Chapitre 2

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Cela fait exactement cinq minutes que je marche sur une rue pavée avec des talons de dix centimètres sous une pluie battante. Je suis partie de l'Uber qui devait m'amener jusqu'à ma porte parce que je craignais pour ma vie. Mais à présent, je ne sais plus si j'ai fait le bon choix, car si je ne risque plus de mourir d'un accident de voiture, je risque sûrement de mourir d'une pneumonie. Ce matin, un peu déstabilisante et plutôt désorganisée, je ne pensais pas que c'était une autre manière de dire, « Il vaut mieux rester chez soi aujourd'hui ! » La prochaine fois, je le prendrai au mot près.

Un peu déstabilisante, tu parles ! Elle a été désastreuse.

D'abord, je me fais virer. Ensuite, je me fais arnaquer lors d'un rencard pitoyable. Et pour finir, ce conducteur imprudent. Argh !

Je sors les clés de mon sac à main afin d'ouvrir la grande porte en bois clair de mon immeuble. Le seul point positif de cette journée : la fin. Une fois à l'abri, je soupire. J'ai l'impression d'entrer dans une espèce de bulle protectrice, où je me sens enfin en sécurité. Je me dirige vers l'ascenseur sans me soucier de l'eau qui dégouline de mes vêtements trempés, laissant derrière moi une traînée irrégulière sur le sol du hall. Arrivée au quatrième étage, j'entends des gloussements provenant de l'intérieur de l'appart. Je tourne alors délicatement la poignée pour ne pas me faire remarquer. Et quand j'ouvre complètement la porte, je n'en crois pas mes yeux. Mes trois colocs sont en train de se faire une séance de ciné noir et blanc. Sans moi. Ils regardent Rendez-vous en plus ! Quelle ironie !

— Vous êtes des traîtres ! m'écrié-je.

Sianna se lève d'un bond. La grande brune de la bande tient son pot à pop-corn en même temps qu'elle se goinfre du contenu pour le faire disparaître rapidement. Elle essaie sûrement d'éliminer toute trace de sa traîtrise. Les deux autres restent assis et me fixent, les yeux écarquillés.

— Merci à tous les trois de m'aider à finir cette journée en beauté.

Un sourire satisfait s'affiche sur le visage d'Émilie.

— C'est du sarcasme Éms, soupiré-je.

Soudain, une chape de plomb s'abat sur moi et me paralyse. Le fardeau de la journée devient trop lourd à porter. Je lâche mon sac par terre et avant même que je m'en rende compte, je suis envahie par un flot de larmes. J'ignore d'où elles sortent, mais il y en a tellement qu'il est impossible de les faire arrêter de couler. Tout de suite, témoins de mon désarroi, mes trois colocataires et meilleurs amis viennent à ma rescousse. Eliott m'enlace et ses boucles noires me chatouillent le nez.

— Lau, ne pleure pas, me réconforte-t-il. Raconte-nous ce qui s'est passé.

Le brun me conduit vers le canapé, mais avant qu'on l'atteigne, Sianna me tire dans l'autre sens, en direction du couloir.

— , propose-t-elle. Viens là, tu risques de tomber malade si tu gardes ces vêtements trempés encore longtemps.

Elle n'a pas tort. Je n'ai pas besoin de m'asseoir, mais d'un bon bain chaud. . Je crois que même mes larmes ne coulent plus.

— Maintenant que tu t'es calmée, raconte-nous tout, dit Eliott.

— Vous vous rappelez quand Éms (Je fusille la blonde du regard en prononçant son surnom.) m'a suggéré d'aller à un rendez-vous à l'aveugle avec le pote de son copain, affirmant que c'était une bonne idée pour oublier que je m'étais fait virer ce matin ? Bah, voilà ! Ce n'était pas une bonne idée.

Aïe, marmonne Sianna.

— Le mec était... comment dire... spécial ? Hum, spécial, avec un penchant pour les repas solidaires. Au moment de payer, il est parti aux toilettes, et là, plus rien. Disparu ! Il m'a tout simplement abandonnée avec l'addition. Moi, Laura, vingt-cinq ans et tout juste chômeuse, en train de payer un dîner plus cher que mes chaussures achetées la semaine dernière.

11 FAKE DATESWhere stories live. Discover now