Chapitre 6 - Ashkore

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La lunienne écarquilla les yeux et sans réfléchir donna la responsabilité de l'enfant à Keroshane avant de le tenir par les épaules.

« S'il te plaît ! J'ai besoin de toi là. Ne perds pas tes moyens devant les enfants. Alerte la garde. Fais sonner une cloche. Protège-les. Tu es un gardien, tu connais ton devoir. » dit-elle d'un ton qui trahissait son angoisse.

L'homme hocha rapidement la tête et déguerpit aussitôt vers le quartier général. Moody fit volte face vers la terreur qui avançait vers la cité. Elle déglutit. Il lui fallait trouver un plan et vite. Les gardes à l'entrée sonnaient déjà l'alarme, refermant petit à petit les énormes portes. Sans perdre un instant, et avant que les portes de la cité ne se ferment, la lunienne courut en travers. Sur son passage, elle put dégoter deux faucilles au garde qui fermait les portes et qui lui hurlait de revenir dans la cité. D'un geste de la main, et à l'aide de sa magie, la femme aux cheveux violines claqua dans un bruit sourd le bois sur la cité. Elle était prise d'une adrénaline soudaine, qui la rendait invincible.

Le ciel fut transpercé d'un éclair noir. Une odeur de cendre et de sang lui parvint aux narines, l'obligeant à arrêter sa course folle au milieu de la plaine. Où avait-elle déjà senti cette odeur ? Moody fronça les sourcils en tentant de chercher dans sa mémoire, droite devant la foule qui se présentait à elle. Elle secoua le visage, ce n'était pas le moment de se déconcentrer. Tant que la garde d'Eel n'était pas là, elle se donnait la mission de retenir les troupes ennemies à distance. Ses mains, armées des faucilles, se croisèrent dans son dos, scrutant ses ennemis sans relâcher sa concentration. Des golems, des gobelins, des lutins... Des rejetons de la société, comprit la lunienne. Ils s'arrêtèrent tous comme un seul homme, se séparant entre deux troupes distinctes, Moody se mît imperceptiblement en position de défense, déplaçant une faucille dans son autre main pour pouvoir agir avec sa magie.

Elle n'était pas en position d'attaquer en première. Elle n'avait pas de réserve dans ses pouvoirs, et ses cheveux violines dévoilaient sa faiblesse, mais ça ils ne le savaient pas. Moody inspira doucement, calmant l'ardeur de son cœur dans sa poitrine. Elle ne pouvait pas jeter un coup d'œil en arrière, ce serait baisser sa garde. Les cloches sonnaient et l'on pouvait entendre au loin les soldats se préparer. Ses iris violettes suivirent le mouvement de masse qui se créa. Une silhouette se distingua entre les guerriers. L'homme marchait d'un pas lourd et majestueux. Il émanait de lui une forme de confiance et de force qui fit frémir la lunienne. Il était vêtu d'une armure de noir et de rouge, son visage masqué par une tête de dragon. L'odeur de cendre et de sang se fit plus intense.

« Une contre des milliers. C'est audacieux. » claqua la voix étouffée de l'inconnu qui s'avançait vers elle.

Son odeur. Je la connais. Mais d'où... s'interrogea la jeune femme. Ses pupilles se posèrent sur le masque de dragon qui se posta à quelques mètres d'elle. Il faisait au moins vingt bons centimètres de plus qu'elle. Dans son dos le mini trou noir, qu'elle avait créé pour se concentrer, dansait entre ses doigts.

« Insolent de porter le visage d'une race éteinte et orgueilleuse. » rétorqua-t-elle d'un ton sec.

L'homme fit un pas vers elle. Moody aurait dû déguerpir mais elle se contenta de rester stoïque sans baisser le regard des rubis du masque horrifiant.

« Une petite dévergondée qui n'a pas la langue dans sa poche. Ton odeur florale et minérale ne correspond pas à ton humeur salée.»

Moody arqua un sourcil. Mon odeur ?

« Petite. Tu devrais savoir qui je suis. » reprocha l'inconnu.

« Qui êtes-vous ? » demanda-t-elle en resserrant sa prise sur ses faucilles.

𝕷𝖆 𝕱𝖆𝖈𝖊 𝕮𝖆𝖈𝖍𝖊́𝖊 𝖉𝖊 𝖑𝖆 𝕷𝖚𝖓𝖊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant