Le démon, la sirène et les demi-dieux [EN PAUSE]

Chapitre 3

NDA : Merci d'être là et de me lire, j'espère que ça vous plaira.

Lyra était une sirène, c'était ce qu'elle avait toujours pensé, même si elle ne s'était jamais sentie à sa place parmi ses semblables. Elle était née au fond de l'océan, elle y avait grandi, élevée par une magicienne qui l'avait fait se sentir aimée, alors même que ses jambes faisaient d'elle un monstre aux yeux des autres.

Même après qu'elle ait donné sa vie pour Peter, et après que sa vie lui ait été rendue par la Déesse-mère avec une nageoire véritable en bonus, jamais Lyra n'avait songé au fait de retourner vivre dans les Profondeurs. Sa vie n'y était pas, elle n'y avait jamais été.

Pourtant, la voilà qui y retournait d'un coup de nageoire décidé : elle allait obtenir les réponses qu'elle voulait, même si elle n'était pas certaine d'obtenir les réponses qu'elle voulait entendre.

La cité sous-marine des sirènes était silencieuse et harmonieuse, exactement comme dans son souvenir, baignée de la douce lumière des planctons phosphorescents prisonniers de leurs lanternes de cristal.

Contrairement à la croyance populaire, sous l'eau, les sirènes ne parlaient pas. Pas vraiment, pas comme nous l'entendons. Ce n'était que des sons, transmis et déformés par l'eau, qui arrivaient aux oreilles du destinataire tout en laissant une trainée musicale pour les oreilles indiscrètes. 

Lyra devait avouée qu'elle aurait été un peu perdue si elle n'avait pas su où aller, mais elle avait été amenée à se rendre au château de la Reine à plusieurs reprises et elle espérait bien qu'elle pourrait y voir l'Ancêtre.

La légende de leur peuple voulait que ce soit la plus vieille sirène en vie qui ait jamais existé et qu'elle savait tout sur tout. Certains lui prêtaient des pouvoirs mystiques allant au-delà de la magie - qui elle était très rare et mal perçue - qui allaient de la voyance à télépathie en passant par la métamorphose. Impossible de savoir ce qui était véridique. Lyra espérait bien qu'elle allait le découvrir sous peu, car l'Ancêtre ne recevait que ceux qu'elle jugeait digne de son temps, et, visiblement, cette vieille peau devait avoir des passe-temps sacrément prenant.

Lyra, pauvre sirène malheureuse, avait passé son adolescence à pleurer sur les marches du perron de l'Ancêtre, à supplier pour qu'on réponde à ses questions. Sans réponse.

Aujourd'hui, Lyra n'était plus une enfant, et elle n'allait plus demander gentiment pour qu'on lui ouvre la porte. Elle allait entrée, de gré ou de force.

Aussi, fut-elle surprise de voir la porte coulisser sur elle-même avant même qu'elle ne l'atteigne complétement, dans une invitation muette qui se referma sur elle à peine elle eut franchi le seuil, se refermant comme un piège.

- Viens, lui enjoignit une voix qui sembla venir de partout à la fois.

Alors la jeune femme se contenta de suivre le chemin qui lui sembla le plus simple : comme dirait Peter, tout droit jusqu'au matin. Cette pensée la fit sourire et elle l'imagina lui effleurer la joue pour l'encourager, ça va aller Princesse.

Au bout du couloir interminable, l'atmosphère de l'eau changea. D'abord sa température, puis sa pesanteur, et enfin, sa composition ; elle passa de salée à douce sans transition et Lyra crut bien suffoquer pendant une seconde avant de reprendre contenance et de s'adapter en maudissant l'Ancêtre.

Le chemin s'interrompit pour elle lorsque le plafond de pierre laissa place à un vide qui laissait présager que la jeune femme avait atteint ce qui avait l'air d'être un bassin à l'air libre. Prudemment, Lyra laissa sa tête émergée, juste assez pour voir que la pièce était une immense salle de marbre rose et blanc, de style grec, avec d'immense colonne du même marbre. Quasiment vide, pour ne pas dire dépouillée, la pièce n'était meublée que d'une gigantesque table en pierre ainsi que des sculptures semblant étrangement humaines qui paraissaient garder la pièce.