Prendre une inspiration

👀 Je te vois

Défi sur un thème singulier : se mettre à la place du méchant et s'inspirer de cette image :

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⚠️ Ce texte est narré par un psychopathe, les propos peuvent mettre mal à l'aise, sans qu'il n'y ait toutefois de scènes choquantes (ni violence, ni sang).

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Où es-tu ?

Les rayonnages étaient interminables. Ils s'enchaînaient en de longs couloirs, les uns derrière les autres, dans un ensemble de couleurs. D'un pas serein, j'avançai, le regard vif. Chaque passage que je dépassais sans la trouver réveillait l'adrénaline dans mes veines. Je la savais ici, l'esprit encombré par tous ces livres.

Je n'étais pas impatient de la dénicher, la chasse était mon sport préféré. Cette attente dans le silence et l'immobilité, ce sentiment d'être puissant, d'avoir le contrôle sur une situation qui échappait totalement à la proie. Contrairement à mes week-end en forêt où je chassais les grives dans une cabane, ma proie spéciale, m'obligeait à bouger.
Quelle allumeuse. Elle me faisait courir à travers la ville pour que je la poursuive.
Tel le loup traquant le lapin.

Où es-tu mon lapin ?

L'allée de la littérature historique était animée, je restai donc à distance sachant qu'elle ne s'y trouvait pas. L'excitation agitait mes muscles, pour autant, j'affichais une neutralité parfaite. Maître de moi-même et de ces pulsions qui envahissaient ma tête.

Je me languissais de découvrir dans quel rayon mon lapin se terrait. Je me promis de noter le livre qu'elle consulterait et reproduire une scène avec elle. Un sourire étira mes lèvres à la pensée qu'elle soit attirée par les thrillers ou les romans d'horreurs. J'adorerais ça.

Mais ma proie n'était pas ainsi, ses goûts avaient quelque chose d'élégant.
Elle prenait son thé Earl Grey avec une goutte de lait, mangeait toujours à table quand bien même elle était seule, dormait tranquillement du côté gauche sans jamais bouger, prenait ses douches matin et soir pendant 7 min sans exception, et même dans un moment intime, sa grâce guidait ses mouvements.
Oui, ma proie était de qualité.

Mais où te caches-tu ?

En dépassant mon énième couloir, une femme me frôla et s'excusa de m'avoir tamponné avec ses livres. Je lui offris un sourire charmeur tout en la rassurant sur sa maladresse ; il n'y avait aucun mal. Au contraire, son parfum riche chatouilla mes narines et imprégna mon corps d'un shoot de désir.
À cet instant, je m'imaginais la tamponner d'une autre façon. Non, de tout un tas de façons différentes.

Malheureusement pour elle, ce n'était pas mon joli lapin. Je repris donc ma traque, le ventre en feu. Mes pensées commençaient à se disperser, délivrant des images de ma proie dans le dénouement de ma chasse. Or, je ne devais pas brûler les étapes, il me fallait être sage, discret et tempéré.
Un léger mouvement attira mon attention sur l'allée à droite.

Est-ce toi ma jolie ?

Je bifurquai nonchalamment dans le passage adjacent, mes yeux rivés sur les petits espaces ouverts entre les étagères. Je feignis de trouver un ouvrage intéressant tandis que mes prunelles observaient le dos de la jeune femme.
Ses cheveux lâchés avaient la couleur du miel, ses boucles semblaient soyeuses et cascadaient jusqu'à sa chute de rein.

Hum, oui, je t'ai trouvée.

Mon cœur entama un rythme frénétique alors que mon sang se réchauffait. J'adorais ce moment, suspendu dans le temps, où la traque avait pris fin parce que j'avais gagné. J'avais été le plus rusé, le plus fort. À présent, une autre phase s'enclenchait. La contemplation.

Elle se tourna à demi vers moi, appuyant une épaule sur le rayonnage tandis qu'elle lisait. Totalement absorbée par les lignes de ce roman, elle était inconsciente de mon observation.
Mon regard analytique capta une information précieuse pour mon jeu.

Oh, mon lapin...

Ma curiosité m'apprît que ma proie se camouflait au milieu des œuvres érotiques. Sale coquine.
Je savais que j'avais bien choisi. Elle se montrait élégante, mais dissimulait des déviances. Comme moi.
Mes doigts se crispèrent sur le livre que je tenais en guise de couverture. Se serait atrocement plaisant de reproduire une scène de ces bouquins.

Rassemblant mon self-control, j'imitai la posture de ma proie et me figeai dans un immobilisme parfait. Le nez dans les pages, les yeux captivés par sa silhouette.

Je te tiens.