Why'd you only ever call me when you're high (Kurokawa Izana)

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Bzzzz bzzzz bzzzz

Izana décrocha.

— Je crois que je vais mourir, Izana.

— Ça fait trois fois ce mois-ci que tu le dis. C'est pour ça que tu m'appelles ?

Il se posa dans son lit, adossé contre l'oreiller qu'il avait calé sur le mur. Il dormait en boxer et en t-shirt. Ces temps-ci, on crevait de chaud. Du coup, il était 4h du matin et il était toujours éveillé.

— Je te jure que cette fois c'est vrai, insista. Je sens plus la moitié de mon corps et je vois des chats dans le coin de la pièce.

Il soupira.

— Qu'est-ce que t'as pris encore ?

— Un joint.

La fille au téléphone, il l'avait rencontrée il y a un peu plus d'un an maintenant. Elle lui avait fait un doigt alors qu'il avait manqué de l'écraser avec sa moto —c'était de sa faute à elle, le petit bonhomme de signalisation était rouge. Il était descendu pour lui péter la gueule, parce que fille ou garçon, même droits même droite. Et puis, on ne sait trop comment, ils sont devenus potes.

— Juste un joint ?

— Un peu de rhum, aussi. Ou peut-être beaucoup. Je sais plus.

Le garçon activa le haut parleur, plaça ses mains derrière sa tête, et fixa le plafond. Il avait l'habitude qu'elle l'appelle dès qu'elle allait mal. Il avait conscience d'être utilisé, de n'être qu'un support émotionnel en cas d'urgence, mais il s'en foutait. Il se foutait éperdument de n'être qu'un outil pour elle puisqu'il l'aimait. Et pourtant, il aurait aimé plus que ça.

— Pourquoi tu m'appelles seulement quand t'es défoncée ?

— Parce que t'es toujours la première personne à qui je pense.

Elle a esquivé la question. Elle sait très bien que ce n'est pas la réponse qu'il attendait. Ce qu'il voulait savoir, c'est pourquoi elle ne lui parlait jamais quand elle était sobre.

Elle aimait passer pour une fille difficile d'accès, comme un chat qui joue avec sa proie. D'ordinaire, pour rien au monde Izana ne se serait dérangé pour une personne autre que lui, d'autant plus une fille. Depuis sa sortie de la maison de correction, rien ne l'intéressait en dehors de sa vengeance. Izana n'avait de temps ni pour les amis ni pour les amours.

Mais il l'a rencontrée, et il voulait absolument l'avoir, car il est un roi et les rois obtiennent toujours ce qu'ils veulent. Seulement, celle-ci ne s'est pas laissée faire. Elle ne se lassait jamais de ce sourire énigmatique et charmeur pour le mener à la baguette. Il commençait par quelques flirts normalement irrésistibles, et finissait toujours par se faire avoir. Finalement, elle menait la danse qu'il le veuille ou non. Elle ne répondait pas à ses messages, se rendait distante et inaccessible, et parfois, lui donnait un peu d'espoir pour le garder dans ses filets.

Il détestait cette dynamique où il était le dominé et en même temps adorait cette fille comme une déesse.

Le jour elle l'ignorait, et la nuit elle l'appelait pour lui raconter ses bad trips.

— Izana. Tu veux que je te raconte comment c'est, de mourir ?

— Ferme la, on est pas dans Fight Club. Maintenant laisse-moi dormir j'ai d'autres choses à faire que de t'entendre délirer.

— C'est méchant, je croyais que tu tenais à moi.

— Tu crois vraiment que j'en ai quelque chose à foutre d'un pion ?

Bien sûr qu'il tenait à elle plus que tout, mais il était incapable de l'avouer au risque de blesser son égo royal. Il passait son temps à prétendre flirter avec elle par ennui, à s'amuser, quand en réalité ça le tuait de ne pas pouvoir l'appeler sienne.

THE KIDS AREN'T ALRIGHT | tkr osOù les histoires vivent. Découvrez maintenant