𝟻𝟺 - 𝙻𝚎 𝚌𝚑𝚊𝚘𝚜.

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[Je travaille sur l'amélioration]

***

𝐑𝐨𝐬𝐞.

Je ne sais pas combien de lois j'ai enfreintes en l'espace de dix minutes. Si. Trop pour m'en sortir avec un joli sourire si un agent des forces de l'ordre constatait mes délits.

Joli sourire ? Tu es incapable de sourire, Sawyer !

Conduire le téléphone à l'oreille et la rage au ventre pour que Winny me donne l'adresse du QG des Darks sans perdre une seule seconde, lui promettre que je lui raconterai tout une fois que j'y verrai un peu plus clair ? Fait. Elle a perçu mes sanglots mais a retenu l'urgence dans mon ton et la vitesse à laquelle les phrases filaient.

Prendre au moins deux stops pour des cédez-le-passage. Fait.

Faire comme si les limitations de vitesse n'existaient pas, rouler pied au plancher, le moteur de la Corvette rugissant ses plus beaux sons vers le repère très secret de la meute des grands lions. Fait.

Être au volant sans être en état, l'esprit immolé dans un maelström d'impossibilités qui s'avèrent de plus en plus devenir des vérités, le soleil dans le dos mais une obscurité remplie de chaos dans ma tête : Fait.

Peut-être qu'inconsciemment, j'avais besoin qu'on me stoppe dans ma frénésie. Mais aucun flic à l'horizon. Un signe ?
J'aurais préféré la recette du penthotal.

Les pièces du puzzle sont double face et je ne l'avais pas vu, dans la pénombre de mes yeux fermés quand je les croyais ouverts. À cause de ma vision étriquée par mes certitudes, avant qu'elles ne s'effritent en quelques claquements de doigts étourdissants. Quand la sonnerie de mon téléphone se relance pour la énième fois, je le bascule en mode avion pour ne plus être dérangée. Au travers du voile d'eau de mes yeux, j'ai repéré que le QG n'est plus très loin sur cette route caillouteuse secondaire, et Bella – ou Gary, puisque l'appel vient de la Pension – devront attendre que leur tour vienne.

Walter n'ayant pas voulu répondre, j'ai profité qu'il croie que j'allais sagement l'attendre dans la chambre aux souvenirs pour filer. Me doutant que je n'obtiendrai pas plus du couple Newton, et trop en colère pour les confronter, je me suis laissée porter par un instinct. Après tout, Diesel m'a bien dit une fois que l'instinct est ce dont en quoi on doit avoir confiance, non ?

Pourvu que le mien ne soit pas aussi dysfonctionnel que moi...

Mon instinct m'a donc poussée à courir trouver celui qui, même dans ses dénis plus visibles qu'un profond cratère, ne m'a jamais menti. Je crois. Titàn a ses torts et ses défauts mais pas celui-là. C'est à lui qu'il ment, pas à moi. Et si l'homme qui a partagé quelques-unes de mes nuits préfère me tourner le dos, je suis convaincue que le meneur en lui acceptera de m'écouter. De m'aider à y voir plus clair. Il connait tout et tout le monde ici... Lui aussi voulait comprendre. J'ai confiance en lui... je n'ai presque plus que lui à qui me raccrocher.

Et s'il te snobe ?
Il me restera Naya. Mes larmes. Winny. Les cendres de mon cœur trop meurtri. Zeus et Atlan pour occuper mon lit. Liste exhaustive.

Je ne sais pas comment je suis arrivée indemne ici – enfin, façon de parler –, mais les grilles que je perçois malgré ma vue de plus en plus floue derrière mes lunettes ne laisse aucun doute possible : j'y suis. Une sorte de mirador surplombe un portail aux dimensions XXXL qui ne laisse pas voir ce qui se trouve derrière, des murs hauts surmontés de barbelés à l'orée d'un bois mais au bout d'un chemin encadré de grands chênes. La route continue plus loin mais d'après les dires de Winny, un hameau habité par les familles de certains bikers est implanté ici. Pas de parking en extérieur. Aucune voiture garée, ni moto. J'enclenche le frein à main sans couper le moteur et me détache. Ma sueur se confond avec mes larmes entre mes joues et mon buste, je n'ose pas croiser mon reflet dans le rétroviseur de peur de prendre peur.

SAUVAGESWhere stories live. Discover now