Un peu plus rassurée, nous rejoignons le stand. Une femme rousse, la trentaine, me sourit chaleureusement.

— Cursus, nom et prénom ?

— Lettres. Lopez Avalone.

Elle fouille dans une caisse métallique remplie de dossiers et après avoir trouvé mon nom, elle me tend un plan du campus ainsi qu'un trousseau de clés. Son poids dans ma main est lourd de changements.

— Chambre 307, bienvenue à l'université.

Un frisson agréable me parcourt l'échine et je souris poliment à mon interlocutrice avant de me tourner vers ma mère, qui me regarde avec fierté.

Après avoir récupéré mes affaires dans la voiture, nous partons à la recherche de ma chambre. Nous pénétrons dans un grand bâtiment de pierre écrue et nous montons au troisième étage. Nous longeons le couloir en faisant attention à ne bousculer aucun étudiant – tous sont eux aussi chargés comme des ânes – et arrivons jusqu'à la chambre 307.

Ce sera toujours elle et moi contre le reste du monde, me répété-je, tandis que mon cœur tambourine dans ma poitrine.

J'inspire profondément, enfonce la clé dans la serrure, puis ouvre la porte. J'ai seulement le temps de faire deux pas à l'intérieur de la pièce qu'une fille me saute au cou, faisant tomber mes sacs et mes cartons au sol. Je reste figée par ce contact aussi soudain – je ne suis pas particulièrement tactile avec les inconnus – et je compte les secondes avant qu'on me libère.

Finalement, la fille s'éloigne de quelques pas et je découvre son sourire, qui ressemble étrangement à celui du chat du Cheshire dans Alice au Pays des Merveilles.

— Je suis désolée, me dit-elle en ramassant mes affaires pour les déposer sur un lit. Ça fait deux ans que je tombe sur des colocs complètement désaxés ou franchement douteux, et comme tu as l'air plutôt normale... je suis très heureuse et soulagée.

La voyant gênée, je ricane pour ne pas la laisser dans son embarras plus longtemps.

Je lance ensuite un regard furtif à Maman, qui hoche la tête dans une compréhension muette. Elle ne le montrait pas, pourtant elle aussi s'inquiétait pour ma colocation qui aurait pu virer au désastre. Néanmoins, ce sourire devant moi fait s'envoler mes craintes. Cette fille a l'air un peu perchée, mais pas méchante.

— Je m'appelle Lola, se présente-t-elle en me tendant sa petite main.

Je la serre chaleureusement.

— Avalone. Et voici ma mère, Claire.

Lola la salue avec le même sourire éblouissant qui découvre la totalité de ses dents, et ma mère le lui rend avant de poser mes derniers sacs sur mon lit. Quand elle me prend dans ses bras et que j'ai de nouveau un pincement au cœur, je comprends qu'elle veut faire ça vite pour m'empêcher de réfléchir et de m'inquiéter.

— Appelle-moi si tu as le moindre problème...

— Jusqu'à preuve du contraire, c'est moi la maman !

Je ris sans joie. Elle pose ses mains sur mes joues et m'embrasse le front avant de passer ses pouces sous mes yeux comme elle a l'habitude de le faire.

— Tu vas me manquer. Ton magnifique regard va me manquer...

— Toi aussi, Maman.

Elle recule d'un pas en m'observant pour s'assurer que je vais bien, et j'en profite pour faire de même avec elle, mémorisant une dernière fois les traits de son visage rempli d'affection.

The Devil's Sons [Sous contrat d'édition chez Plumes du Web]Where stories live. Discover now