-Qu'as-tu fais, encore, Iris ?!
Le visage d'Albert était rouge de colère. Le compagnon de la maisonnière d'Iris était un véritable enfer pour celle-ci. En ce moment, il fixait avec rage le vase désormais cassé qui gisait au sol. L'eau que contenait le récipient il y a encore quelques instants se déversait sur le plancher. Les fleurs auparavant si belles étaient en piteux état et perdaient de leur éclat à chaque seconde. La chatte se terra contre le mur, apeurée.
-Et m*rde ! C'est la troisième fois de la semaine p*tain !
Iris miaula de terreur lorsqu'il voulut la prendre dans ses bras. Elle griffa l'avant bras de l'homme avant de sauter au sol. L'homme jura à nouveau avant de la pourchasser, l'obligeant à se replier vers le jardin. Une fois sur l'herbe, l'homme referma la porte coulissante derrière elle, l'empêchant de revenir. À travers la vitre, la chatte pouvait voir l'homme qui hurlait encore et encore.
Une femme pénétra soudain dans la pièce.
-Que se passe-t-il ?
-Ah Nadia qu'est-ce que j'en ai marre ! Ta p*tain de chatte n'a rien de mieux à foutre que de casser encore et encore ! Regarde m*rde !! Elle a cassé un vase cette fois !
La femme semblait bien s'en ficher. Elle regardait tout autour d'elle
-Où est-elle ?
-Dans le jardin ? Dans la rue ? Aucune idée elle est pas là et tant mieux !!
-Qu'est-ce que tu es con Albert !!!!
La femme ouvrit en grand la porte vitrée donnant sur le jardin, et cria :
-IRIS !!!!
La chatte apeurée était terrée sous la haie. En reconnaissant la voix de sa nourrice, elle sortit le museau du feuillage.
-Ah elle est là cette p*te dit Albert en apparaissant aux côtés de Nadia !!
Iris miaula de terreur et disparut derrière la haie. Nadia courut, le visage baigné de larmes mais l'homme la retint par le bras.
-ALBERT LÂCHE-MOI ! TOUT DE SUITE !!!!
L'homme gueula. Il en avait marre. Il aimait Nadia. Il haïssait cette chatte. Si seulement elle pouvait partir à jamais... Il serait heureux. Heureux avec sa compagne, sans petite bestiole pour récolter toute l'attention et faire des bêtises dans toute la maison.
S'il retenait Nadia, pensait-il, Iris serait partie et alors, elle ne reviendrait plus.
-IRIS !!!!
Nadia se débattait dans les bras d'Albert, le visage rouge. Les larmes dévalaient ses joues. Des larmes de tristesse. Iris, sa chatte bien aimée était...partie. Plus là en tout cas. Elle priait pour qu'elle ne soit pas partie trop loin. Des larmes de colère. Sans l'intervention d'Albert, sa chatte serait en sécurité à la maison.
Son esprit se concentra sur cette pensée et lui donna la force de se libérer. Elle courut vers la haie. De l'autre côté, la route. Des dizaines de voitures fonçaient dans tous les sens, semant leur odeur âcre derrière eux. Aucun chat en vue. Iris avait disparu.
Iris courait sur le trottoir, affolée... Elle traversa la route manquant d'être écrasée par une voiture dont les pneus crissèrent sur le sol dur et brûlant par le soleil.
-Nadia , miaula-t-elle tristement !
Un vélo passa à côté d'elle, la ratant de peu.
-J'ai peur...
Elle se réfugia dans un buisson. Tous ces humains la terrifiaient. Elle les craignait désormais plus que tout. Pourquoi étaient-ils si brutaux ? Pourquoi étaient-ils si cruels ? Nadia n'apparaissait pas de l'autre côté de la rue. Iris devait faire un choix dans cet instant crucial. Elle ne réfléchit pas plus longtemps.
-Adieu ma maison... Mon foyer de toujours... Je ne dérangerais plus Nadia... Je suis désolée ! Tout est de ma faute...
Elle se retourna, son pelage d'habitude impeccablement lustré était plein de petites épines et herbes qui la collaient.
-Je t'aime...
Le cœur brisé, la chatte passa sous une barrière de bois brun clair. Elle était arrivé sur un territoire jonché d'herbes hautes qui poussaient dans tous les sens.
Aussitôt, un chat roux lui sauta dessus en crachant avant de se stopper net.
-Je te connais ! Tu es la chatte domestique de la grande maison beige !
