𝙾𝚊𝚝𝚑.

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 𝐑𝐨𝐬𝐞.

𝟏𝟑 𝐚𝐧𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐭𝐨̂𝐭.  𝟏𝟑 𝐬𝐞𝐩𝐭𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞.

𝐏𝐚𝐫𝐢𝐬.

— T'en as pas marre de toujours rester avec ton frère ? On dirait un petit toutou. Heureusement que tu ne peux pas le suivre aux toilettes... dégueu !
— Et toi, t'en as pas marre de te mêler de ce qui ne te regarde pas ? Ta vie est si ennuyeuse, Fiona ?

Fiona Guérain est une peste. La reine des pestes, même. Il ne m'a fallu qu'une journée pour apprendre et retenir cette vérité : le jour de la rentrée au collège, l'année dernière. Elle critiquait tout le monde à tout va, nous poussait dans les couloirs en nous traitant de « bébés », imitant les lycéennes détestables dans les séries américaines. Avec une année de plus que nous au compteur, elle n'était pas dans notre classe. Pas de bol, je n'ai pas de chance cette fois, car sur les six classes de cinquième qu'il y a dans mon collège, elle est maintenant dans la mienne. Notre classe, à Roméo, Ashton et moi.

C'était déjà une peau de vache mais elle a pris du galon. Elle croit qu'elle peut tout se permettre parce qu'elle a redoublé. Moi, je pense plutôt qu'elle devrait se faire toute petite, elle n'a pas vraiment de quoi être fière. Redoubler n'a rien d'une victoire dont on peut se vanter, encore moins dans son cas à elle, puisqu'elle ne fournit volontairement aucun travail scolaire, persuadée qu'elle reprendra la boutique de vêtements de sa mère qui aurait « pignon sur rue ».

Tu sais au moins ce que ça veut dire, Fiona ?

— T'as perdu ta langue, Fleurette ? crache-t-elle en s'approchant de moi avant de me chiper mon bouquin. Oh ! Regardez ! Un petit livre sur les chiens, trop craignos. Qu'est-ce que je disais ? Le parfait manuel pour coller au train de son frère.

Ses copines, les dindes sans cervelles ni personnalités, rigolent sur commande. Agacée, je roule des yeux au ciel et me lève de mon muret dans un coin de la cour où j'attendais Ash et Roméo, partis faire une partie de babyfoot dans la salle du foyer.

— Ce qui est craignos, c'est d'avoir un QI inférieur à celui d'un quignon de pain mou, riposté-je en essayant de lui arracher mon livre des mains. Rends-le-moi !

Vexée et humiliée tandis que ses – fausses – copines se retiennent de rigoler, Fiona balance mon livre neuf sur le béton de la cour et se jette sur moi. Elle me pousse d'abord, mes genoux buttent contre le muret puis ma tête contre le talus de terre qui sert à l'atelier jardinage. Je ne vois pas des étoiles comme dans les films et dessins animés mais mes yeux se ferment tout seuls quand ma gorge se noue à cause du choc.

Espèce de con#@**& !!!

Elle m'insulte pour de vrai, me tire les cheveux par devant. Me rappelant que mon père m'a demandé de ne jamais me battre – il va falloir qu'on en reparle, quand même –, j'attrape un peu de terre, lui lance au visage puis la repousse de toutes mes forces avec mon pied droit. La bande de dindes l'encourage et je sais qu'à moins que d'autres élèves ne passent près de cet angle mort où les surveillants ne passent pas souvent, personne ne viendra nous séparer.

Ou pas un adulte.

En tout cas, ses pots de glue ne lui sont d'aucune utilité.

Je n'ai pas à crier pour qu'une paire de bras me tirent en arrière pendant que deux autres s'occupent de dégager Fiona de ma vue. Les garçons sont là. Ashton a forcément senti qu'il se passait quelque chose. Lui et moi nous sommes liés depuis bien avant notre naissance. Pas de magie, non, c'est encore plus fort que ça car aucun mauvais sort ne pourrait rien changer à notre relation.

SAUVAGESWhere stories live. Discover now