Chapitre 4 : Doutes

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Je m'avançais avec l'envie brûlante de le prendre dans mes bras, de poser mes lèvres sur les siennes. Mais un détail non négligeable me rappela à l'ordre. Le trou dans ma poitrine était toujours présent, même s'il était moins douloureux par ses paroles. Et je ne voulais pas que ce nouvel espoir ait le temps de grandir, pour finalement être violemment terrassé. Je ne le supporterais pas.

Je pris une grande inspiration, et tentais de calmer les battements déraisonnés de mon cœur.

– Qu'est-ce que c'est que cette histoire avec Vitoria ? l'accusai-je, acerbe.

Son visage se ferma, avant de laisser transparaître sa tristesse.

– Et si on en parlait à l'intérieur ? me proposa-t-il doucement.

Je levais un sourcil.

– Avec elle, tu veux dire ?

Il ne voulait quand même pas que je sois dans la même pièce que cette harpie ? L'une de nous n'en sortirait pas vivante. Adam écarquilla les yeux, effrayé par cette perspective.

– Non ! J'ai réussi à la faire partir.

Je restais sceptique.

– Comment as-tu réussi à la virer de son propre appartement ? doutai-je.

Il retroussa des lèvres, l'air peu ravi. Devais-je m'inquiéter ?

– Je soupçonnais qu'elle voulait rester ici pour passer du temps avec moi. Alors avant toute chose, je lui ai dit que je déménagerais dès le lendemain si elle voulait son logement. Je lui ai bien fait comprendre que je devais travailler seul. Elle m'a dit repartir en mission bientôt, et donc m'a quand même laissé l'appartement. Elle ne voulait pas que je le quitte comme ça, elle tient à me... plaire, choisit-il minutieusement son dernier mot.

Je retins un grognement de jalousie. Ce n'était pas le moment de piquer une crise. La brise violente du vent me ramena à la réalité.

– A l'intérieur, c'est bien, murmurai-je, soudainement insécure sur le toit.

Adam me laissa m'engouffrer en premier dans la cage d'escalier, comme s'il avait peur que je change d'avis. Rubis nous suivit à la trace, méfiant envers Adam. Ce Mutant savait exactement ce que je ressentais vis-à-vis des gens, c'était fou.

J'imaginais que je laissais transpirer certaines énergies en fonction de mes émotions, et qu'il arrivait à les décoder. Après tout, ma vision des énergies n'était rien comparé à tout ce qu'il pouvait distinguer. Je l'avais appris à mes dépends.

Je sentais Adam tout proche de mon dos, même s'il prenait gare à ne pas me toucher. En rentrant dans l'appartement, un parfum fruité me parvint aux narines. J'éternuais sous la quantité. Une odeur avait beau être délicieuse, elle devenait insupportable une fois trop forte.

En l'occurrence, le parfum de Vitoria eut vite fait de m'irriter. Dans tous les sens du terme. J'ouvris les fenêtres, sous le regard curieux d'Adam.

– Tu ne sens pas sa puanteur ? m'écriai-je.

Il s'autorisa un rire.

– Pas aussi sensiblement que toi. Je ne trouvais pas ça puant.

Mes doigts se crispèrent sur la poignée de la fenêtre. Mon regard noir dut lui faire comprendre sa bourde. Il se rapprocha, et après avoir guetté ma réaction, plongea son nez dans mes cheveux. Je me retournais, alors qu'il osait replacer une mèche derrière mon oreille.

– Ça reste toi la fleur avec le plus joli parfum, chuchota-t-il en approchant son visage du mien.

Je pointais un doigt sur son torse. Il me fallait plus que des jolis mots pour l'autoriser à s'approcher plus près. En somme, des réponses surtout.

Mutante - Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant