-Est-ce qu'elle le mérite ? demande Maria en me jetant un coup d'œil vif.

-Oui.

-Est-ce que tu méritais plus qu'elle ?

-Pas du tout.

-Alors ne sois pas déçu. Elle a été meilleure, c'est le jeu.

Maria, comme peut de gens, ne savent pas l'importance que ces victoires avaient pour moi. J'aimerais lui avouer que je me fiche du statut de délégué, mais que je voulais simplement espérer voir un sentiment de fierté, de joie, sur le visage de mon père.

Elle pourrait comprendre, me connaissant depuis trop longtemps et m'ayant vu chercher l'attention de mon père depuis des années, avec plusieurs façons différentes, mais je crains qu'elle me dise les vérités dont elle est adepte, et qui font mal.

L'honnêteté est la principale qualité de Maria, et je n'ai aucune envie qu'elle me dise haut et fort que ce n'est pas ça qui me ramènera l'amour de mon père.

-Tu es ailleurs en ce moment, Lewy.

-Est-ce nouveau ? je demande en souriant, alors qu'elle ne peut meme pas me voir, dos à moi.

-Non, mais c'est plus que d'habitude, maintenant que tu es à la fac. Je te préférais moins soucieux, dans tes années lycées.

Ramassant mon petit déjeuner fini, je me lève de ma chaise pour débarrasser, en me rapprochant d'elle. Ses petits yeux marrons attendaient déjà mon regard que je lui donne, avec un sourire aussi grand que le sien sur les lèvres.

-Tu es entrain de me demander de redevenir le bagarreur que j'étais à l'époque ?

Oui, j'ai tout essayé pour avoir l'attention de mon père, et les bagarres est la technique qui a le plus fonctionné.

Il me passait les plus gros savons de ma vie à chaque fois, me donnant l'envie de continuer encore et encore, juste pour entendre le son de sa voix, et prononcer mon prénom.

-Je suis entrain de te demander de dormir, et d'arrêter de bosser comme si ta vie en dépendait ! Vu le temps que tu passes enfermer dans ta chambre devant tes cahiers, tu dois connaitre meme la ponctuation !

-Non, toujours pas, dis-je sarcastiquement. Je m'arrêterais quand ça sera le cas, tu as raison. Merci Maria.

Ses paupières se soulèvent pour lever les yeux au ciel nonchalamment, en plein coupage de carotte et de concombre.

-Va te préparer, burro. Sois présentable pour tes parents, et s'il te plait ? Lave toi.

Je fais mine d'etre indigné par son sous-entendu qui laisserait croire que je pue, avant d'opérer un signe militaire, le torse bombé et le visage sérieux.

-A vos ordres, chef !

Forcément, j'ai le droit à un lancer de torchon mouillé en plein visage, avant qu'elle me fouette avec pour me faire sortir de sa cuisine.

Un instant à ses cotés réussit parfois à me faire oublier le néant qu'est devenu ma vie depuis toutes ces années, me rappelant qu'elle ne l'était pas réellement, car au fin fond de celui-ci, se trouver Maria pour m'empêcher de m'y noyer.

Quand je reviens dans ma cuisine, c'est pour y trouver mon père et ma mere, tous les deux face à face, un vin déjà servis pour chacun d'eux. Quand j'entre dans son champ de vision, maman est la seule à lever les yeux vers moi, un sourire aux lèvres.

-Bonjour mon trésor. Viens manger.

J'aimerais refouler la sensation de ce surnom que je n'avais pas entendu depuis longtemps, mais il laisse tout de meme un lourd impact sur mon cœur qui revit presque instantanément.

ESTRELLA - BRAHMAN PARADISEOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz