement, d'être celle qui l'avait laissée tomber, qu'elle lui était reconnaissante pour tout, qu'elle ne la remercierait jamais assez pour tout cet amour et cette tendresse, pour sa liberté même si elle fut de courte durée et qu'elle l'aimait plus que tout au monde. Une pointe d'espoir lui tendit les bras lorsqu'elle entendit une voiture derrière elle.

-Callie ?! s'écria-t-elle en se retournant, un large sourire aux lèvres. 

Pourtant son sourire s'effaça lorsqu'elle vit deux voitures au loin. Un pick-up Ford orange avec seulement une personne au volant et devant lui, une voiture de police. C'était fini... Ils l'avaient retrouvée. Elle était prête à abandonner, mettant ses mains derrière la tête lorsqu'elle entendit la voix de Callie résonner dans le désert.

-Cours Lisa, cours !

Elle sentit une impulsion dans ses jambes, comme si elle ne contrôlait rien et elle se mit à courir. Elle n'irait jamais plus vite qu'une voiture mais elle courait malgré tout, l'espoir envahissant tout son être. Callie était là alors tout se passerait bien. Elle trouverait une solution, comme elle l'avait toujours fait. La voiture de police redémarra, poursuivant Lisa. Clara ne pouvait s'empêcher de sourire alors qu'ils avaient tout deux entendu Callie lui hurler de s'enfuir. Henri regardait celle qui allait devenir sa femme, admiratif. La Ford suivit, Callie appuyant sur la pédale pour les rattraper, venant taper l'arrière de la voiture de police. Clara gardait le contrôle de son véhicule, continuant sa route.

-Pas dangereuse, mh ?
-Désespérée... affirma Clara, les larmes aux yeux. Est-ce que tu m'aimes autant qu'elle l'aime ?
-Je ferais la même chose qu'elle... affirma Henri.

Clara eut un sourire plus large, les larmes lui échappant. Elle n'avait jamais vu quelqu'un aimer autant une autre personne. Une femme qui avait une vie bien sous toutes les coutures, rien à se reprocher si ce n'était d'aimer assez fort que pour braver les interdits, prête à les envoyer dans le décor... C'était probablement de la folie et Henri l'avait dit, elle était complètement barrée, mais elle trouvait ça atrocement beau. Ils pouvaient avoir un accident mais elle trouvait ce geste magnifique. Risquer sa liberté, sa vie, celles d'autres... Une splendide cavale pour l'amour.