Chapitre 22 : Mental d'acier

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Un bruit assourdissant et métallique me réveilla en sursaut. La joue collée contre une paillasse, je me relevais péniblement. Mes yeux ne distinguèrent qu'une faible lueur au loin. Je me frottais les tempes, en proie à un mal de tête atroce. Il me fallut plusieurs minutes pour comprendre où j'étais. Un sol froid. Une odeur de pourriture. Et mon corps engourdi qui ne savait plus exactement comment bouger. 

Depuis combien de temps étais-je dans cet état ? Mon premier réflexe fut d'appeler les énergies. Plus exactement, Rubis. Mais rien. Je m'affolais, plaquant mes mains au sol pour plus de contact. Aucune pièce ne pouvait être complètement dénuée d'énergies. Et pourtant, je ne sentais rien. Pire... le néant émanait de mon corps. Comme si les énergies n'existaient plus. Comme si mon corps m'était devenu étranger. 

J'arrivais à peine à bouger mes jambes. Un élancement dans mon mollet ramena à moi les derniers événements. Ma mâchoire trembla subitement quand je compris dans quelle situation j'étais fourrée. Le visage de la femme à l'œil balafré me revint brusquement en mémoire. Elle avait déjà essayé de me capturer, mais son élixir n'avait pas fonctionné. Qu'avait-elle dit, cette fois ? Un poison... ils m'avaient empoisonnée. 

Malgré la paralysie incomplète de mon corps, mon cerveau s'activait vivement. Les pièces du puzzle se mirent facilement en place. L'Ombre avait mentionné le frère jumeau d'Adam, Elijah. Il était derrière tout ça. Pendant ma bataille contre Phaïp et ses hommes, il m'avait touché avec une fléchette. Et cette fois, ce n'était pas qu'un simple élixir, mais un poison, probablement destiné aux Mutants. Le poison était difficile à manier, raison pour laquelle les élixirs étaient privilégiés. Mais il semblerait qu'Elijah n'avait eu aucun scrupule à tester du poison sur mon corps. 

Bêtement, j'avais cru avoir résisté à la fléchette et son contenu. En vérité, le poison agissait sur le long terme. La femme avait mentionné Law, donc elle savait qu'il se trouvait avec moi. Il me fut facile de tout comprendre à partir de là. Dès le moment où l'Ombre avait compris que Law m'aidait, il lui avait suffi de le pister. Il ne se cachait pas autant que moi, puisqu'il n'était pas recherché. 

Puis une fois que j'eus été touchée, ils n'avaient eu qu'à attendre que le poison fasse effet. Mes amis, bien moins résistants que moi, avaient succombé au gaz. Le poison qui s'était chargé de moi. J'eus le souvenir amer de Law me suggérant de m'entraîner à résister aux poisons. Adam avait réfuté l'idée, arguant que c'était trop dangereux. J'en avais pensé la même chose. 

Maintenant, je n'en étais plus si certaine. Si j'avais effectivement constitué une plus grande réserve d'anticorps, j'aurais sûrement mieux résisté. Il fallait que ce genre de situation arrive pour que je réalise ça ! Je me mordis la lèvre, angoissée pour mes amis. Et s'ils étaient, comme moi, dans des cellules ? Pire, et si les Ombres les avaient tué ? Je ne voulais pas penser à ça. Et puis, ce n'était pas logique. 

Pourquoi utiliser de la fumée s'ils pouvaient les abattre directement ? Ils auraient dû tuer un Arrano, ce qui n'aurait pas manqué de représailles de la part des Lumières. Non, ç'aurait été trop compliqué à gérer. Et de toute manière, mes amis ne pouvaient pas alerter qui que ce soit sur mon enlèvement, puisqu'ils n'étaient pas censés être avec moi. 

Je me rassurais comme je le pouvais, tentant de me convaincre qu'ils étaient encore en vie. Je ne pourrais pas le supporter s'il leur était arrivé quelque chose, à cause de moi. Je pris mes genoux dans mes bras, tendue à l'extrême. Ma respiration était saccadée, tant j'avais l'impression d'étouffer. J'essayais de me répéter les conseils d'Elizabeth. Concentre-toi sur ton cœur. Laisse ta partie rationnelle prendre le dessus. 

Je serrais la topaze d'Adam dans ma main, pensant à lui et aux conseils qu'il m'aurait donné. Je pouvais au moins me consoler du fait que ma mère et Liz étaient déjà parties. Mais la pensée que mes amis aient pu être tués me bouffait, m'écrasant comme un rouleau-compresseur. Non. Ils sont vivants. Ça ne peut pas en être autrement. 

Mutante - Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant