- Je ne l'aurais pas dit comme ça.

- C'est pourtant comme ça qu'il faut le dire. Mais quelle . . .


Bordel elle m'énerve. Si cela continue comme c'est partit, cette femme va réussir à me mettre hors de moi.

Ça ne se fera pas.

Je dois garder mon self-control. Ne pas me laisser gagner par mes émotions trop impulsives.

Gérer cette fameuse colère.

Et ça risque d'être compliqué. Mais ça a quelque chose d'excitant.


* * *

Ça y est.

C'est plus simple que prévu au final. Énerver cet homme me semble à présent totalement possible. Le fait de répondre avec insolence et d'une manière qu'il n'a pas anticipé lui fait perdre son sang-froid. C'est amusant et bon à savoir. Mais je sens que je peux le pousser plus loin et je ne vais certainement pas me gêner.

J'ai peut-être exagéré en lui coupant la parole mais je ne regrette aucunement. Sa réaction certes minime promet bien des choses lorsque je passerai aux choses sérieuses.

Il a maintenant sa réponse. J'attends qu'il m'incite à continuer mon récit en buvant une petite gorgée du verre d'eau posé sur cette table. Un récit qu'il s'efforce d'interrompre encore et encore. Je pense pourtant avoir été claire.

Qu'il me laisse parler, qu'il écoute et qu'il la ferme.

Mais monsieur joue les rebelles en voulant s'affirmer et dévoiler son autorité débordante. Il ne sait pas à qui il a à faire.

Il interrompt mes pensées d'une manière que je n'aie moi nom-plus pas anticipé.


« Écoute ma jolie, ici c'est moi qui dirige les choses. T'es là uniquement pour me raconter ta putain de vie. T'as beau affirmer que tu ne seras plus jamais maîtrisée, j'ai le pouvoir de te foutre les jambes en l'air sur la table à n'importe quel moment. Alors la prochaine fois que tu l'ouvres pour faire ta caïd et prouver à ce verre d'eau que t'en as dans le ventre, t'étonnes pas de te retrouver menottée au mobilier de cette foutue pièce. »


Joli. Non vraiment, c'est bien envoyé.

Mais il pense sérieusement que grâce à son intervention je vais me tenir à carreau durant les quarante-huit prochaines heures ? T'as beau avoir une belle gueule ça ne t'empêche pas de te planter royalement.

Cela excite d'autant plus mon envie de le voir se déchaîner inutilement devant moi.

Mais maintenant c'est lui qui est parvenu à mettre mes nerfs à rude épreuve.

Ça ne se passera pas comme ça.

Je dois lui prouver que ses élans d'agressivité ne m'atteignent absolument pas. Monsieur à des couilles et il veut que je le sache ? Très bien. Son comportement d'homme offensif a peut-être provoqué la peur chez ses précédents auditeurs, mais pas cette fois. Cette fois tu n'as pas en face de toi une de ses putes effarouchée qui versent une véritable fontaine de larmes lorsque tu t'efforce de leur faire comprendre qu'on ne montre pas son cul pour un billet !

Je ne peux pas lui répondre ça.

Je le veux.

Mais je suis dans l'impossibilité d'affirmer entièrement mon caractère de provocatrice. Du moins pas pour le moment. . .

Je choisis donc de ne pas lui répondre. Il n'attend que ça. Je ne lui ferais pas ce plaisir. Je lui adresse donc mon plus profond regard noir. Un regard qui veut tout dire.

Et il le remarque.

Nous entamons donc un duel oculaire. L'issu de cette bataille est aléatoire bien que je ne perde jamais.


* * *


Le fameux duel.

Avec elle je ne suis jamais sûr de gagner puisque son regard est d'une telle intensité qu'il ferait flancher n'importe qui.

Même moi putain.

Ses pupilles se dilatent. Elle veux jouer.

Elle ne cède pas.

Moi nom-plus.

Ça va se terminer au pierre-feuille-ciseaux cette merde.

Mes yeux me piquent. Bien que je puisse les faire cligner, ce combat n'en est pas moins fatiguant pour mes globes oculaires. Qui finissent par renoncer malgré moi.

Et merde.

Maintenant elle croit qu'elle a le pouvoir sur moi. Qu'elle m'intimide. Elle n'a pas tord sur le fond. Cette femme me perturbe.

Vraiment.

Je dois réagir. Agressivement ? Non. Sarcastiquement ? Hum . . .


« Tu comptes en finir avec ce petit jeu digne d'une cours de récréation pleine de gosses de cinq ans ? Parce que nous sommes deux à attendre que tu finisses ton petit discours de femme malmenée par la vie.

- Il est évident qu'en mentionnant deux personnes vous ne parlez pas de moi.

- En effet. 

- Alors de qui s'agit-il ?

- Ta cellule ma belle, ta cellule.


Ça t'apprendras . . .


DésaxéeWhere stories live. Discover now