Chapitre 17

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Dean Lewis 'Be Alright' (voir média)

Jaemin n'est pas sorti de sa chambre de la semaine. Il a séché les cours. Ses parents s'en fichent. Ils ne l'ont même pas remarqué. Le lycée a du appeler la mère de Jeno qui lui avait dit de donner son numéro. Il se demande ce qu'elle a dit. Il se demande ce que Jeno lui a dit. Probablement que Jaemin est fatigué. Ou bien rien du tout. Parce qu'il ne lui a certainement pas dit ce qu'il s'était passé. Jeno ne dit jamais à sa mère quand il est coupable ou se sent coupable. Ou bien n'en pense-t-il rien et lui a tout dit. Lui a tout raconter. Et tout ce qui s'est passé n'a donc aucune importance à ses yeux. Tous ce qu'ils ont vécu n'est rien. Juste le passé. Un passé ennuyant. Un passé à oublié. Un passé passé. Cette idée, ces idées le font souffrir, terriblement souffrir. Pourquoi chaque étape amoureuse de sa vie tourne-t-elle à la catastrophe ? Qu'a-t-il donc fait pour mériter ça ? Était-il si mauvais dans une vie antérieure ?

Donghyuck et Mark se sont acharnés à l'appeler encore et encore, lui envoyant message sur message, lui assurant sans cesse leur soutien et leur amitié. Il n'ose pas les croire. Il n'y arrive pas. Il a déjà vécu la trahison, la haine et le harcèlement par ceux qui lui étaient chers.Il ne se sent pas capable de revivre ça encore une fois. Pourtant, les appels et les messages ne s'arrêtent pas. Mark et Donghyuck sont au courant de tout ce qui s'est passé avant le lycée, il avait fini par leur raconter. Ils l'avaient soutenu, l'avaient étreint, l'avaient rassuré. Il s'était senti complet, à sa place. Il avait ressenti tant de bonheur. Ce qui s'était passé dans son cœur et dans sa tête ce jour là, il ne pourrait jamais le décrire parfaitement, c'était bien trop puissant et complexe. D'un autre côté, il meurt d'envie de leur répondre, de parler à quelqu'un, de décrocher ce téléphone, de fondre en larme sur l'épaule d'un ami. Mais il sait que s'il parle, s'il fait un peu trop de bruit, son père va débarquer et il n'en a pas besoin. Son téléphone, posé au bout de son lit se remet à vibrer frénétiquement. Il a mis Mark et Donghyuck en favori et son téléphone en « ne pas déranger » afin de ne recevoir que leurs notifications.

Il sort de sa couette comme un zombie, rampant jusqu'au téléphone qui s'arrête un instant pour reprendre de plus belle. Le prénom de Donghyuck s'affiche en grosses lettres sur l'écran ainsi que le visage souriant de ce dernier. Ce sourire... Ce sourire est si éclatant, la chose la plus brillante qu'il ai vu depuis des jours. Les larmes coulent de nouveau. Pas à cause de Jeno cette fois. Pas parce qu'il est détruit, trahi, dévasté. Mais parce que ses amis lui manquent terriblement. Et cette fois, dans ce vide intense qui ne se comble pas, dans ce manque intense que seule la joie de vivre presque étouffante du duo le plus insupportable de l'univers peu combler, il décroche. C'est presque timide et il a un instant d'hésitation avant de porter le combiné à son oreille. Combiné qu'il éloigne aussitôt de quelques centimètres, assourdis par Donghyuck qui crie.

« ... idiot ! On s'est beaucoup inquiété ! On est à deux doigts de débarquer chez toi ! Il s'éloigne du combiné pour crier à nouveau : Mark, j'ai Jaemin au téléphone !

- Passe le moi, crie Mark à son tour, loin du combiné, donne ce téléphone ! »

Jaemin les entend commencer à se battre de l'autre côté du téléphone et il ne peut s'empêcher de sangloter. Ce son a pour effet de faire s'arrêter net les deux idiots.

« Jaemin, il ne faut pas pleurer, on est là pour toi... Dis nous et on vient tout de suite, quitte à se battre avec tes géniteurs pour rentrer. J'en ai parlé à maman, elle est prête à t'accueillir.

- Est-ce qu'on peut se retrouver dehors... dans dix minutes ?

- Bien sûr, on sera devant chez toi d'ici dix minutes et si tu nous rejoins pas, je te jure qu'on rentre de force. »

Sans un mot de plus, Donghyuck raccroche. Jaemin a un instant de silence, de blanc, durant lequel il est incapable de faire ne serait-ce qu'un geste, de ne penser à quoi que ce soit. Et puis, comme un ressort, il se lève et se prépare. Il enfile des vêtements propres, se passe de l'eau sur le visage, lasse ses chaussures et exactement neuf minutes plus tard il est dehors, un sac sur le dos. Il avait réussi par il ne sait quel miracle à traverser la maison sans se faire remarquer. Il n'a entendu que le bruit de sa télévision. Ses parents doivent être trop concentrés sur leur film pour remarquer le départ de leur fils. Ou bien peut-être ont-ils abandonnés l'idée de le haïr et espèrent juste qu'il parte rapidement. Après tout, Jaemin a 18 ans dans quelques semaines. Quelques secondes après qu'il ai senti l'air frais de l'extérieur sur son visage, quelqu'un lui saute dessus, le faisant tomber. Ses jambes sont faibles d'avoir trop pleuré et pas assez mangé. Mais le koala qui l'enserre n'en à rien à faire et l'étreint de toute ses forces. Un soupir échappe à Jaemin qui enlace à son tour Donghyuck, puisque c'est lui. Il reconnaît son odeur, reconnaît la façon dont il câline, pareil à un ours, il reconnaît la douceur de ses cheveux, la forme de son corps. Il se sent bien ici. Une deuxième personne s'approche. Elle ne l'enlace pas, elle se contente de caresser ses cheveux, délicatement. De mêler ses doigts aux mèches sales de Jaemin. C'est Mark. Le cœur de Jaemin se réchauffe encore, mais c'est seulement lorsque Mark se joint à l'étreinte, contact dont il est habituellement avare qu'il fond en larmes.

« Chut, ne pleure pas Jaemin, lui chuchote Donghyuck, nous sommes là, nous serons toujours là. Ne t'inquiète pas. C'est terminé, tu reste avec nous maintenant. On ne te laisse pas seul. Tu ne seras jamais seul. »

Et bien que le cœur de Jaemin qui avait cru ces paroles venant de Jeno des mois auparavant, bien que ce dernier est brisé toutes ses promesses en même temps qu'il a brisé son cœur, fraîchement et fragilement réparé, il les croit. Il les croit au plus profond de lui. Il veut les croire. Parce que durant cette longue semaine, cette semaine d'enfer dans le noir, malgré son silence qui s'éternisait, ils ne l'ont pas laissé tombé une seule fois. Parce chaque instant dans sa solitude, il recevait un message de l'un deux, presque chaque heure, comme s'ils se relayaient. Parce qu'ils sont là, maintenant, à cet instant précis, parce qu'il est dans leurs bras. Parce que Donghyuck le berce doucement en lui murmurant des mots de confort. Parce que Mark le serre fort contre lui en essuyant les larmes qui coulent sur son visage sans s'arrêter. Parce qu'ils le regardent avec tant d'amour et aucune pitié. Parce qu'ils ont l'air rassuré autant qu'ils ont l'air inquiet. Parce que, finalement, ils sont les meilleurs amis qu'il ai jamais eu.

Singing : HappierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant