𝟷𝟽 - 𝙰𝚠𝚊𝚢 𝚏𝚛𝚘𝚖 𝚞𝚜.

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Away from us : loin de nous.

14/10/2022 : 00H05

𝐓𝐢𝐭𝐚̀𝐧.

Les mariages sont toujours des événements qui rassemblent ; aujourd'hui ne fait pas exception. Mais chez nous, après ces mois de noirceur, les pertes que mon Clan a subies, les explosions de vérités qui nous ont ébranlés et l'épée de Damoclès qui pèse toujours au-dessus du territoire des Dark Evil Lions, celui qu'on s'apprête à célébrer est une pause festive dont on avait besoin.

Aujourd'hui, toutes nos merdes sont mises de côté. Plus qu'un accord tacite, c'est une véritable décision de groupe que de ne penser qu'au positif. On restera sur le qui-vive, mais Ashton et Naya ont le droit à un jour particulier placé sous le signe du bonheur : le leur. Plus ou moins consciemment, je crois qu'on espère tous être éclaboussés, comme si les gouttes de leur amour avaient le pouvoir de nous laver du stress que l'on porte.

— Faudrait plutôt un océan, ouais !

Sur cette pseudo poésie un peu trop matinale pour mon esprit prisonnier d'un mal incurable, en particulier quand on n'a pas eu le luxe de pouvoir dormir plus de quatre heures d'affilée, je saute du lit pour filer sous la douche. La salle de bain de la chambre d'hôtel est trop grande, trop lumineuse. Tout ça me colle le cafard. Mais Sawyer – qui a repris sa véritable identité – a tenu à faire les choses bien pour son enterrement de vie de garçon : on se retrouve donc à Denver avec les gars, après avoir vogué deux jours dans l'Etat sur nos bécanes. Sa blonde lui a filé carte blanche, la seule consigne était qu'on le ramène en un seul morceau jusqu'à l'autel.

Allez lui dire que sans sa jumelle, il n'est pas vraiment complet.

Je n'ai pas la gueule de bois, ma dernière cuite m'ayant vacciné pour au moins deux ans, mais c'est comme si : bouche pâteuse, tête en vrac, estomac retourné, impression que le monde ne tourne pas dans le bon sens, plus au bon rythme. Que je vais m'écrouler d'un instant à l'autre, ou vomir mes tripes et boyaux.

Je laisse couler l'eau froide jusqu'à ressentir la morsure des jets sur ma peau, me décrasse nerveusement l'épiderme au savon plus que de raison en essayant de faire abstraction des parois de la cabine : je me sens à l'étroit, oppressé. Voilà pourquoi j'ai privilégié les open spaces dans mon rocher. D'ailleurs, va falloir que je pense à y faire un tour, je n'y ai plus foutu les pieds depuis...

Depuis cette nuit-là.

Je rejoins les autres à 8 h 00 tapantes dans un coin réfectoire qu'on a réservé, me force à avaler un truc, me dope au café noir sans sucre, participe aux discussions pour donner le change. Je crois bien que personne n'est dupe, mais tout le monde a le bon sens de me foutre la paix. Même Jude s'est mis sur pause, pour l'occasion. Verbalement du moins, car lorsqu'il s'assied face à moi à table, la tronche pas plus fraîche que la mienne et sa barbe dorée pas encore taillée au millimètre, son regard acier me raconte qu'il sait à quoi je pense – à qui – et me rappelle qu'il est là, si j'ai besoin de vider mon sac.

— Pas aujourd'hui, l'avisé-je sans détourner les yeux.
— Je sais. Quand tu veux, mon frère.

La matinée se passe sans encombre, l'ambiance n'est que bonne humeur et vannes fumeuses, déviant à 90 % sur le cul. Ashton rit à certaines, offre son regard de serial killeur impassible à d'autres quand les choses dévient trop sur sa future femme et qui dirige leurs parties de jambes en l'air.

Je me suis laissé dire que la libido des femmes enceintes est exacerbée, et je n'ai aucune foutue envie d'avoir ce genre d'images en tête si Naya est dans le scénario, bordel !

SAUVAGESWhere stories live. Discover now