Chapitre 4 - Il ne veut pas être juste un ami

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- Le travail n'attend pas, Dazai !

Pour la énième fois de la journée, Kunikida devait rappeler à l'ordre son partenaire.
C'était habituel que le suicidaire glande toute la journée, à embêter les autres ou raconter sa vie en prenant des airs de héros tragique. Mais cette fois-ci, il ne faisait vraiment rien.
À part fixer son téléphone en faisant tourner sa chaise toutes les deux secondes.
Il ne tentait même pas de refiler la rédaction de ses rapports à Atsushi.

- Tu ne vois pas que je suis en pleine discussion importante, Kunikida-kun ?

Non, il ne le voyait pas.
Car Dazai ne lisait pas à proprement parler des messages, mais les écoutait. Son casque vissé sur les oreilles, il ignorait du mieux qu'il pouvait ses collègues.
Et il n'y avait qu'une personne pour lui envoyer des messages vocaux sans rédiger le moindre mot. Akane, évidemment.
Le brun lui répondait à l'écrit, évitant de dévoiler ses sujets de conversation à voix haute. La jeune femme devait avoir un assistant vocal intégré à son téléphone qui lui lisait ses messages.

- On sait tous que tu adores Shima, mais ce n'est pas une raison, déclara le blond en soupirant, exaspéré par la situation.

Mais le détective aux bandages ne réagit pas. Il devait être en train d'écouter un vocal, et n'avait pas entendu un traître mot de ce qu'avait dit Kunikida.
Raison de plus pour énerver ce dernier.

Mais par chance pour le suicidaire, Yosano lui vint en aide.
Enfin, elle coupa simplement le blond dans son élan, qui s'apprêtait à retirer de force le casque de Dazai de sa tête. Elle afficha un rictus malaisant, une idée derrière la tête.
Elle fixa longuement le brun, vérifiant qu'il n'était pas en train d'écrire quelque chose. Elle choisit le parfait moment, alors que ses yeux chocolat s'illuminaient légèrement.

- Oui, ça se voit à des millions de kilomètres que tu es fond sur elle...

Le principal concerné dans cette affaire ne daigna pas lever la tête.
Il n'avait rien entendu.
Une victoire au compteur pour ses collègues. Surtout que Ranpo décida de s'y mettre.

- C'est étonnant qu'elle ne l'ait pas remarqué, d'ailleurs.

- Vous formeriez un couple adorable...

- Tu la dévorais des yeux, la dernière fois ~

- C'était si romantique quand tu l'as empêché de tomber...

- Si seulement tu avais un minimum de courage pour te déclarer...

- Hein ?

Dazai avait relevé la tête, maintenant à l'écoute. Il les fixait avec un étrange sourire, et un regard noir.
Ranpo et Yosano se figèrent, pensant un instant qu'il avait tout entendu. Mais ils furent vite rassurés lorsqu'il prononça, comme si de rien n'était :

- Vous m'avez dit quelque chose ?

Tous les détectives durent se retenir d'éclater de rire.
Même Kunikida, qui se retourna pour cacher son sourire si rare. Yosano répondit au suicidaire par un "Non, ne t'en fait pas, je parlais à Ranpo", sur un ton légèrement ironique.
Mais Dazai ne remarqua rien. Il fut de nouveau absorbé par son portable lorsqu'il remarqua un nouveau message.

Il était tellement plongé dans sa conversation qu'il ne se rendit pas compte du sourire d'enfant qui se dressait sur ses lèvres. Ni des rougeurs qui lui brûlaient les joues lorsqu'il entendait la douce voix de la pianiste.
Il était sur son petit nuage, c'était le cas de le dire.

Mais encore plus quand il reçut un énième message, qu'il s'empressa d'écouter.
Akane lui proposait, de sa voix d'ange, de venir chez elle le lendemain pour prendre le café. Elle rajouta quelque chose comme quoi ça les changerait d'Umiaki et Uzumaki.
Et sur le coup, les détectives auraient été ravis de savoir ce qu'ils se disaient. Car Dazai entrouvrit les lèvres et rédigea une réponse positive avec tout un tas de smiley à la suite.

Red, Blue, and Coffee - Bungo Stray DogsWhere stories live. Discover now