Chapitre 31

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Les lumières s'éteignent, les monoplaces s'élancent en même temps sur le Red Bull Ring. Le Grand Prix de Styrie est lancé.

J'essaie de garder un oeil sur la Williams de George, qui s'est élancé de la dixième place, mais les caméras se concentrent sur la bataille Verstappen conte Hamilton à la tête de la course.

    George n'avait pas fait d'aussi bonnes qualifications depuis le Portugal. Il était plein d'espoir hier soir, quand je l'ai eu au téléphone. Ils espèrent tous marquer les premiers points de la saison.

    La tension sur le canapé est intense. Manon veut que Verstappen reste en tête, alors que Yann vit intensément la bataille, priant pour que Hamilton parvienne à prendre les devants.

    Malheureusement pour Yann, le néerlandais prend la tête, et commence à creuser l'écart dès les premiers tours.

    Je jette un coup d'oeil au classement, laissant échapper un petit cri de joie quand je vois que George est neuvième après son excellent départ. Mes deux ados me dévisagent comme si j'étais complètement folle.

— George est neuvième, me justifiais-je.

    Monaco a changé les choses entre nous. Je commence vraiment à lui faire confiance, et je le considère comme un réel ami. Même si nous n'avons pas pu nous revoir beaucoup, nous nous appelons dès que nous en avons l'occasion. Je l'ai soutenu à distance sur les deux derniers grand prix, notamment à Baku, Grand Prix considéré comme l'un des plus dangereux du calendrier.

    Les premiers tours passent, George fait une excellente course. Il n'a jamais semblé aussi à l'aise dans sa monoplace.

— S'il te voyait, autant investie, il se moquerait de toi, me lance Yann.

    Je lui tire la langue, avec toute la maturité dont je suis capable, faisant rire mes deux gamins. Je ne quitte pas l'écran des yeux, je ne veux rien manquer.

    Moi qui méprisait ce sport, je comprends vraiment pourquoi il y a autant de fans.

    Après quelques tours, un accrochage permet à George de remonter à la huitième position. C'est incroyable. Je n'ose pas imaginer l'ambiance dans le garage Williams. Ça doit être incroyable, je regretterai presque de n'avoir pas fait le voyage. Mais j'ai des obligations qui m'ont tenue ici.

    Les tours passent, Manon est de plus en plus sereine. Son deuxième pilote préféré, George occupant évidemment la première place pour tous les deux, creuse l'écart en tête de course, personne ne le rattrapera si tout se déroule normalement. Ce n'est pas la même ambiance du côté de Yann, qui jette des regards noirs à Manon dès qu'elle se réjouit. Moi, je ne quitte pas le numéro 63 des yeux.

— S'il ramène ses premiers points le jour de ton anniversaire, il ne pourra pas te faire de meilleur cadeau.

    Nous sommes le vingt-sept juin, c'est mon anniversaire. Et il n'a jamais fait une aussi bonne course. Il est clair que s'il me ramène des points, personne ne pourra égaler son niveau de cadeau. Je croise les doigts pour que ça continue comme ça.

    Il rentre aux stands au vingt-septième tour, comme par hasard, pour changer ses pneus. Je me tends. Ça doit se passer rapidement s'il ne veut pas perdre trop de places et garder sa chance de ramener des points.

    Mais c'est long, très long. Je ne sais pas ce qu'il se passe, les mécaniciens rencontrent un problème. Son arrêt dure dix-huit secondes. C'est beaucoup trop long. Je m'effondre dans le canapé quand il ressort à la dix-huitième place, devant son coéquipier.

— C'est injuste, râle Manon.

— Ça arrive, malheureusement.

    Pendant les tours suivants, il se bat pour essayer de rattraper son retard.

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