Chapitre 19 : Zack

Start from the beginning
                                        

   — Dario a du t'ordonner de chasser quelques têtes, non ? dis-je en rebondissant sur le sujet. Avec toute cette histoire concernant Alexei.

   — Même pas.

   Je souris. Mais pourtant, quelque chose m'interpella. Une impression étrange. Celle que quelque chose ne collait pas.

   Dario n'avait apparement pas chargé Zack de tuer qui que ce soit. Tant mieux, en un sens, bien que cela ne m'aurait pas étonné s'il lui avait demandé d'aller faire un tour chez Alexei et son clan. Mais pourtant, malgré ses paroles, le sentiment que quelque chose ne collait pas me traversa le cerveau comme une balle. Comme si l'information qu'il venait de me donner, aussi triviale était-elle, venait d'entrer en complète contradiction avec quelque chose que je pensais acquis, et qui venait alors tout changer.

   Et c'est à ce moment-là que j'eus le déclic.

   Un souvenir bien précis me revint en tête comme un éclair, celui d'une phrase que j'avais entendu Zack prononcer de lui-même au téléphone, caché des regards, et qui faisait enfin sens.

   « Une balle dans la tête, et on entendra plus jamais parler de lui. »

   Zack.

   Le garde du corps personnel de Dario. Toujours collé à lui. Plus fort que n'importe qui. Capable de mettre à terre quiconque de ses propres mains. Un homme qui n'a à craindre personne.

   Zack. Le seul capable de tuer Dario.

   C'était fou, et pourtant, tout faisait sens. Je saisissais pour la première fois à quel point la personne en face de moi était dangereuse. Cela n'avait plus rien à voir avec notre première rencontre. Plus rien à voir avec notre match. Désormais, c'était réel.

   Bon, il y avait de grandes chances pour que Zack soit le traître, et qu'il ait donc planifié d'assassiner Dario dans les prochains jours. Mais pour le moment, je devais trouver quoi faire en cet instant précis. Le mettre à terre dès maintenant ? Mauvaise idée, je pourrais me tromper, ou alors il pourrait également très bien refuser de cracher le morceau.

   Ce que je pouvais faire, cependant, c'était essayer d'avoir l'air normale et tenter de lui soutirer des informations sur ses plans et surtout sur la personne mystérieuse avec qui il était au téléphone.

   Je hochai alors la tête d'un air le plus nonchalant possible.

   — Au fait, il y a un truc de prévu en fin de semaine, non ? Je crois avoir entendu Rebecca en parler rapidement.

   — Ouais, une fête est prévue à la demeure secondaire des Romano pour fêter les dix ans de la création de la boîte.

   — Ce n'est quand même pas très prudent, vu le climat de conflit qui règne en ce moment. Quelqu'un pourrait profiter de la foule pour causer un drame.

   — C'est pour ça qu'on est là. Toi pour la petite, moi pour Dario. Je vais le coller toute la soirée, un attaquant n'aurait aucune chance.

   — C'est sûr. Il n'aura à se soucier que de toi.

   Ce n'est qu'après que j'eus fini ma phrase que je pris conscience que j'en avais trop dit, et surtout du ton avec laquelle je l'avais prononcée. Un ton qui ne laissait aucun doute sur mes pensées. Je le sus aussitôt, car Zack était en train de me fixer, et son regard révélait plus que mille mots. En baissant les yeux vers mes mains, je pris conscience qu'elles tremblaient de nervosité.

   — T'es au courant, pas vrai ?

   Merde.

   — Au courant de quoi ?

[EN PAUSE] Douce ViolenceWhere stories live. Discover now