Chapitre 15 : La Forêt

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L'enfant se tourna dans ma direction pour venir se coller contre moi. Je lui caressai doucement les cheveux ne voulant pas la réveiller, la pauvre en avait subi assez pour qu'on la laisse dormir à son gré. Alors que je commençais à m'assoupir, elle se réveilla doucement en s'étirant. Je la regardais bêtement comme je regardais les chiots du chenil il y a si longtemps. Elle était aussi douce qu'eux et semblait si gentille que nul ne pouvait lui faire du mal, du moins le pensais-je. Elle ouvrit ses doux yeux bleus et me regarda comme si je n'étais qu'un rêve. Elle sourit et sauta dans mes bras ce qui me fit terriblement mal à l'épaule. Après un râle de douleur, elle s'écarta se rappelant soudain ma vilaine blessure.

— Ce n'est rien, dis-je avec la voix la plus douce que je puisse faire.

Elle me regarda, perdue en essayant de me faire comprendre qu'elle n'avait pas compris un traître mot de ce que je venais de dire. J'avoue avoir oublié ce détail à ce moment-là. Je crois qu'elle me comprit lorsque je la serrai à mon tour dans mes bras. Elle se leva du lit comme un chat et me fit signe de la suivre. Elle semblait si heureuse que je ne pouvais refuser, je pris alors tout mon courage pour ignorer la douleur et me relever tant bien que mal. Elle vit que je souffrais et serra les dents pour moi, cela me donna assez de force pour tenir sur mes deux jambes. Je titubais et trouver l'équilibre me demandait toute ma concentration. Je suivis l'enfant, elle se força de ne pas courir pour avancer à mon allure. Nous étions assez loin de ce qui devait être le village dans la forêt, notre couche était à l'écart des autres et sans toit. Avaient-ils peur de nous ?

Nous nous dirigeâmes en direction d'un enclos non loin, ce qui semblait être un paysan me regardait avec un air étrange, mais nous laissa faire. L'enfant s'assit par terre et passa son bras à travers la barrière de bois pour caresser le gros cochon poilu qui se trouvait de l'autre côté. L'animal faisait des bruits étranges, mais semblait apprécier les câlins de la petite fille. Elle me sourit toute heureuse et je fis de même pour lui faire plaisir.

— Cochon, fis-je en pointant le gros animal.

Elle me regarda l'air hébété et répéta.

— Coachoune ?

— Cochon.

— Couchons ?

Je fis oui de la tête et elle me sourit à nouveau avec son regard d'ange. Elle avait compris où je voulais en venir. Je ne savais pas son âge. Mais, quel qu'il soit, jamais je n'avais pensé devoir un jour m'occuper d'un enfant. Je ne savais même pas comment me comporter avec elle. Elle devait sûrement penser que je la prenais pour une idiote. Je pointai un doigt en ma direction.

— Randall.

Elle essaya de la dire à nouveau.

— Radall !

Je pointai mon doigt en sa direction, son regard devint vide comme si elle recherchait un vieux souvenir s'étant évanoui depuis bien longtemps. Elle haussa les épaules et se remit à caresser l'animal avec mélancolie.

Que devais-je faire d'elle, elle avait bien trop souffert pour que je l'abandonne. Le mieux était de la prendre sous mon aile et au fond de moi, je pense que j'en avais terriblement besoin. Je devais lui trouver un nom. Mais lequel ?


Je ne connaissais que peu de noms de femme, Jade, Fae ? Même celui de ma mère m'était inconnu. Je ne voulais pas la nommer n'importe comment, il devait avoir une signification. Je levai les yeux au ciel regardant l'aube dorée qui s'était gentiment installée. Je vis un nuage sombre passer, mais ce n'était pas un nuage. Glastonbury brûlait encore et de la fumée s'en échappait. Je ne pus m'empêcher de rire face à ce coup du sort et je me trouvai bien diabolique de me moquer du chaos que je venais d'engendrer. Ça y est, j'avais trouvé !

Les Filles du Diable, premier cycle  : GLASTONBURYWhere stories live. Discover now