𝟺𝟼 - 𝚁𝚎𝚚𝚞𝚒𝚎𝚖 𝚙𝚘𝚞𝚛 𝚞𝚗 𝚌œ𝚞𝚛.

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Chapitre long. Non coupé.

𝐑𝐨𝐬𝐞.

Nous restons immobiles et nichés l'un contre l'autre, l'un dans l'autre, un temps indéfinissable à profiter de cette bulle post-orgasmique avant de nous séparer. Lorsque nous le faisons par nécessité, un froid déplaisant me frappe.

— Rose ? me demande Titàn, en rabattant mes mèches collées à mon front et mes joues sur le haut de mon crâne.
— Ça va. Abstraction faite de l'empreinte du rocher entre mes cervicales et mes lombaires, celle de tes dents sur mon épaule et des crampes dans mes jambes.
— Hum... tout un programme, s'amuse le titan fier, avant d'embrasser le bout de mon nez. Tu veux que je te porte ?
— Tu n'es pas humain Tarzan, marmonné-je tandis que je glisse contre lui, l'eau m'arrivant à présent au-dessus du nombril. Il faut vraiment que je m'entretienne avec ta mère, ou alors avec Kanda. Tu es sûr que tu n'es pas tombé dans son chaudron plein d'herbes chamaniques avec Jude quand tu étais petit ? D'ailleurs, tu as déjà été petit ?

Je le vois contenir son hilarité mais faillir quand il explose d'un rire rauque et franc juste devant moi. Un son qui me chatouille, bien évidemment.

— Rose, arrête tes conneries je t'ai dit ! Je vais commencer à croire que les plantes de l'Ancêtre ne font effet sur toi qu'aujourd'hui et que c'est pour ça que tu ne fais rien de logique.
— Je suis parfaitement saine d'esprit, merci de t'inquiéter pour moi. J'assume chacun de mes choix, d'hier à aujourd'hui.

Inquiète-toi plutôt pour ce que tu fais à mon cœur.

Titàn me tient par la main pour me ramener sur la rive après m'avoir donné quelques secondes pour nettoyer ce qui doit l'être, puis inspecte la zone caillouteuse à la recherche de mon short. Je m'attarde alors sur l'environnement qui n'a rien de bucolique : c'est moins grand que je ne l'aurais cru et les murs de roches sont presque lisses ici, au contraire de la piscine artificielle d'où nous sortons et qui laisseront leur marque plusieurs jours au moins.

Pour ne pas penser « à la suite » et contrôler les vibrations qui m'animent, mon cerveau et moi tombons d'accord pour mettre mon cœur en muet quelques minutes. Ma curiosité se réveille alors pour prendre le relai et ne laisser aucun temps mort à mon esprit.

— C'était une mine ?
— Oui, confirme-t-il tout en m'aidant avec mon short. C'est le Colorado, il y a des dizaines de mines, tout comme il y en a dans les États voisins. Certaines n'ont jamais vraiment été prolifiques mais lors de la course à l'or, les hommes ont creusé partout pour s'enrichir, dénaturé des cours d'eau, se foutant de détruire le paysage au passage. Pour rien, parfois. Il y a pas mal de souterrains improductifs qui ont été condamnés pour ne pas que des mômes un peu trop aventureux aillent jouer les aventuriers.
— Donc... c'est une ancienne mine d'or, ici ?

J'essore une fois de plus mes cheveux puis frotte mes bras en attendant sa réponse pour combattre les picotis désagréables sur ma peau. L'air est moite, moins frais que je ne l'aurais pensé. La roche emmagasine de la chaleur et s'il ne fait pas vingt degrés, la température ici ne me congèlera pas dans l'heure. Mais voilà, à la simple pensée de laisser Titàn rejoindre ses hommes bientôt, mon corps s'emballe d'une crispation algide violente.

— Non pas celle-ci. Pas la peine de regarder sous tes semelles, Calamity, il n'y aura aucune pépite.

Non, mais mon cœur, peut-être.

— Dommage, j'aurais bien ramené un petit souvenir unique dans ma valise, un que personne n'aurait, plaisanté-je pour tromper mon angoisse.
— Tu as déjà tes colliers et eux, tu ne les trouveras pas dans la première boutique de souvenirs du coin de la rue.
— Tu as remarqué le renard ? demandé-je heureuse qu'il y ait fait attention. C'est un cadeau d'Aya pour mon anniversaire. Mais Kanda m'a embarquée si vite que je n'ai pas eu le temps de la remercier comme il se doit. Je ne sais même pas s'il vient aussi de Bella ou des parents d'Aya.

SAUVAGESWhere stories live. Discover now