× Music ×

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Il n'y avait pas de paroles, il n'y avait pas de basses aux fréquences frappantes, il n'y avait pas de drill grésillant, il n'y avait pas de voix autothunée chantant des abonimations appelées ''paroles inspirées'' par les plus hypocrites. Non, ce qu'il entendait, c'était bien différent de ce genre de musique que tout le monde connaissait et écoutait pour s'imiter les uns les autres en copies décolorées, à défaut de tous l'aimer.

Lui, on le disait artiste, mélomane, électron libre, prodige. Eh bien, il n'en pensait pas un mot.

Il vivait simplement avec la musique. Du soir au matin, pendant ses cours et les offices, il écoutait de la musique. Et aujourd'hui ne faisait pas exception.

Le rythme s'envolait, les notes hurlaient tout ce qu'elles pouvaient, les violons brûlaient leurs cordes à l'unisson, les viloncelles se déhanchaient pour se faire entendre, le piano passait inaperçu dans le mélange d'instruments que même lui ne pouvait tous citer, tous unis et liés dans une même harmonie, plus qu'aucun être humain ne saurait l'être avec son voisin.

Il ne faisait pas qu'écouter, ce serait gâcher tous ces efforts que faisaient les interprètes de cette pièce. Il virevoltait avec les notes, tordait ses mains et son corps dans tous les sens pour parvenir à extérioriser tout ce qu'il ressentait, sentait son cœur battre sur le même rythme que cette flûte traversière qui luttait pour rester vive et suivre la troupe.

Son visage, à ce moment, était le plus grand trésor que l'humanité n'eut jamais pu compter, quand ses yeux se fermaient et que sa tête partait vers l'arrière, son sourire figé comme une poupée de porcelaine aussi vivante que le soleil, ses joues roses de sensations, ses yeux brillants de vie derrière ses paupières closes.

Mais toute bonne musique possède son accord final. Les notes se turent, les cordes ne vibrèrent plus, les musiciens partirent.

Lui il était toujours là.

Tout seul.

Alors il tourna les talons, ses yeux s'emplissant de larmes acides et sa bouche se plissant irrésistiblement vers le bas, ses lèvres tremblant autant que son menton et ses poumons s'affolant de par le noeud gigantesque ayant pris place dans sa trachée. Ses dents serrées ne suffirent pas à étouffer le sanglot qui le surprit, reniflant désagréablement pour pouvoir respirer à nouveau.

Il ne fit cependant que quelques pas avant de s'arrêter de nouveau.

« Adieu Papa, tu étais la plus belle des partitions, murmura-t-il enfin à la tombe qui ne lui répondrait plus. »





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